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Courrier

Des professeures et le SGPUM
Encore le Ritalin


Des professeures et le SGPUM

Nous, membres du Comité Femmes-SGPUM, souhaitons réagir aux événements survenus au cours de l'assemblée exceptionnelle qui a suivi l'assemblée générale du SGPUM, tenue le 27 avril dernier. L'ordre du jour de cette assemblée comprenait deux points. Le deuxième point portait sur une demande du Comité Femmes-SGPUM de modifier le nom du syndicat pour qu'il reflète la mixité de ses membres, tenant compte ainsi de l'évolution de la société en ce qui concerne le rôle joué par les femmes. Les membres présents ont donc été appelés à se prononcer sur la pertinence d'ajouter le terme "professeures" au nom de l'association syndicale qui regroupe la plus grande partie du corps professoral de notre université.

Les échanges qui ont eu lieu au cours du débat nous ont laissé un goût amer. Nous ne nous attendions certes pas à ce que la proposition suscite des réactions qui nous sont apparues doctrinaires. Nous nous attendions encore moins à ce que, à l'aube de l'an 2000, il soit encore aussi difficile de faire reconnaître la spécificité féminine.

Force est de reconnaître que ceux et celles qui ont fait entendre leur voix sont en majorité farouchement opposés à l'entrée du féminin dans le nom du syndicat. Les arguments apportés sont bien familiers: lourdeur de l'expression, emploi abusif du style bigenre, futilité de la proposition par rapport à d'autres questions plus importantes (dont celle des garderies) et, en désespoir de cause, référence aux standards de l'Académie française. On se doit de relever aussi le refus (ou la non-pertinence) par certaines d'entre nous d'être étiquetées spécifiquement comme femmes dans leur titre de professeur.

Il est vrai que la reconnaissance de la spécificité féminine peut alourdir le style ou l'expression. Qu'importe! Combien de fois dans notre vie serons-nous amenés à prononcer "Syndicat général des professeures et professeurs de l'Université de Montréal"? À l'évidence, rarement. Comme par le passé, nous continuerons à dire "SGPUM". Alors, de quelle lourdeur parle-t-on?

Il est également vrai que le style bigenre décrié par M. Laflèche peut sembler fastidieux, voire inutile, si le terme "professeur" renvoie à une fonction. Cependant, à notre connaissance, la fonction de professeur est affectée, en français, d'un substantif: le professorat. Le terme "professeur" indique une personne qui enseigne une science, un art, etc. (dixit Larousse, Multidictionnaire). Il fait alors référence à un titre et la position de l'Office de la langue française à ce sujet est bien connue: les titres doivent tenir compte du genre de leur détenteur ou de leur détentrice. Le Multidictionnaire de la langue française reconnaît d'ailleurs le terme "professeur" comme nom masculin et "professeure" comme nom féminin. Le terme "professeur", tout comme ceux d'"instituteur", d'"infirmier", de "danseur", etc., est sexué. Si le style bigenre est si désagréable à certains, qu'à cela ne tienne, remplaçons simplement le terme "professeur" par celui de "corps professoral". Nous aurons alors le SGCPUM et tous ses membres s'y reconnaîtront!

Bien que nous ayons du mal à en comprendre les raisons profondes, certaines femmes appartenant au corps professoral de l'Université ne souhaitent pas être désignées spécifiquement comme femmes, c'est-à-dire se voir attribuer le titre de "professeure". C'est une question de choix et nous le respectons. Quant à toutes celles, dont nous sommes, pour qui la reconnaissance de la spécificité féminine est essentielle, elles s'attendent naturellement à ce que la tolérance s'applique de même à leur endroit.

La terminologue de l'Office de la langue française à qui nous avons exposé le problème de terminologie soulevé à l'assemblée nous a demandé ce qui avait été proposé comme solution de rechange. La réponse a été: le statu quo. Or, le statu quo est impensable pour nous, membres du comité syndical devant se préoccuper de la condition féminine. Nous appartenons à l'un des seuls syndicats québécois regroupant un corps professoral universitaire qui n'a pas encore reconnu sa composition mixte. Faut-il rappeler que les programmes d'accès à l'égalité ont été mis sur pied, non seulement pour augmenter la représentation féminine dans des institutions et professions fortement masculinisées, mais aussi pour lutter contre toutes les formes de discrimination systémique? À nos yeux, le nom du syndicat constitue bien une forme de discrimination systémique.

Finalement, l'étude de cette question, qui aurait pu être réglée en quelques minutes, a été ajournée, le quorum n'étant plus respecté. Un temps précieux aura donc été gaspillé à discourir sur des détails aussi insignifiants que le sexe des anges. Comme beaucoup de nos collègues, nous pensons que ce débat n'aurait pas dû dépasser quelques minutes.

En conclusion, nous reconnaissons avoir été naïves lorsque nous avons fait la demande de changer le nom du syndicat. Nous étions convaincues que si le SGPUM se distinguait en étant l'un des derniers syndicats des corps professoraux au Québec à ne pas avoir reconnu la spécificité féminine, c'était par inadvertance. Nous avions grandement sous-estimé les résistances à un tel changement et à ce qu'il symbolise. "What's in a name?" La réponse à cette question, pour nous, c'est la reconnaissance de notre individualité, ce qui inclut le fait que nous soyons femmes.

