Une entente unique lie l'École du Louvre
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Marie-Clarté O'Neil, de l'École du Louvre (à gauche), et Colette Dufresne-Tassé, du programme de muséologie de l'Université de Montréal, ont signé une entente qui prévoit des stages au Canada et en France. C'est la seule entente de ce type avec un établissement nord-américain. |
Sous le musée du Louvre, à Paris, se trouve un gigantesque accélérateur de particules qui permet de déterminer la composition atomique des oeuvres d'art nouvellement acquises. Cet appareil, auquel le public n'a pas accès, fait partie d'un secteur où travaillent plusieurs centaines de personnes, du chimiste au restaurateur professionnel.
Chaque année, une vingtaine d'étudiants du programme de maîtrise en muséologie de l'Université de Montréal auront accès à ce visage caché du musée le plus célèbre du monde. Ils découvriront aussi les voûtes et archives de plusieurs sites en dehors de Paris. "Ce serait idiot d'enfermer nos visiteurs dans un amphithéâtre pour leur expliquer de belles choses sur la France", explique Marie-Clarté O'Neil, chargée du programme de muséologie à l'École du Louvre. Aussi, durant leur séjour de deux semaines, les étudiants auront l'occasion de se familiariser avec les rouages des grands musées de France et, surtout, de rencontrer les responsables des expositions permanentes et itinérantes. Ils entameront leur stage crédité à l'École du Louvre, mais ils se rendront également à Versailles et en Bourgogne.
"Depuis que nous avons signé une entente avec l'École du Louvre, en 1997, 32 étudiants français sont venus poursuivre des études de maîtrise dans le cadre du programme de muséologie, relate sa responsable, Colette Dufresne-Tassé. Selon le thème de leur projet de recherche, ils ont passé plus de trois mois dans les musées de Québec, d'Ottawa ou de Montréal."
En contrepartie, peu de Québécois étaient allés en France. Mais cette année, grâce à de nouvelles sources de financement, 18 étudiants québécois plongeront dans l'univers des musées français.
Musées français et québécois
"En France, les collections sont très lourdes, reprend
Mme O'Neil. On a donc un type de gestion très axée
sur les objets d'art. Au Québec, les musées ont
comme préoccupation de se rapprocher du public."
Spécialiste du comportement des clientèles des musées, Colette Dufresne-Tassé ajoute que les musées d'Orsay et de Beaubourg, dans la capitale française, et le Musée de la civilisation, au Québec, sont parfois parvenus à attirer un public différent de celui qui, traditionnellement, fréquente les expositions. Le client type? L'homme ou la femme dotés d'un bon revenu, scolarisés, déjà familiarisés avec les sorties culturelles.
Un étudiant de l'École du Louvre a voulu attirer de nouvelles clientèles en collaboration avec le Musée des beaux-arts de Montréal. Il s'est rendu dans le quartier Parc-Extension, à Montréal, pour y convaincre quelques personnes de visiter les expositions en cours. Celles-ci sont revenues avec leur famille, leurs amis.
D'autres recherches ont porté sur des sujets plus classiques. Par exemple, pour le compte du Centre canadien d'architecture (CCA), un étudiant a répertorié les mesures relatives au prêt d'oeuvres d'art de quelques collections susceptibles d'intéresser le CCA. "Il s'agit de travaux de recherche qui allient la rigueur universitaire aux besoins du milieu, dit Mme O'Neil. Au début, nous avions du mal à convaincre les établissements de la pertinence de cette recherche appliquée. Aujourd'hui, ce sont eux qui nous suggèrent des sujets."
Sur une période beaucoup plus brève, le programme de stages des étudiants québécois n'est pas la contrepartie exacte du programme français. Cependant, il permettra aux muséologues de découvrir la philosophie muséale française, tout en terminant leur programme d'études. L'étudiant qui remettra un rapport de stage valable recevra trois crédits de cours.
M.-R.S.