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La notion de réseau se traduit
par un nivellement du financement

Le gouvernement devrait plutôt favoriser la différenciation des universités, selon le recteur.

"Bravo, papa!" dirait sans doute le fils de Sébastien Lépine, diplômé en physique (FAS), qui a obtenu une médaille d'or du Gouverneur général.

"Pendant de longues années, vous avez vécu très intensément dans un laboratoire, un centre ou un groupe de recherche, un département. Vous comprendrez que nous ressentons aujourd'hui un double sentiment de tristesse et de fierté. Tristesse de voir partir des étudiants qui étaient, avec le temps, devenus des collaborateurs et des amis; fierté de vous avoir aidé à devenir des scientifiques et des chercheurs de haut calibre, des individus de qualité et des citoyens responsables. À partir d'aujourd'hui, vous allez, en quelque sorte, faire partie de l'histoire glorieuse de l'Université de Montréal. Nous souhaitons, toutefois, que vous demeuriez toujours soucieux de son avenir pour que d'autres, comme vous, puissent profiter de ces milieux exceptionnels d'enseignement, de recherche et de vie étudiante."

C'est en ces termes que le recteur Robert Lacroix, qui présidait sa première collation des grades, a dit au revoir aux nouveaux diplômés venus chercher leur parchemin à cette cérémonie qui se tenait le 28 mai dernier.

Perpétuant la tradition qui veut que le recteur parle de l'avenir de l'Université de Montréal, M. Lacroix est revenu sur la question du sous-financement.

Rappelant qu'il a profité de toutes les occasions qui lui étaient offertes depuis un an pour dire à quel point le sous-financement chronique des universités québécoises mettait en cause l'avenir même du Québec dans une économie de la connaissance, il s'est dit confiant d'avoir été entendu.

"Nous devrions avoir un réinvestissement important du gouvernement du Québec dans nos universités au cours des trois prochaines années", a déclaré le recteur. Ce réinvestissement doit tenir compte de la spécificité de l'Université de Montréal, a dit M. Lacroix, qui préconise d'ailleurs le renforcement des différences et des complémentarités comme moyen d'assurer au Québec des universités concurrentielles sur la scène internationale.

"La notion uniformisante de réseau, trop souvent présente dans certains discours" se traduit en définitive par un nivellement du financement des universités parce qu'elle ne retient que le nombre d'inscriptions comme critère d'allocation des ressources, a poursuivi le recteur. Elle ne tient donc pas suffisamment compte des secteurs disciplinaires et des études de deuxième et de troisième cycle. Ce qui a pour résultat qu'à l'Université de Montréal les secteurs désavantagés par l'actuelle formule de financement (soit médecine, médecine vétérinaire, médecine dentaire, optométrie, musique et aménagement) sont en quelque sorte partiellement subventionnés par ceux qui ont moins besoin de matériel et qui peuvent supporter des ratios professeurs-étudiants plus élevés. Le même phénomène se produit aux cycles supérieurs au détriment du premier cycle.

D'autres provinces canadiennes ainsi que des États américains ont des formules de financement qui pondèrent les ressources selon les cycles d'études et les secteurs disciplinaires. Or, c'est précisément avec ces établissements que nous sommes en concurrence, a observé Robert Lacroix.

Et c'est justement ce que proposait en 1997 le Groupe de travail sur le financement des universités, à savoir: "revoir la formule de financement en tenant compte de la durée effective des études de deuxième et de troisième cycle; réviser la pondération des cycles d'études pour s'assurer qu'on tiendra compte des coûts réels; proposer un nouvel agencement des secteurs de disciplines qui reflète davantage les différences de coûts pouvant exister entre certains groupes de disciplines".

Malheureusement, ces recommandations sont restées lettre morte, a déploré le recteur avant d'ajouter: "On ne pourrait effectuer un réinvestissement important dans le financement des universités sans explicitement tenir compte de ces recommandations. Il y va de la qualité et du caractère concurrentiel du système universitaire québécois."

Revenant sur la collation des grades, M. Lacroix a salué la contribution des professeurs et des employés: "Malgré la période difficile que notre établissement traverse depuis six ans, nous avons tout fait pour maintenir la qualité des milieux d'encadrement aux cycles supérieurs, garantissant ainsi la qualité du diplôme que vous recevez aujourd'hui. Cela fut possible parce que l'ensemble de nos professeurs et de nos employés ont réalisé ce qui paraissait, a priori, impossible, "faire encore plus avec encore moins". Ils méritent notre reconnaissance et notre gratitude."

F.L.


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