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6 décembre: commémoration dans le recueillement

200 personnes accompagnent en silence les parents des victimes.

Une cérémonie simple a marqué la commémoration du 10e anniversaire de la tuerie du 6 décembre 1989. Aux parents et amis des victimes s'étaient jointes quelque 200 personnes de la communauté universitaire et de l'extérieur.

À 11 h, la lieutenante-gouverneure du Québec, Lise Thibault, a prononcé une allocution dans le cadre des conférences Augustin-Frigon. Elle a affirmé que les jeunes femmes assassinées n'étaient pas mortes pour rien. "Il faut trouver un sens à leur mort et crier fort non à la violence et à l'intolérance", a-t-elle dit.

Elle-même mère de deux filles et grand-mère de six petits-enfants, Lise Thibault a affirmé être solidaire de la peine ressentie par les parents et amis des victimes. Elle en a appelé ensuite à la création d'une charte des devoirs et des responsabilités qui compléterait la Charte des droits et libertés. "La vie n'est ni longue ni brève. Elle n'est que vide ou pleine."

Durant les minutes suivantes, Mme Thibault a dialogué avec quelques personnes de l'assistance qui ont voulu partager avec elle leur état d'esprit. Une employée de l'École Polytechnique a notamment rappelé que de nombreux membres du personnel continuent de penser au drame survenu dans ces murs. "L'événement les habite encore, 10 ans plus tard, a-t-elle signalé. Un peu de compassion pour eux aussi serait de mise." Une autre s'est demandé ce qu'elle pouvait faire pour réduire la violence à la télévision. Enfin, la porte-parole d'une délégation a transmis les sympathies de collègues de l'Université d'Ottawa.

Après l'allocution de Mme Thibault, les familles et les proches des victimes ont été invités à déposer des gerbes de fleurs près de la plaque commémorative encastrée dans le mur de l'École, près de l'entrée ouest. On a respecté une minute de silence en souvenir des jeunes femmes, après quoi un choeur d'étudiants a entonné l'Ave Verum, de Mozart.

Sous une pluie battante, le cortège s'est ensuite déplacé vers la place du 6-Décembre-1989, où se tenait la lecture publique d'un oratorio récité par 14 hommes, une création du secteur Théâtre de l'Université de Montréal. Les marcheurs ont déposé des roses sur le monument inauguré la veille, Nef pour quatorze reines, oeuvre de Rose-Marie Goulet.

M.-R.S

 

 

 

 

 

 

 

 

La marche silencieuse commémorant le 10e anniversaire de la tragédie de l'École Polytechnique s'est terminée à la place du 6-Décembre-1989, où quelque 200 proches, amis et sympathisants des victimes ont déposé des roses sur le monument inauguré la veille, Nef pour quatorze reines. La pluie abondante a contribué à l'atmosphère de recueillement. Même le ciel pleurait..

 

Quatorze

Dix ans déjà... et nous revoilà
déchirés par les mêmes questions:
Comment deuiller en famille
sans dérailler?
Comment sublimer nos souffrances
sans oublier?
Après le contrôle des larmes,
une solution sort du nombre:
transformer 14 victimes
en 14 mille victoires,
offrir à nos 14 absaintes
une immortalité active...
En prenant le temps de vivre
à la hauteur des pleurs
que nous ne voulons plus verser,
le temps de défier les statistiques,
d'inventer la loi des grands noms:
Anne-Marie, Barbara, Hélène,
Annie, Maryse, Nathalie,
Anne-Marie, Barbara, Michèle,
Annie, Maryse, Geneviève,
Sonia et Maud.
On n'implore pas
des symboles éternels,
on les vénère.
On ne les exploite pas,
on s'en inspire, tout un chacun,
pour affronter la quotidianitude
de nos espoirs en file d'attente.
Bâtissons tous ensemble,
sur le socle douloureux
de leur souvenir,
un humanisme intégral:
une société du savoir
qui transcende toute économie,
qui gaspille stratégiquement ses heures
à investir dans le bonheur.

Réjean Plamondon
Directeur général



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