FORUM - 24
JANVIER 2000
Courrier
Réanimation
cardiorespiratoire et bouche-à-bouche
À propos de
muséologie
Bourses du CRSH:
modalités de versement contestées
Réanimation cardiorespiratoire et bouche-à-bouche
|
Raoul Daoust |
Autre réaction à l'article
paru dans Forum le 13 décembre
dernier
M. Sauvé a assisté à
ma présentation sur les controverses en réanimation
destinée à des médecins. Je suis d'accord
avec la majorité des faits qu'il rapporte, mais certaines
des conclusions qu'il tire de cette conférence sont erronées
ou nécessitent des précisions. Il est important
de comprendre que toute cette discussion concerne les victimes
de mort subite (un patient qui fait un arrêt cardiorespiratoire
subitement avec peu ou pas de signes avant-coureurs, donc probablement
secondaire à une arythmie), ils sont une cause importante
d'arrêt cardiorespiratoire.
M. Sauvé écrit: "[...]
la respiration artificielle achève la victime [...]."
Or, il n'y a aucune étude chez l'humain qui démontre
que le bouche-à-bouche est nocif. Par ailleurs, chez le
patient victime d'une mort subite, le bouche-à-bouche
ne semble pas modifier les chances de survie; dans toutes les
autres situations, le bouche-à-bouche est possiblement
utile, surtout chez les enfants, les victimes de noyade et d'arrêt
secondaire à une cause respiratoire évidente (étouffement,
asthme, etc.).
Il est clairement démontré que,
dans les cas de mort subite, les manoeuvres de réanimation,
sauf le choc précordial (coup de poing au sternum), ne
sont utiles que si un défibrillateur est disponible rapidement.
Si un défibrillateur automatique est disponible, on doit
l'installer immédiatement, sinon il est essentiel d'aviser
le 9-1-1 avant d'amorcer des manoeuvres (dans certaines situations,
un choc précordial peut être fait avant d'aviser
le 9-1-1). Il est aussi bien démontré que la nécessité
de faire le bouche-à-bouche est la raison principale pour
laquelle les témoins d'un arrêt cardiaque ne font
pas de manoeuvres de réanimation incluant le massage cardiaque,
qui lui est jugé efficace.
"Depuis un an, le Dr Daoust administre
un autre médicament, la vasopressine [...]." J'ai
utilisé à quelques reprises la vasopressine qui,
lors de petites études, semble être efficace; mais
son efficacité doit être démontrée
par des études à plus grande échelle avant
d'en généraliser l'utilisation. Ce médicament
peut certainement, à mon avis, être employé
lorsque les manoeuvres initiales sont inefficaces, car l'autre
option (l'adrénaline) n'a pas prouvé son efficacité.
"Un autre médicament semble donner de bons résultats,
l'amiodarone [...]." Il faut préciser que ce médicament
est efficace uniquement dans les arrêts cardiorespiratoires
secondaires à une fibrillation ou tachycardie ventriculaire.
Ce n'est donc pas un médicament de routine pour tous les
arrêts cardiorespiratoires.
"Il faut en discuter avec les patients."
Naturellement, on parle ici de discuter avec nos patients très
malades et âgés de l'utilité de faire des
manoeuvres de réanimation, qui dans leur cas précis
n'ont aucune chance de mener à une survie avec une qualité
de vie minimale. Ceci leur permet de mourir dignement, dans le
calme, entouré de leur famille sans subir de manoeuvres
inutiles dont certaines sont invasives.
Le message important à retenir est
celui-ci: si vous êtes de ceux qui "ferment les yeux"
lorsqu'une personne est victime d'un arrêt cardiorespiratoire
parce que l'idée de faire du bouche-à-bouche vous
dégoûte, intervenez quand même. Le simple
fait d'aviser le 9-1-1 améliore les chances de survie
de ce patient. De plus, faites des compressions thoraciques qui
même sans bouche-à-bouche sont plus efficaces que
de ne rien faire. Finalement, suivez une formation. Dans ces
moments de panique, une approche systématique est nécessaire,
mais le bouche-à-bouche systématique ne l'est pas.
Intervenez.
Raoul Daoust, M.D. CSPQ
Responsable en médecine d'urgence
Département de médecine familiale, UdeM
Assistant chef, Département de médecine d'urgence
Hôpital du Sacré-Coeur
N.D.L.R.: En intitulant sa conférence "Controverses
en réanimation cardiorespiratoire", le Dr Raoul Daoust
pouvait s'attendre à ce qu'un journaliste se trouve dans
la salle.
Même s'il n'a pas affirmé
que le bouche-à-bouche "achève la victime"
- j'en prends la responsabilité -, le médecin a
cité une étude menée sur le cochon et parue
dans Circulation en 1993 ("Bystander
cardiopulmonary resuscitation: Is ventilation necessary?";
1993, p. 1907-1915) où les auteurs concluent que le taux
de mortalité est deux fois supérieur quand la ventilation
contient un taux de gaz carbonique analogue à celui d'une
expiration normale. Cette donnée a été citée
par le conférencier après une longue introduction
sur l'utilité discutable du bouche-à-bouche dans
les premières minutes de l'intervention. Il vaut mieux,
comme il le rappelle d'ailleurs, alerter sans tarder les gens
autorisés à actionner le défibrillateur.
Cela dit, le risque demeure que le sauveteur
fasse plus de tort que de bien à la victime sur le point
de mourir en renonçant au bouche-à-bouche, ce qui
va à l'encontre des directives en vigueur. Mais ce risque
n'est pas formellement démontré chez l'humain.
