L'équipe de production de la vidéoconférence interactive des 29 et 30 mai dernier: Guy Gagnon, de la firme Sage Image, le directeur de l'École d'optométrie Pierre Simonet et Michel Steben, directeur administratif de l'École. |
En vue de l'obtention d'un permis de prescrire des "médicaments thérapeutiques", le tiers des quelque 1200 optométristes actifs du Québec suivent actuellement une formation sur mesure à l'École d'optométrie. Ces 384 professionnels ont payé 1800$ (dont 400$ étaient financés par l'entreprise privée) pour suivre ce cours qui leur assurera les compétences pour soigner certaines maladies de l'oeil.
"Actuellement, affirme le directeur de l'École d'optométrie, Pierre Simonet, les optométristes ne peuvent utiliser que des médicaments permettant de diagnostiquer certaines maladies. Ils n'ont pas le droit de traiter la conjonctivite, la blépharite ou la kératite notamment. Quand ils observent ce genre de maladies, ils doivent envoyer leurs patients aux ophtalmologistes ou aux médecins généralistes."
Or, les médecins généralistes ne possèdent pas toujours les compétences et l'instrumentation adéquate (des microscopes permettant de voir au fond de l'oeil par exemple) pour intervenir dans la cavité oculaire et prescrire les médicaments appropriés. Pourtant, dans trois provinces canadiennes (dont le Nouveau-Brunswick, où pratiquent un bon nombre de diplômés de l'École) et 50 États américains, la loi permet aux optométristes de le faire.
"Le cours que nous avons décidé d'offrir aux optométristes n'autorise pas la pratique, dit M. Simonet. Seulement, nous espérons que la loi changera prochainement, de sorte que les professionnels seront prêts. Ils ont d'ailleurs répondu en grand nombre à notre invitation."
Sept crédits
La formation de sept crédits mise sur pied par les responsables
de la formation continue de l'École, qui se terminera au
début du mois de décembre prochain, prévoit
différents modes d'apprentissage. Le premier cours a eu
lieu durant la fin de semaine des 29 et 30 mai dernier en vidéoconférence
interactive.
Au groupe d'étudiants réunis au Pavillon principal de l'Université de Montréal s'étaient joints leurs collègues de Gaspé, Rimouski, Jonquière, Val d'Or et Québec pour entendre notamment une spécialiste de la Pennsylvania School of Optometry, Pierrette Dayhaw-Barker. En contact audiovisuel constant, les six groupes pouvaient interagir entre eux. Le cours, portant sur les tests et analyses de laboratoire et sur les problèmes de la paupière et de la cornée, a nécessité 13 heures de transmission. Le tout s'est déroulé sans problème technique.
"Chez Bell, on nous a dit qu'une telle communication ne s'était jamais vue en milieu universitaire au Québec, signale Michel Steben, directeur administratif de l'École. Seulement en frais d'utilisation de lignes téléphoniques, on en avait pour quelque 80 000$. Mais on a négocié..."
Trois autres téléconférences interactives en région sont prévues. Le cours comprend également un volet de télé-enseignement entièrement réalisé dans les studios de l'École d'optométrie. Le matériel didactique comprend deux cassettes magnétoscopiques. Par ailleurs, à trois reprises, on exigera des étudiants qu'ils se déplacent à l'Université de Montréal pour assister à des cours magistraux.
Ce cours est donné avec la collaboration de l'Ordre des optométristes du Québec et du Centre de perfectionnement et de référence en optométrie. Dans une lettre envoyée récemment, le président de l'Ordre, Michael Chaiken, invitait les membres à suivre cette formation en rappelant que le dossier des médicaments thérapeutiques avait beaucoup évolué depuis 1992. "Afin d'assurer que les optométristes québécois seront prêts à assumer leurs nouvelles responsabilités aussitôt que les étapes de modifications législatives et réglementaires auront été franchies, les administrateurs de l'Ordre ont adopté, à l'unanimité, une résolution entérinant le programme de formation."
Les derniers au pays
Pour des raisons que M. Simonet attribue à des "combats
d'arrière-garde", les optométristes québécois
ont été les derniers du continent, en 1995, à
être autorisés à utiliser des médicaments
servant au diagnostic de maladies oculaires. Par exemple, certains
médicaments sont nécessaires pour dépister
le décollement de la rétine.
Aujourd'hui, l'évolution logique procure un certain optimisme quant aux médicaments thérapeutiques. "Ce n'est pas une bataille qui nous attend, mais une simple reconnaissance par nos collègues", dit-il.
D'ici deux ans, M. Simonet prévoit que l'École comptera un ophtalmologiste dans son corps professoral. En plus d'être excellente sur le plan pédagogique, cette collaboration renforcera les liens avec la Faculté de médecine, estime M. Simonet.
Mathieu-Robert Sauvé