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15 spécialistes font le point sur les trajectoires déviantes

Le Centre international de criminologie comparée signe une entente de coopération avec l'Université de Porto.

Le directeur du Centre international de criminologie comparée, Serge Brochu (à droite), et son collègue du Centre des sciences du comportement déviant, Cândido da Agra, de l'Université de Porto, ont signé une entente de collaboration en présence de la doyenne de la Faculté des arts et des sciences, Mireille Mathieu.


Une quinzaine de criminologues du Québec, de l'Ontario, des États-Unis, de France, de Belgique, du Portugal, d'Italie, d'Allemagne et de Suède se rencontraient, les 13 et 14 mai dernier, au Centre international de criminologie comparée (CICC) pour faire le point sur les diverses approches concernant les "trajectoires déviantes".

"On entend par "trajectoires déviantes" tous les comportements associés au crime en général et notamment à la consommation et au trafic de drogues, explique Serge Brochu, directeur du CICC. Ces comportements sont étudiés en prenant en considération les facteurs comme la santé mentale, l'immigration ou le chômage, qui ont des incidences sur l'intégration sociale."

Les objectifs du CICC gravitent autour de trois axes principaux abordés dans une perspective comparatiste: la prévention du crime et les opérations policières; la connaissance du phénomène criminel et la prise en charge par le processus judiciaire; l'application des sanctions pénales et les solutions de remplacement à l'incarcération.

L'une des conclusions ressortant du séminaire du mois dernier est qu'il n'y a pas de recette universelle pour la prévention et la répression du crime. "La politique américaine de tolérance zéro à l'égard des drogues ou les programmes d'aide aux toxicomanes en Suisse révèlent des différences culturelles entre les régions du monde ainsi qu'à l'intérieur d'un même pays, observe Serge Brochu. Les stratégies d'intervention adoptées par un pays ne peuvent pas nécessairement être importées par les autres."

Le type de criminalité révèle également des différences selon les régions du monde. Françoise Sacy, de l'Institut national de santé et de recherche médicale de France, a souligné son étonnement devant le haut taux d'homicides enregistré aux États-Unis alors que l'homicide ne figure pas comme une cause majeure de mort violente dans son pays.

Par ailleurs, dans l'ensemble des pays du monde, les trajectoires déviantes des femmes se distinguent de celles des hommes. Alors que les délits masculins sont souvent caractérisés par la violence, ceux des femmes sont davantage liés à la sexualité (prostitution et escorte) et aux actes mineurs comme le vol à l'étalage. On ne connaît qu'un seul gang féminin autonome à Montréal et il s'agit d'un réseau de vol à l'étalage, a mentionné Sylvie Hamel, chercheuse à l'Institut de recherche pour le développement social des jeunes.

Mais cette distinction entre hommes et femmes tendrait à s'estomper. Les spécialistes notent en effet une augmentation de la participation des femmes à des délits violents. Dans les milieux marginaux, la participation à des crimes graves est devenue un facteur de promotion pour les femmes et répond à leur besoin de reconnaissance.

D'autres participants ont fait ressortir que les facteurs de risque de délinquance, comme les comportements agressifs observés chez le jeune enfant, pouvaient être contrebalancés par des facteurs de protection comme une relation privilégiée avec un adulte ou un pair, ce qui contribue à la formation du "capital social" du jeune.

Coopération avec l'Université de Porto
La rencontre internationale a également été l'occasion de la signature d'une entente de coopération entre le CICC et le Centre des sciences du comportement déviant de l'Université de Porto.

Ce centre, dirigé par Cândido da Agra, doyen de la Faculté de droit, poursuit notamment des recherches sur la victimisation et le sentiment d'insécurité. Des travaux sur la problématique de l'insécurité ont notamment été menés en collaboration avec la Faculté d'architecture de cette université afin d'évaluer l'impact de l'environnement urbain sur la distribution spatiale de la criminalité et de mettre au jour des liens entre les caractéristiques du bâtiment et la criminalité.

L'entente entre les deux centres de criminologie comporte cinq axes: la réalisation de projets de recherche communs, l'accueil de professeurs et d'étudiants, l'échange de communications, la diffusion des productions scientifiques et l'organisation de colloques.

Le prochain séminaire international aura lieu à l'Université de Porto en janvier prochain.

Daniel Baril


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