Création de la Chaire en soins infirmiers à la personne âgée et à la famille |
La doyenne Suzanne Kérouac, Louise Lévesque et le recteur René Simard. |
Les besoins en connaissances sur les soins à donner aux personnes âgées ainsi qu'à leurs familles vont en grandissant au fur et à mesure que la population québécoise vieillit. Vers 2030, près de 25% de la population sera âgée de 65 ans et plus. Au début du prochain millénaire, une personne sur deux faisant partie de ce groupe d'âge aura plus de 75 ans.
De plus, le virage ambulatoire augmentera considérablement la demande de services de la part des familles qui apportent leur soutien à ces personnes âgées. Selon l'Enquête Santé Québec (1992), 82% des gens âgés de 80 ans et plus reçoivent l'aide de leur famille pour leurs soins personnels. Ce soutien contribue à diminuer le stress de passage du domicile au centre d'accueil, mais peut entraîner des risques pour la santé physique et psychologique des aidants naturels.
Très peu de recherches ont été faites jusqu'ici pour savoir comment répondre à ces nouveaux besoins. "La création de cette chaire, qui s'inscrit dans les priorités de développement de la Faculté des sciences infirmières, constitue donc un levier d'action tout à fait indiqué pour composer avec le fait social incontournable du vieillissement de la population", soulignait la doyenne de la Faculté, Suzanne Kérouac, à l'inauguration de la Chaire.
Le programme de recherche prévu pour les cinq prochaines années comprend trois volets. Dans le premier volet, on évaluera les modèles d'intervention auprès des familles dont un parent souffre de la maladie d'Alzheimer, de lésions cérébrales graves ou encore de déficiences cognitives et vit à la maison. De plus, les chercheurs étudieront l'impact, sur la qualité de vie, d'un aménagement architectural adapté aux personnes âgées.
Le deuxième volet des recherches s'intéressera aux clientèles dont les besoins sont peu connus, comme les aidantes naturelles elles-mêmes âgées et les femmes de groupes ethniques. Une autre étude portera sur les relations entre les familles et leurs parents placés en centre d'hébergement.
Quant au troisième volet, il portera sur l'évaluation de la douleur chez les personnes âgées atteintes de déficiences cognitives. Aux prises avec des pertes de mémoire, ces personnes ne peuvent plus communiquer leur souffrance selon les modes habituels; les intervenants ont besoin d'outils cliniques permettant de mesurer cette douleur.
La coordination de ces projets de recherche incombe à Louise Lévesque, professeure émérite de la Faculté des sciences infirmières, qui a été nommée titulaire de la Chaire. Mme Lévesque a fait sa marque au début des années 1980 en élaborant un ensemble de cours sur la gérontologie aux cycles supérieurs et en ouvrant les portes de la recherche dans ce domaine. Elle est également connue pour ses recherches entourant les soins aux personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer et à leurs familles.
La Chaire est pour elle "un rêve qui est devenu réalité. Il est permis de croire, dit-elle, que le transfert des connaissances issues de nos recherches apportera un éclairage pour le développement des politiques de santé sur le vieillissement et contribuera à briser l'isolement des personnes âgées."
Mme Lévesque dispose d'une équipe de trois chercheuses: Sylvie Lauzon, coauteure de l'ouvrage La personne âgée et ses besoins, spécialiste de la problématique des aidants naturels; Lise Talbot, spécialiste des soins aux personnes souffrant de lésions cérébrales; et Francine Ducharme, spécialiste des soins aux personnes âgées à domicile. Ces trois chercheuses sont également professeures à la Faculté des sciences infirmières.
L'équipe comprend aussi deux infirmières cliniciennes de l'Institut universitaire de gérontologie, Louise Francoeur et Olivette Soucy, et une chercheuse en recherche clinique, Marie Gendron.
La Chaire en soins infirmiers à la personne âgée et à la famille est le fruit d'un partenariat entre la Faculté des sciences infirmières, la Croix bleue du Québec, Merck Frosst Canada et l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal, qui hébergera la Chaire. Elle dispose d'un fonds de 750 000$, dont 300 000 proviennent du fonds de développement de la Faculté.
Daniel Baril