FORUM - 24 JANVIER 2000  

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Aider les skieurs en difficulté... et les naufragés de l'informatique

L'informaticien André Thibodeau consacre ses loisirs à la Patrouille canadienne de ski.

André Thibodeau est informaticien au service du Fonds de développement depuis 11 ans. Lorsque la fin de semaine arrive, il sillonne les pistes de ski des Laurentides à titre de patrouilleur. Il s'occupe des communications à la Patrouille canadienne de ski et édite un bulletin mensuel, L'infozone.

Aïe! Je crois que je me suis fracturé le genou!"

Joint à l'émetteur-récepteur portatif par un collègue, André Thibodeau ne mettra que quelques minutes avant de parvenir au milieu de la piste Caribou, sur le mont Habitant, où le journaliste de Forum simule une blessure très douloureuse. Suivant le protocole de la Patrouille canadienne de ski, l'informaticien au service du Fonds de développement s'approche et pose une série de questions pour juger de la gravité du mal: "Quel est votre nom? Sommes-nous en avant-midi ou en après-midi? Où sommes-nous?"

Les facultés mentales du blessé ne sont pas (visiblement) atteintes. En tout cas, il peut répondre à ces questions, ce qui élimine la possibilité de la commotion cérébrale. Le patrouilleur procède alors, de ses mains adroites, à l'immobilisation de la jambe. Le genou est maintenu dans la position initiale grâce à une attelle, et le blessé ne ressentira aucun malaise durant toute la descente dans la luge de secours.

Pour le directeur des communications de la zone laurentienne de la Patrouille canadienne de ski, qui pratique la glisse depuis l'âge de trois ans, cette simulation n'est qu'une simple routine. Régulièrement, avec d'autres bénévoles, des séances similaires sont organisées afin de permettre aux membres de l'équipe de tenir leurs connaissances à jour. Le matériel est évalué, les consignes précisées, puis c'est le retour sur les pistes.

Un véritable blessé
Quelques instants plus tard, au moment où André Thibodeau s'apprête à prendre le remonte-pente, un véritable accident est signalé sur la piste Cabane. Pas une minute à perdre.

Cette fois, c'est sérieux. L'homme, un sexagénaire peu aguerri, a manqué son virage et percuté un arbre. Sa clavicule a pris le choc, et l'on craint une atteinte à la colonne. Mais le blessé est calme. Avant d'entrer dans l'ambulance, il loue le professionnalisme de ses sauveteurs. Il n'a ressenti aucune douleur depuis que ceux-ci l'ont pris en main.

"Notre salaire, c'est ça: la reconnaissance", lance André Thibodeau au journaliste en replaçant le matériel de sauvetage.

En effet, le patrouilleur n'est pas payé pour les quatre journées de service qu'il doit assurer chaque mois. Pour obtenir son uniforme, il doit même payer annuellement une centaine de dollars de prime d'assurance. Quand il termine avec succès les 75 heures de formation, il reçoit un manteau officiel portant l'écusson de la croix jaune sur une feuille d'érable. C'est son laissez-passer pour les remonte-pentes de la plupart des centres de ski du Canada. Les patrouilleurs doivent le revêtir uniquement au cours des journées de patrouille et le remettre à l'organisme s'ils démissionnent.

André Thibodeau possède ce fameux manteau depuis sept ans. Il prend son rôle à coeur et signale, en passant, que l'organisme est toujours à la recherche de bénévoles (renseignements: 514-352-5820). Les 500 patrouilleurs de la zone laurentienne sont actifs durant les quatre saisons, assurant la sécurité dans des événements spéciaux où le nombre de participants augmente les risques de blessures. C'est la Patrouille canadienne de ski, par exemple, qui a veillé à la sécurité au cours des deux rallyes cyclistes de Médecine Relève 2000, tenus en septembre 1998 et 1999.

Informaticien dans la vraie vie
André Thibodeau, c'est aussi un sauveteur d'occasion pour la cinquantaine d'employés du Fonds de développement. "On m'appelle en général quand ça va mal", dit en souriant le coadministrateur du réseau informatique.

Un employé qui pense avoir perdu un document ou qui voit apparaître un message ambigu manifeste parfois une grande nervosité. Il y a même des gens qui veulent tout casser. Souvent, le problème n'est pas grave. "Nous recevons régulièrement des nouveaux logiciels; qui prend le temps de lire le manuel?" demande simplement l'informaticien.

Il faut dire que cet autodidacte s'intéresse à l'informatique depuis les années 1960, alors que le phénomène se limitait aux cartes perforées. Il s'est donc spécialisé dans ce domaine bien avant qu'on entende parler du bogue de l'an 2000. Des emplois chez Provigo, Draco, Voyageur et Cytronics lui ont donné une expérience de programmeur, puis de directeur des opérations. Quand on a fait appel à lui au Fonds de développement, il y a 11 ans, ses services n'étaient requis que pour la campagne des années 1990. Avec la généralisation des outils informatiques, l'expertise d'André Thibodeau est devenue incontournable. Mais il demeure humble. "Quand j'arrive sur les lieux et que la personne s'exclame: 'Ah, mon Dieu! Vous voilà', je lui réponds qu'elle exagère."

Il n'en demeure pas moins que la bonne humeur et la disponibilité de ce "sauveur" sont grandement appréciées.

Quand il n'est pas sur les pistes de ski - ou sur son vélo, l'été -, André Thibodeau pratique différents sports. Mais durant ses loisirs, une bonne part de son temps a toujours été consacrée au bénévolat.

C'est d'ailleurs par l'intermédiaire du scoutisme qu'il a rencontré sa compagne, Hélène Cormier, il y a 19 ans. Mme Cormier a travaillé pendant plus de 10 ans à l'Université de Montréal.

André Thibodeau et sa conjointe ont élevé deux enfants: Nadia, 30 ans, et Pascal, 25 ans. Ils sont les grands-parents des trois filles de Nadia: Jessica, Sara-Ève et Laura-Kim. De futures patrouilleuses?

Mathieu-Robert Sauvé



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