Mathieu-Robert Sauvé
À propos de muséologie
De nombreux membres de la communauté
universitaire ont tendance à assimiler la muséologie
aux musées d'art. Il est vrai que la maîtrise en
muséologie forme des professionnels pour ce type d'établissement
muséal. Mais le programme prépare aussi des personnes
qui travaillent dans des musées d'archéologie,
d'ethnologie, d'histoire, de sciences naturelles et de "sciences
et technologie".
Étant donné la polyvalence de
leur formation, les diplômés sont également
employés par des centres d'interprétation, des
centres culturels, des services gouvernementaux, divers organismes
engagés dans la promotion de la culture artistique ou
scientifique et des entreprises-conseils.
Colette Dufresne-Tassé
Codirectrice de la maîtrise en muséologie
Bourses du CRSH: modalités de versement contestées
J'aimerais par la présente faire part
de la situation fort ennuyeuse et humiliante que vivent depuis
le mois de septembre les boursiers du CRSH à la suite
des modalités de versement décidées par
l'Université de Montréal, qui administre, selon
les nouvelles règles du CRSH, les bourses d'excellence
accordées à ses étudiants.
L'Université de Montréal a choisi
de répartir le montant annuel de la bourse sur 12 mois
et de produire mensuellement un chèque disponible et encaissable
le premier jour de chaque mois. J'aimerais souligner que ce choix
est très contraignant et cause de nombreux préjudices
aux boursiers, ces derniers étant désormais obligés
de se présenter le premier de chaque mois s'ils veulent
encaisser leur chèque le plus tôt possible. L'Université
de Montréal reconnaît que ce mode de versement mensuel
permet de générer des intérêts sur
le montant global remis par le CRSH et de financer la gestion
des bourses. Mais je ne peux m'empêcher de croire que ce
nouveau mode de versement, qui ne fait que compliquer ma gestion
quotidienne, permet aussi à l'Université de Montréal
de faire de l'argent avec des fonds qui m'ont été
attribués à la suite d'un concours extrêmement
sélectif.
Dois-je rappeler à la Faculté
des études supérieures et à la Direction
des finances que ce chèque mensuel sert à payer
les dépenses du mois courant et qu'il est impératif
que les boursiers aient accès à cet argent le premier
de chaque mois sans avoir à se déplacer ou à
attendre le prochain jour ouvrable si le premier survient pendant
un week-end ou un congé? Dois-je rappeler que les boursiers
ont à payer leur loyer le premier de chaque mois et qu'ils
ont besoin de ce chèque pour le faire? Ces rappels concernant
la situation financière des boursiers montrent encore
une fois l'écart entre la réalité des étudiants
et la pensée administrative de l'Université de
Montréal. C'est franchement désolant d'avoir à
les faire et les refaire constamment.
Plusieurs questions me viennent à l'esprit
à la suite de cette décision:
- Pourquoi l'Université de Montréal
rend-elle si pénible et si difficile l'accès aux
fonds destinés à la subsistance de ses boursiers?
- Pourquoi l'Université de Montréal
refuse-t-elle de verser le montant de la bourse directement dans
le compte bancaire du boursier comme elle le fait pour le salaire
de ses employés ou comme le FCAR le fait pour ses boursiers?
Pourquoi, lorsque je travaille à titre de chargé
de cours ou d'assistant de recherche à l'Université
de Montréal, mon salaire est-il versé dans mon
compte, et que ce mode m'est refusé en tant que boursier?
Pourquoi s'obstine-t-on à me dire que le versement direct
est plus coûteux que l'émission d'un chèque
qui passe entre les mains d'au moins cinq personnes (dont deux
du courrier interne) avant qu'il me parvienne? Cette chaîne
humaine, qui ralentit l'encaissement du chèque, ne coûte-t-elle
pas plus cher qu'un versement direct?
- Est-ce que l'Université de Montréal
a songé aux boursiers qui habitent à l'extérieur
de la ville et qui doivent attendre parfois une dizaine de jours
avant de recevoir l'argent qui leur est dû?
- Est-ce que l'Université de Montréal
a songé aux boursiers qui doivent parfois effectuer des
séjours de recherche à l'étranger pendant
plusieurs mois tout en ayant besoin d'avoir accès à
leur argent rapidement et facilement?
- Est-ce que l'Université de Montréal
a songé qu'il est très humiliant de venir chercher
son chèque mensuellement et que l'emploi du temps des
boursiers ne leur permet pas toujours de le faire le premier
du mois?
- Est-ce que l'Université de Montréal
se rend compte que ce mode de paiement est totalement archaïque
et qu'il n'est plus du tout adapté à la réalité
professionnelle actuelle?
- Est-ce que l'Université de Montréal
traite ses boursiers respectueusement, eux qui contribuent au
"rayonnement" de cet établissement?
Le discours sur l'excellence que l'Université
de Montréal tient depuis de nombreuses années se
doit d'être soutenu par des choix et des gestes concrets
qui s'harmonisent entre eux. La situation actuelle concernant
le versement des bourses du CRSH, qui peut paraître anodine
aux yeux des administrateurs, montre une certaine indifférence,
voire un mépris, qu'il faut corriger rapidement. Les boursiers
forment un noyau d'individus qui participent activement à
la vie universitaire et il faut les traiter avec respect. Je
demande à l'Université de Montréal de revoir
dans les plus brefs délais les modalités de versement
des bourses du CRSH et lui suggère fortement de procéder
à un versement directement dans le compte bancaire du
boursier tous les six ou quatre mois.
Marc André Brouillette
Département d'études françaises
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