FORUM - 17 AVRIL 2000Le doyen musicien
Mozart violoniste? Cela ne devrait pas étonner le mélomane puisque, dès l'âge de six ans, le prodige pouvait interpréter n'importe quelle partition de l'instrument. Il le démontra en 1762 lorsque, durant une répétition à laquelle prenait part son père, Léopold - par ailleurs l'un des grands violonistes de son temps -, il exécuta la partie du second violon d'un trio de Wenzl, oublié depuis. Wolfgang n'avait jamais suivi de cours de violon et voyait les partitions pour la première fois. Il a joué ainsi six trios. "Bien qu'il ait utilisé des positions non traditionnelles et maladroites, il parvint à tout jouer sans s'arrêter", raconte un témoin. Sans cesser de se produire comme violoniste, puis de plus en plus comme pianiste, Mozart composera 16 sonates pour ces deux instruments. Le violoniste Jean-François Rivest, professeur à la Faculté de musique, et David Breitman, pianiste et pianofortiste, livrent l'intégrale de ces sonates dans un coffret qui vient de paraître chez Amberola, sous étiquette UMMUS. À noter, la partie du clavier n'est pas interprétée sur un grand Steinway mais sur un pianoforte à la sonorité semblable à ce que Mozart entendait lui-même au 18e siècle. Quant à Jean-François Rivest, il démontre dans cette réalisation une autre facette de son talent. Le chef de l'Orchestre de l'Université de Montréal est en effet un violoniste solo hors pair, en plus d'être un excellent directeur artistique et un pédagogue accompli comme en témoigne le prix d'excellence en enseignement qu'il a reçu l'an dernier. Relance d'UMMUS L'enregistrement sous étiquette UMMUS, précise M. Poirier, est exclu du budget de fonctionnement de la Faculté de musique. Il s'agit en quelque sorte de disques financés par ceux qui les font. "C'est une excellente façon d'assurer le rayonnement des activités de la Faculté, dit le doyen. Cela nous permet notamment de joindre une grande clientèle potentielle." Lui-même claveciniste et organiste de renom, Réjean Poirier a participé, avec l'ensemble Da Sonar, à un enregistrement dans la collection Classique. L'ensemble, qui a effectué des tournées au Québec et en Belgique, a rassemblé des sonates à trois violons des 16e et 17e siècles de compositeurs comme Gabrieli, Purcell et Telemann. On y trouve l'un des meilleurs vendeurs de la musique baroque, le Kanon, de Johann Pachelbel (1653-1706). Le doyen, qui vient d'une famille de Joliette comptant neuf enfants, s'est intéressé au piano vers l'âge de 10 ans grâce à l'un de ses frères qui lui en a montré les rudiments. Aujourd'hui, son temps se partage entre le clavecin et l'orgue, et il ne saurait dire lequel il préfère toucher. Quoi qu'il en soit, l'année Bach occupe beaucoup le musicien. Il participe notamment à l'intégrale de l'oeuvre pour orgue de l'éminent compositeur dont on fête en 2000 le 250e anniversaire de la mort. Il se produira en juin prochain à la cathédrale Christ Church. Il interprétera aussi quatre concertos pour clavecin de Bach avec l'ensemble Les violons du roy. Alan Belkin, professeur à la Faculté de musique et compositeur, a également gravé un disque compact sous étiquette UMMUS. Le Quatuor Alcan, Jean Saulnier, Peter McCutcheon et Olivier Thouin ont participé à la création des oeuvres du musicien. Mathieu-Robert Sauvé |