Panayotis Soldatos |
Confiner l'Europe à la sphère marchande et, plus généralement, des relations économiques signifierait une augmentation de son déficit démocratique, de communication et d'identité. [...] Le déploiement de politiques européennes dans le champ de la culture et des langues pourrait être un élément catalyseur dans la marche vers une Europe plus proche du citoyen, plus démocratique, plus politique."
C'est l'opinion qu'exprime Panayotis Soldatos dans l'avant-propos du dernier titre de la série Études européennes, une collection qu'il dirige au sein de la chaire Jean Monnet en intégration européenne, dont il est le titulaire. Cette collection reprend les communications présentées à différents séminaires ou colloques internationaux organisés par la chaire.
La dernière publication, L'Europe des cultures et des langues: quels enseignements?, regroupe les textes de 12 analystes, professeurs et diplomates qui se sont penchés sur la problématique de l'identité culturelle dans un contexte d'intégration économique.
Pour le professeur Soldatos, "l'Europe de la culture" doit se construire non seulement sur le plan supranational, mais également à l'échelle sous-nationale des cultures régionales. Ce respect des cultures de base doit s'accompagner d'un renforcement de l'identité culturelle européenne qui permettrait aux pays membres de l'Union de mieux résister aux pressions culturelles externes tout en leur assurant une plus grande cohésion dans les débats culturels internationaux. Ceci permettrait également de contrebalancer les décisions purement économiques qui "risquent d'emporter la culture dans un sillage de libéralisation et, ensuite, d'homogénéisation".
Un débat qui ressemble étrangement à celui qui anime le Québec et le Canada et grâce auquel les acteurs d'ici pourront enrichir leur réflexion à la lumière de ce qui se fait outre-mer.
Les principaux textes de l'ouvrage portent notamment sur: les composantes du patrimoine culturel européen et le rôle de l'Union dans sa promotion; les fonctions intégratives et désintégratives des langues; la culture européenne dans le cadre du processus d'intégration; la culture par rapport aux défis de la compétitivité.
Autres titres
La collection Études européennes comporte une vingtaine
de titres dont plusieurs intéresseront les politologues
d'ici. Un ouvrage porte d'ailleurs sur une problématique
commune à l'Europe et au Canada, soit la notion d'État-nation:
L'État-nation au tournant du siècle: les enseignements
de l'expérience canadienne et européenne (1997,
346 pages).
Les actes d'un colloque organisé par la chaire Jean Monnet dans le cadre des Neuvièmes Entretiens Jacques-Cartier ont par ailleurs été publiés sous le titre L'Union européenne de l'an 2000: défis et perspectives (1997, 330 pages), un ouvrage toujours d'actualité.
La collection rassemble en outre une série de fascicules couvrant le large éventail des questions et des problématiques que soulève l'intégration européenne. Mentionnons ceux sur la protection de la vie privée en droit européen (Bernard Cahen, Union internationale des avocats, 1998), sur l'égalité hommes-femmes (Thierry Debard, Université Jean-Moulin-Lyon III, 1998), sur l'Union européenne et le Canada (Jean Roy, 1996) et sur la Russie postcommuniste (Hélène Carrère d'Encausse, Institut d'études politiques de Paris, 1999).
On peut se procurer ces publications à la chaire Jean Monnet.
D.B.
Sous la direction de Panayotis Soldatos, L'Europe des cultures
et des langues: quels enseignements?, Montréal, Chaire
Jean Monnet, 1999, 123 pages.