- NOMINATIONS
- Dixième Défi Canderel , troisième million de dollars
- TÉMOIGNAGES:
À la mémoire du professeur Pierre Jolicoeur
Hommage à Philip Coate Stratford
NOMINATIONS
Le 4 mai dernier, le Conseil de l'Université a renouvelé le mandat du doyen Patrick Vinay à la Faculté de médecine. Aussi, le Conseil a nommé récemment plusieurs directeurs de département; il s'agit de Georges Adamczyk à l'École d'architecture (Aménagement), Lise Gauvin au Département d'études françaises (Arts et sciences), Constance Naubert-Riser au Département d'histoire de l'art (Arts et sciences), Jésus-Antonio Vazquez-Abad au Département de didactique (Sciences de l'éducation) et Guy Lemire, dont le mandat est renouvelé à la direction de l'École de criminologie.
De plus, le Comité exécutif a nommé Michel Therrien, Jean-Guy Blais et Manon Théoret vice-doyens à la Faculté des sciences de l'éducation. Il a également nommé Pierre Bordeleau secrétaire de cette même faculté.
Ces nominations font suite au renouvellement de mandat de la doyenne Gisèle Painchaud (second mandat), effectué par le Conseil de l'Université en janvier dernier.
Voilà ce qu'on pouvait entendre dans les rues du centre-ville de Montréal le 7 mai dernier, à l'occasion du dixième Défi corporatif Canderel. La trentaine de coureurs venus de l'Université de Montréal s'étaient joints aux quelque 1000 coureurs qui avaient revêtu un déguisement de circonstance pour cette course sans pareille visant à amasser des fonds pour la recherche sur le cancer.
Aux porte-couleurs de l'Université de Montréal, qui comptaient pour la première fois des employés de l'opération Télécourrier (auteurs du slogan fraternel), il faut ajouter les 10 coureurs de l'Institut du cancer, qui bénéficie directement de cette campagne de financement. L'Institut a en effet recueilli la moitié des trois millions de dollars amassés depuis la première édition du Défi, l'autre moitié allant au Centre de recherche sur le cancer de l'Université McGill.
Le dixième Défi a été marqué par la présence de porte-parole prestigieux du monde du sport. Mentionnons Jean-Luc Brassard, champion de ski acrobatique, Bruny Surin, sprinter, Jean-Marc Chouinard, escrimeur, ainsi que les médaillés olympiques Myriam Bédard, Sylvie Bernier, Gaétan Boucher, Nathalie Lambert et Annie Pelletier. "Du beau monde", comme l'a dit une bénévole.
C'était la première fois que les représentants en chaussures de sport de l'Université de Montréal et de l'Institut du cancer étaient aussi nombreux à franchir les quatre kilomètres. "C'est un succès sur le plan de la participation des donateurs, a ajouté Caroline Montana, responsable des activités annuelles au Fonds de développement: 73 entreprises étaient inscrites l'an dernier, alors que nous en avons compté plus d'une centaine cette année."
Parmi les recherches que le Défi Canderel permettra d'entreprendre, on retrouve des travaux sur le lien entre alimentation et cancer et sur l'identification de nouveaux gènes associés aux cancers du sein, de l'ovaire, de la prostate et du poumon. D'autres projets pourraient bientôt voir le jour sur la chimioprévention du cancer du poumon, sur le dépistage précoce du cancer du côlon et sur le traitement du cancer de la peau.
Ces travaux sont menés par des étudiants diplômés et des stagiaires postdoctoraux.
M.-R.S.
TÉMOIGNAGES
Le professeur Pierre Jolicoeur, professeur titulaire depuis 1972 au Département de sciences biologiques, est décédé subitement le 20 mars dernier. Il allait avoir 65 ans.
Il était entré au service du Département en 1961, après des études supérieures à l'Université de la Colombie-Britannique et à l'Université de Chicago, avec le mandat d'y organiser l'enseignement de la biométrie. Dès le début de sa carrière, il a dû lutter pour que la faculté reconnaisse que l'enseignement de cette matière devait être donné chez nous par des biologistes. Si les biomathématiques ont été reconnues chez nous comme un axe majeur de développement, c'est à ses travaux de pionnier que nous le devons.
La recherche a toujours été sa première préoccupation. Il fut le premier, dans les années 1960, à adapter aux données biologiques l'analyse des composantes principales et on lui doit des articles fondamentaux sur les régressions linéaires et les relations allométriques chez les mammifères. Sa vaste culture scientifique l'amenait souvent à collaborer avec des collègues de diverses spécialités pour l'analyse statistique de leurs données de recherche. Esprit rigoureux et incisif, il était aussi exigeant envers ses étudiants qu'avec lui-même. Plus récemment, son talent pédagogique nous a donné un manuel d'introduction à la biométrie (Montréal/Paris, Décarie éditeur/Masson, 1991) à l'usage des étudiants du premier cycle. L'ouvrage en est présentement à sa quatrième édition (Montréal, Décarie éditeur, 1998) et est aussi disponible en version anglaise.
