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Quand l'apprentissage se fait à ciel ouvert

Près d'une trentaine d'étudiants de la Faculté de l'aménagement participent aux ateliers de l'Université d'été à Métis.

Premier prix: "Les pieds dans l'eau", de Patrick Laforest et Antoine Crépeau

"La fleur du pavot bleu de l'Himalaya est si parfaite qu'on ne peut résister à l'envie de toucher ses pétales pour s'assurer qu'elle n'est pas faite de papier de soie." Quand Philippe Poullaouec-Gonidec, professeur à l'École d'architecture de paysage et titulaire de la Chaire en paysage et environnement, revient de Métis-sur-Mer, il est toujours un peu poète.

Lorsque Forum l'a rencontré, il revenait d'un séjour dans cette région de la Gaspésie, où près d'une trentaine d'étudiants de la Faculté de l'aménagement se rendent périodiquement pour parfaire leur formation en architecture de paysage.

C'est à la suite d'une visite des Jardins de Métis, aménagés entre 1926 et 1959 par l'horticultrice Elsie Reford, que l'architecte de paysage a eu l'idée d'y amener ses étudiants pour leur permettre d'expérimenter l'architecture sur le terrain. Depuis, chaque été, les étudiants inscrits au baccalauréat en architecture de paysage et au mineur en design de jardins viennent suivre un cours crédité sur ce site historique national. "Un cadre enchanteur propice à la création", selon l'initiateur du concept de l'Université d'été à Métis.

Deuxième prix: "Parure métissée", de Stéphanie Desmeules et Aron Wallis

Les étudiants prennent la clé des champs
Ce programme de trois crédits comporte entre autres une visite des jardins privés de Métis-sur-Mer, une lecture des structures végétales et du sol ainsi qu'une caractérisation des végétaux. Les étudiants sont aussi invités à explorer le littoral du Saint-Laurent, les champs et les villages environnants afin de réaliser des dessins de paysages et d'architecture. Enfin, les étudiants doivent concevoir en deux jours un parterre de deux mètres carrés sur le site des Jardins de Métis, où l'on trouve plus de 2000 variétés de plantes indigènes et exotiques. "L'exercice donne aux étudiants l'occasion de produire ce qu'ils conçoivent sur papier. Cette expérience est très appréciée des étudiants, qui ne perçoivent pas de façon négative les 1000 kilomètres à parcourir", souligne M. Poullaouec-Gonidec.

Devant le succès de cette première activité, un autre atelier a été créé pour répondre cette fois aux besoins des étudiants diplômés et aux professionnels de l'aménagement. Urbanistes, architectes, géographes, paysagistes, biologistes et aménagistes du Québec et de la France ont pris part à ce nouveau programme, qui vise notamment la mise en valeur des paysages de Métis-sur-Mer. "Les travaux menés dans le cadre de ce séminaire servent entre autres à alimenter la réflexion concernant la création d'un parc régional à l'embouchure de la rivière Mitis", fait valoir M. Poullaouec-Gonidec.

Troisième prix: "Ombre et lumière", de Carole Quévillon et Pascal Charron

Plusieurs facteurs doivent être considérés dans la mise en forme d'un tel projet, signale-t-il. Dans un premier temps, les participants sont amenés à dégager les constats, les enjeux et les problématiques sous-jacentes au territoire. Ensuite, ils formulent des propositions stratégiques qui permettent à la fois d'infléchir les éléments de discordance et de mettre en relief les points d'intérêt. "Tout un défi puisque les idées énoncées doivent tenir compte du fait que le futur parc est appelé à servir de lieu d'habitation et de soutien pour des activités touristiques", mentionne le titulaire de la Chaire en paysage et environnement.

