FORUM - 17 AVRIL 2000DES NOUVELLES... du CEPSUMApprivoiser le vertige
Au premier regard, le mur d'escalade du CEPSUM a l'allure d'une vaste peinture impressionniste, doté de multiples points de couleur et de formes différentes. On distingue bientôt des personnages tout aussi étranges, avec des mouvements qui rappellent les figures ornant des fresques égyptiennes. Ils s'agrippent aux "prises" (les points colorés) et grimpent lentement jusqu'à toucher le plafond à une hauteur qui ferait frémir toute personne atteinte de vertige. Pierre Quenneville est de ceux qui n'ont jamais aimé les hauteurs. Et pourtant, cinq fois la semaine, il s'accroche aux prises, amorçant une lente ascension qui se termine par une rapide descente, suspendu à une corde. "L'escalade, c'est le goût du défi, lance-t-il après un moment de réflexion. Et c'est ce qui va finir par me perdre", ajoute-t-il avec le sourire d'un pince-sans-rire. Éditeur d'ouvrages littéraires, ce diplômé de la Faculté de musique est l'aîné des grimpeurs rassemblés au pied du mur d'escalade. "Grimper, c'est exigeant. Il s'agit essentiellement d'organiser sa dépense d'énergie", explique-t-il tout en surveillant les autres grimpeurs. Il observe la technique d'un spécialiste d'escalade dont il a déjà suivi les cours. "Il s'appuie sur les pieds avant de saisir une prise avec ses doigts. Plus on travaille avec les pieds, plus on économise les bras", précise-t-il. Apercevant une grimpeuse qui semble dans une position précaire, il explique qu'elle grimpe simplement de côté, de façon à se reposer. À quelque neuf mètres dans les airs... La hauteur des voies Pierre Quenneville estime que l'escalade lui permet d'augmenter sa capacité de travail comme éditeur. "L'escalade me procure une détente essentielle à mon métier", dit-il tout en se frottant les mains pour se préparer à grimper de nouveau. Paradoxalement, Pierre Quenneville n'aime pas les hauteurs. "En fait, j'ai une fichue peur des hauteurs. C'est très ancré, ce genre de peur. Pendant la crise du verglas, j'ai dû monter sur le toit de ma maison pour enlever de la neige. Ce fut l'enfer." C'est un professeur de taï chi qui lui a conseillé de pratiquer l'escalade. Mais il n'était pas convaincu que c'était une activité qui lui conviendrait, loin de là. "Quand vous avez peur de monter sur un escabeau..." Il a d'abord suivi des cours au CEPSUM. Le premier soir, rendu à la ligne rouge, située à quelques mètres de hauteur, la panique s'est emparée de lui. "Il m'a fallu trois semaines pour grimper jusqu'en haut", avoue-t-il en levant les yeux au ciel. Aujourd'hui, il grimpe jusqu'au plafond plusieurs fois chaque soir. La concentration "Le plus grand adversaire du grimpeur, c'est lui-même. Il faut beaucoup de concentration. Ça ressemble au métier d'éditeur", souligne-t-il en laçant ses "chaussons d'escalade", des chaussures en caoutchouc très adhérentes et qui serrent bien le pied. Tous les grimpeurs portent à la ceinture un petit sac de poudre de magnésie de façon à neutraliser l'humidité sur les doigts pour empêcher qu'ils ne glissent sur les prises. C'est un sport où l'adepte est sujet à certaines blessures comme les tendinites aux doigts et aux épaules s'il n'est pas prudent. Pierre Quenneville exécute un mouvement de "crochetage", véritable acrobatie sollicitant à peu près tous les muscles du corps et qui lui a valu un sérieux mal de dos il y a quelques mois. Pour l'instant, Pierre Quenneville pratique son sport à l'intérieur, mais il envisage des sorties. Ce ne sera probablement pas l'escalade du cap Trinité au Saguenay, exploit qu'a réalisé son partenaire au CEPSUM. À plus de 300 mètres dans les airs, suspendu dans le vide, sans trop savoir où se trouve la prochaine prise, Pierre Quenneville se sentirait pour le moins inconfortable malgré le point de vue unique sur le paysage environnant. Un mur à la hauteur Deux niveaux de cours (pour débutants et pour personnes accréditées) sont offerts pour parfaire les notions d'escalade sur paroi artificielle. Le matériel requis (cordes, cuissards, plaque-freins et souliers) est aussi disponible sur place. |