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Le Musée des beaux-arts entre dans le cosmos

Constance Naubert-Riser clôt une trilogie de grandes expositions.

La nouvelle directrice du Département d'histoire de l'art est satisfaite de son expérience de commissaire de trois des plus importantes expositions du Musée des beaux-arts de Montréal en 10 ans.

Il y a un siècle, la conquête de l'inaccessible était symbolisée par l'exploration des confins du Nouveau Monde et des pôles. Puis, quand l'humanité a eu fait le tour de la Terre, elle s'est cherché un autre sujet d'évasion. Son imaginaire a alors quitté l'attraction terrestre.

Le cosmos est un thème qui traverse l'art depuis l'époque romantique jusqu'aux artistes contemporains", dit l'historienne de l'art Constance Naubert-Riser, l'une des responsables de l'exposition qui se déroulera du 17 juin au 17 octobre au Musée des beaux-arts de Montréal. L'idée d'explorer ce thème à l'aube de l'an 2000 est venue à la suite d'une réflexion collective menée par le groupe de commissaires de l'exposition sur le symbolisme, tenue dans ce même musée en 1995. La dernière salle présentait des artistes pour lesquels l'espace était un nouvel Éden.

"Quand on a fait le tour de la Terre, que reste-t-il, sinon l'évasion? lance Mme Naubert-Riser. Dès 1950, des peintres russes s'inspiraient de manuels d'astronomie pour leurs toiles."

Vincent Van Gogh, Route avec cyprès et ciel étoilé

La grande exposition de l'été, qui devrait connaître un retentissement international, permettra au public montréalais d'admirer des oeuvres de Vincent Van Gogh, Pablo Picasso, René Magritte, Francisco de Goya, Gustave Courbet, Alexander Calder, Jean-Paul Riopelle, Joan Miró, Otto Dix et plusieurs autres. Mais elle lui fera aussi découvrir des noms moins connus tels Frantisek Kupka, Kazimir Malevitch, Alexzandr Rochenko et Wenzel Hablik.

Ces consonances sont familières à Mme Naubert-Riser. Elle doit d'ailleurs à sa solide connaissance de l'art contemporain la "découverte" d'une toile d'inspiration cosmologique de Wenzel Hablik au cours d'un voyage en Allemagne en 1997. "Je suis allée visiter un petit musée qui lui est consacré à Itzehoe, au nord de Hambourg, et je suis tombée sur une immense fresque peinte en 1913, Firmament, qui correspondait parfaitement à notre thème."

Le tableau est l'une des 380 oeuvres de l'exposition. Pour le petit musée allemand, la demande de prêt de l'émissaire canadienne était un honneur.

Dernière d'une trilogie
Le cosmos, Du romantisme à l'avant-garde sera la dernière exposition d'envergure d'un groupe de commissaires qui a réalisé, en 1991, Les années 20, L'âge des métropoles et, en 1995, L'Europe symboliste. Dirigée par Jean Clair, cette équipe internationale compte sept spécialistes de France, des États-Unis et du Canada, dont l'ex-directeur du Musée des beaux-arts de Montréal, Pierre Théberge, nommé depuis à la tête du Musée des beaux-arts du Canada, et Mme Naubert-Riser, la toute nouvelle directrice du Département d'histoire de l'art.

Pour la professeure, cette expérience de près d'une décennie a été l'occasion d'approfondir des concepts innovateurs. Outre l'exposition sur les années 1920, qui a mis l'accent sur l'utopie de l'urbanisation en vogue au début du siècle, les deux autres thèmes ont couvert une très large période. "Ces trois expositions auront été la preuve qu'il y a moyen de porter trois regards sur des oeuvres qui témoignent de leur temps. Il n'y a pas une histoire linéaire, chronologique de l'art."

Quelques artistes sont à la limite des trois thématiques et se retrouvaient dans les trois expositions, par exemple Paul Klee et Wassily Kandinsky. D'autres seront de pures découvertes pour les profanes. Mais dans le cas de Cosmos, souligne Mme Naubert-Riser, l'art canadien occupe une place de choix alors qu'il était plus discret dans les deux précédentes expositions. À noter également les objets scientifiques (un globe céleste datant de 1533 et un cadran solaire de 1596, notamment) et les remarquables photographies de la NASA. L'agence américaine a contribué avec enthousiasme à ce projet, relate l'historienne de l'art.

380 objets d'art exposés
Mme Naubert-Riser retire de cette expérience la satisfaction du travail accompli. Même si l'exposition sur le cosmos est la moins importante des trois pour ce qui est du nombre d'objets exposés (380 contre 720 pour Les années 20 et 590 pour L'Europe symboliste), elle a tout de même nécessité la collaboration de quelque 150 prêteurs d'Europe, d'Amérique et d'Australie.

Les commissaires, qui jouissaient déjà d'une excellente réputation dans leur milieu respectif, ont acquis une crédibilité qui leur a ouvert des portes pour leurs projets ultérieurs. "L'exposition sur les années 1920 nous a fait connaître. Les deux suivantes ont été beaucoup moins difficiles à monter", dit Mme Naubert-Riser.

Celle-ci est particulièrement fière de l'exposition sur le symbolisme, un style qui a donné lieu à une production gigantesque sur une très courte période. "Nous avons fait ressortir des tableaux qui avaient été oubliés, mis de côté. Ça a permis de souligner l'importance du mouvement symboliste, jusqu'alors sous-estimé."

Les mauvaises critiques adressées par certains médias québécois ne trouvent aucune grâce aux yeux de Constance Naubert-Riser. "Le New York Times et les médias de Toronto ont été absolument dithyrambiques. Il y a eu de bonnes critiques en Allemagne, en Suisse, en France. Non, je vous assure, le bilan est très positif."

Mathieu-Robert Sauvé


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