Il fut le premier directeur en titre de notre station de biologie des Laurentides (à Saint-Hippolyte) et dirigea le Département de 1973 à 1977.
De Pierre Jolicoeur nous conservons le souvenir d'un homme austère et discret, jaloux de son intimité. Il est regretté par son épouse Veronika Meinow, ses filles Lucie et Francine et son fils André.
Pierre Couillard
Professeur émérite
Département de sciences biologiques
C'est avec la plus grande tristesse que le Département d'études anglaises annonce le décès de Philip Coate Stratford, professeur à la retraite depuis 1992. Né à Chatham (Ontario) en 1927, M. Stratford a fait ses études de troisième cycle à Paris (1954) et a commencé sa carrière universitaire à l'Université de Western Ontario. Nommé professeur à l'Université de Montréal en 1965, il s'est distingué pendant plus de 30 ans comme traducteur, chercheur et pédagogue.
Ses activités de traducteur et de comparatiste ont fait de M. Stratford l'intermédiaire privilégié entre les deux littératures nationales. Il a fait connaître au monde anglophone une variété de voix québécoises, dont celles de Félix Leclerc, André Laurendeau, René Lévesque et Antonine Maillet mais aussi celles de Claire Martin, Diane Hébert et Robert Melançon. Il a été finaliste du Prix du Gouverneur général pour la traduction du français à l'anglais de Peinture aveugle, de Robert Melançon, et de Crache à pic, d'Antonine Maillet, en 1986 et 1987, et il a reçu ce prix pour sa traduction de Un second souffle (Second Chance), de Diane Hébert.
Reconnu pour ses réflexions sur la théorie de la traduction, M. Stratford a su garder un sens de l'humour aussi bien qu'une distance critique envers sa discipline. Il lui plaisait de faire remarquer à ses collègues qu'un des anciens sens du mot "traduire" était "faire de la contrebande". Certes, avec ses traductions, Philip Coate Stratford a fait traverser les frontières de la langue et de la culture à de multiples productions de l'esprit du Québec et de l'Acadie.
L'importance de sa contribution comme traducteur a d'ailleurs été soulignée par le colloque international "Aux Canadas", organisé en son honneur en 1993 à l'occasion de sa nomination à titre de professeur émérite.
M. Stratford s'est également distingué dans le domaine des études littéraires en se taillant une réputation de comparatiste et de spécialiste de la littérature canadienne. L'objet principal des recherches de M. Stratford a toujours été le point de rencontre entre deux langues, entre deux cultures, entre deux façons de concevoir l'expression littéraire. Ses études comparatives de l'oeuvre de Graham Greene et de François Mauriac (Faith and Fiction) ainsi que du roman anglo-canadien et du roman québécois (All the Polarities: Studies in Contemporary Canadian Novels in French and English) en font foi. Il a reçu, pour ce livre, en 1986, le prix Gabrielle-Roy, décerné par l'Association des littératures canadiennes et québécoises.
Grand pédagogue, Philip Coate Stratford était particulièrement apprécié par ses étudiants pour sa passion des deux littératures canadiennes et pour l'ouverture d'esprit avec laquelle il les encourageait à se lancer dans des projets de recherche originaux. Il a formé de nombreux traducteurs, des comparatistes, des spécialistes de la littérature canadienne. Grand rassembleur, tant au sein de son département que de l'Université dans son ensemble, Philip Coate Stratford était une source d'inspiration pour tous. Son dévouement et la clarté de sa vision du rôle de l'université étaient remarquables.
Vers la fin de sa carrière universitaire et depuis lors, M. Stratford s'était tourné de plus en plus vers la création, publiant deux recueils de poèmes. Le sujet de la condition humaine y est abordé sous des angles tout à fait originaux et extrêmement révélateurs. Dans The Rage of Space (1992), le poète nous regarde (et se regarde) depuis l'espace, à des milliers de kilomètres de notre planète. Dans Verse Portraits (1997), il nous découvre sous des formes et des couleurs empruntées aux tableaux de Monet, de Cézanne et de Matisse. Le traducteur voyageur Philip Coate Stratford y poursuit donc son itinéraire, toujours à la recherche de son sujet dans deux mondes différents, mais, peut-être pour lui, semblables aussi.
Le dernier poème du recueil The Rage of Space se termine ainsi: I will never give up / asking questions / I refuse to believe / in the dark.
Quoique ces vers n'aient pas encore trouvé de traducteur, la vie de Philip Coate Stratford a merveilleusement reflété le sentiment que leur lecture suscite. Ses amis de l'Université de Montréal déplorent la perte de cet homme charmant et généreux, d'une rare élégance intellectuelle et morale. Nous garderons la mémoire de sa présence parmi nous.
Michelle Hamelin
Université de Montréal