Ce que nous retenons de cet événement n'est pas tant le fait de savoir que, pour l'instant, le terme "professeure" n'est pas adjoint au nom de notre syndicat, mais bien la triste constatation que des raisons sans doute plus profondes que les arguments invoqués en assemblée ont conduit à éluder cette question.

Les membres du Comité Femmes-SGPUM: Louise Bouchard (Sciences infirmières), Marie-Marthe Cousineau (Criminologie), Thérèse Lantier (Médecine vétérinaire), Joëlle Margot (Physique), Tania Saba (Relations industrielles), Anne Salomon (Psychologie), Yolande Tanguay (Psychoéducation), Maria Leiza Vitale (Pathologie et biologie cellulaire)



Encore le Ritalin

En réponse au courrier de M. Louis Morissette paru dans l'édition du 25 mai, je voudrais corriger plusieurs faussetés qui ont été véhiculées par l'article paru dans le numéro de Forum du 22 mars, en page 9. J'ai toujours hésité à rencontrer les journalistes parce que je me suis toujours méfié de l'utilisation qu'ils pouvaient faire des propos recueillis au cours d'une entrevue. Si j'avais eu le loisir de lire l'article avant sa publication, comme je l'avais demandé, cet article n'aurait jamais été publié. Le sous-titre utilisé semble illustrer l'intérêt du journaliste, soit attiser le feu d'une polémique sur le Ritalin (relancée récemment par M. Cohen, du Département de service social de l'UdeM).

Je n'aurais jamais affirmé devant mes pairs que "le soutien pédagogique préventif et constant aux enfants hyperactifs donne de meilleurs résultats que la médication" parce que ça n'a jamais été démontré empiriquement. J'ai d'ailleurs indiqué à M. Baril que les résultats préliminaires d'une étude menée conjointement par les équipes de Heichtman &Weiss (par exemple le groupe intervention multimodale, le groupe placebo et le groupe contrôle avec une médication ajustée dans les trois groupes) tendent à démontrer le contraire.

J'ai dit que la vaste majorité des enfants turbulents dans les classes ne présentaient pas nécessairement de problèmes neurologiques qui nécessitent une médication. Par contre, je suis persuadé que les "vrais" TDAH ont autant besoin d'une médication appropriée que les enfants diabétiques ont besoin d'insuline. J'ai d'ailleurs convaincu quelques parents inscrits à notre programme d'intervention de l'importance d'une médication pour leur garçon. J'ai dit que, dans la littérature scientifique sur le TDAH, il y avait peu d'études qui avaient vérifié systématiquement l'utilisation de médications (méthylphénidate, antidépresseurs, etc.) avec des enfants en bas âge. Je n'aurais jamais osé affirmer qu'une médication n'est pas indiquée pour des enfants de six à neuf ans; je constatais tout simplement qu'il y avait "un groupe d'âge à qui l'on ne prescrit généralement pas de médication". Je ne rabaisse pas le traitement aux stimulants et toute autre forme de médication comme le laissent entendre les commentaires de M. Morissette. Mon travail clinique avec les adolescents à l'institut Philippe-Pinel (1970-1978) m'a au contraire permis de constater l'importance de la médication dans le traitement des jeunes.

En ce qui concerne le dernier paragraphe sur le dérapage des médecins, il est du journaliste. Pour ma part, d'une façon générale, ma formation scientifique m'a appris à mieux contrôler mes dérapages. Je suis entièrement d'accord pour que cessent les querelles idéologiques et suis extrêmement déçu d'y avoir été impliqué contre ma volonté.

Pierre Charlebois
Professeur titulaire
École de psychoéducation


N.D.L.R. Le texte faisant écho à votre recherche contiendrait "plusieurs faussetés", mais vous n'en signalez qu'une seule, celle du sous-titre par surcroît. Ce sous-titre ne m'apparaît pas faux dans la mesure où il s'agit d'un raccourci et que tous les détails sont donnés plus loin.

J'avais d'ailleurs pris soin de communiquer avec vous pour m'assurer que cette façon de comparer médication et intervention psychopédagogique, à la lumière de votre recherche, était correcte. Vous avez alors apporté les précisions mentionnés dans l'article, soit l'âge des enfants, leur retard d'apprentissage et les relations avec leurs pairs. Vous avez également reconnu, en bout de ligne, que l'intervention psychoéducative couvre plus d'aspects que la seule médication et pouvait donc être jugée "plus complète et efficace" sur le plan de la réussite scolaire. Le texte ne dit rien d'autre.

Nulle part l'article ne laisse croire que vous êtes contre la médication pour les cas que vous considérez comme les "vrais TDAH". Si Louis Morissette y a vu une foule de choses qui n'y sont pas, ne vous trompez pas de cible.

Sans vouloir vous entraîner dans un débat idéologique, je n'ai que rapporté les résultats de votre travail en les situant dans un contexte où d'autres médias rapportaient que le Ritalin n'améliorait pas les résultats scolaires à long terme. M'attribuer en outre vos propos du dernier paragraphe sur le "laxisme" et le "manque de vigilance des médecins" est fort déplorable.

Daniel Baril


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