Une entente entre le programme de maîtrise en aménagement de l'Université de Montréal et celui du diplôme d'études supérieures spécialisées (D.E.S.S.) de l'Université de Tours, en France, fait en sorte que des étudiants français et québécois se côtoient dans le cadre de cet atelier. Cette année, 34 étudiants de deuxième cycle (26 de l'Université de Tours et 8 de l'Université de Montréal) ont contribué à l'enrichissement des connaissances entourant l'élaboration du projet de parc régional. "Le paysage porte en lui une pluralité de regards et de points de vue. C'est donc une occasion unique d'échanger des idées sur les approches et de mieux comprendre comment s'articulent les dimensions culturelles et physiques au sein du concept de paysage", note le professeur.

"Il faut voir le paysage avec ses composantes culturelles, sociales et politiques", déclare Philippe Poullaouec-Gonidec, professeur à l'École d'architecture de paysage et titulaire de la Chaire en paysage et environnement.

Outre l'apport de Philippe Poullaouec-Gonidec, quatre autres professeurs - Gérald Domon, Bernard St-Denis, François Tremblay et Danielle Routaboule - de l'École d'architecture de paysage assurent l'enseignement donné pendant l'Université d'été à Métis, en collaboration avec Cécile Rialland, professeure à l'Université de Tours. Alexander Reford, directeur des Jardins de Métis, et Euchariste Morin, du ministère de la Culture et des Communications, ainsi que divers acteurs des secteurs privé, public, parapublic et communautaire contribuent également à cette formation en architecture de paysage.

Projets gagnants
Un concours clôture chacun des ateliers de formation intensive d'une semaine. Voici les projets gagnants de l'atelier Jardins de Métis: "Les pieds dans l'eau", de Patrick Laforest et Antoine Crépeau; "Parure métissée", de Stéphanie Desmeules et Aron Wallis; "Ombre et lumière", de Carole Quévillon et Pascal Charron. Deux mentions spéciales ont aussi été décernées par le jury: la première revient à Caroline Rolland et Claudia Gaudreault pour leur parterre intitulé "Lumière sur mer" et la seconde à David Carrier et Sylvie Archambault pour "Le temps circulaire". "Ces étudiants ne sont pas les seuls à avoir du talent. Tous les projets présentés étaient intéressants. Le jury a eu de la difficulté à trancher", lance le professeur, qui a suivi chaque étape du processus créateur.

Dominique Nancy



L'évolution des paysages sur cédérom

"Il y avait là, jadis, un village", dit Philippe Poullaouec-Gonidec en montrant sur l'écran d'ordinateur une photo où seul un étroit chemin figure. Et pour appuyer ses propos, le chercheur clique aussitôt sur une autre image. Elle représente le même lieu mais à un intervalle de temps différent. Constatation: un village tout entier a bel et bien disparu!

Cette mise en relation d'images est rendue possible grâce au Système de monitoring visuel des paysages (SMVP). Conçu par la Chaire en paysage et environnement, le cédérom réunit un ensemble de connaissances telles que des données iconographiques, cartographiques, audionumériques et textuelles sur certains sites pilotes au Québec.

Le SMVP met l'accent sur la dimension didactique en facilitant l'accès à l'information et la compréhension des phénomènes de disparition, de mutation et de persistance paysagère. L'outil ne fait pas que révéler la mémoire des lieux ou la persistance de certains éléments du milieu, il est conçu pour contribuer à la gestion des paysages québécois et faciliter les choix d'aménagement. "Mais il ne conditionne pas l'interprétation des faits, n'impose pas une lecture unique de la réalité et, surtout, ne cherche pas à dicter la nature des interventions", précise M. Poullaouec-Gonidec. Le suivi des paysages tel qu'il a été conçu par le SMVP favorise plutôt les discussions et les échanges nécessaires à l'émergence de projets collectifs.

Dans cette même perspective, la Chaire en paysage et environnement présente, les 23 et 24 septembre, au grand amphithéâtre de la Faculté de l'aménagement, un colloque international consacré aux enjeux actuels, à la maîtrise de l'évolution des paysages québécois et à leur gestion qualitative. C'est d'ailleurs à ce forum de discussion qu'aura lieu le lancement officiel du cédérom SMVP.

D.N.



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