FORUM - 17 AVRIL 2000
Courrier
Censeurs et sophisme
Dans le Forum du 3 avril 2000, André Martens
"remet les horloges à l'heure juste". Il s'en
prend aux "censeurs" adversaires du contrat Pepsi-UdeM
et aux adversaires de l'affichage publicitaire à l'intérieur
des murs de l'Université.
Après avoir remis en question la "capacité
de déduction scientifique" de ces "censeurs"
et tourné en ridicule l'action personnelle de l'un d'eux,
il entend démontrer le contraire de ce que pensent ces
"censeurs"; cela, il nous le fait supposer sous le
sceau de la méthode de "déduction scientifique".
J'entends pour ma part réfuter sa thèse principale,
qui se résume à ceci: le contrat d'exclusivité
apporte de "l'argent frais". Or, le contrat d'exclusivité
ne limite pas la liberté d'enseignement. Donc, le contrat
d'exclusivité est acceptable.
Pour ne pas être un sophisme, cet argument doit de plus
supposer que ce qui ne limite pas la liberté d'enseignement
est de fait automatiquement une chose acceptable, ce qui bien
sûr n'est pas le cas. Il suffit d'un seul contre-exemple
pour rendre l'argument non valable. En pratique, ils sont légion.
Par exemple, la circulation libre dans les murs de l'Université
de drogues dures ne serait sûrement pas jugée acceptable
par la presque totalité de la communauté universitaire,
ce qui ne gênerait pourtant en rien la liberté d'enseignement.
Exemple trop extrême? Mais où est la borne entre
ce qui est extrême et ce qui ne l'est pas? Cette borne,
elle varie avec l'idéologie. Les uns refusent de se promener
avec les lettres N, I, K et E dans le dos, d'autres le font.
Qui a raison?
L'argumentation de M. Martens est un sophisme, elle ne prouve
rien. Pour ma part, je crois que prouver (certains parlent de
déduction scientifique) l'acceptabilité de ce contrat
d'exclusivité ou sa non-acceptabilité est quelque
chose d'illusoire. Une telle affirmation peut prêter à
sourire; c'est pourtant à ce genre d'exercice que s'est
prêté M. Martens.
Paul-Étienne Ouellette
Étudiant, Études allemandes
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