Vient de paraître

L'année politique au Québec en ligne

Dix ans d'information au bout des doigts

"Il manquait au Québec un outil de référence qui fasse le bilan de l'actualité politique et qui permette de retrouver rapidement des données relatives à la vie économique, sociale et politique", écrivait Denis Monière dans la toute première édition de L'année politique au Québec (1987-1988). Cette année-là, l'Accord du lac Meech, l'Accord de libre-échange nord-américain et les contrats de ventes "fermes" d'électricité québécoise avec les Américains avaient fait les manchettes. Autre fait saillant, René Lévesque suscitait des applaudissements à sa sortie de la basilique de Québec au moment d'être conduit à son dernier repos.

"Comme cela se fait en France, aux États-Unis et au Canada anglais, nous avons voulu regrouper dans une publication annuelle l'information pertinente à la compréhension de la vie politique québécoise", poursuivait le directeur du Département de science politique.

Depuis, ce projet a connu des heures difficiles, changeant trois fois d'éditeur et deux fois de directeur en plus de voir surgir un compétiteur (Québec 1998, Fides/Le Devoir). Mais il a traversé les tempêtes et demeure un outil de référence fort précieux sur la vie politique québécoise pour les chercheurs.

Grâce aux Presses de l'Université de Montréal (PUM), cette publication est diffusée gratuitement sur le Web (http://www.pum.umontreal.ca/apqc/). L'éditeur rend disponible non seulement l'édition qui vient de paraître mais la totalité du fonds. Ainsi plus de 10 ans de documents d'analyses, de tableaux, de statistiques et d'articles divers peuvent être consultés. On peut y faire des recherches par mots clés ou consulter directement les différentes rubriques: les relations extérieures, la vie parlementaire, le budget, les débats idéologiques, le mouvement syndical, les élections et référendums, etc. La dixième édition compte un nouveau chapitre sur les relations avec les peuples autochtones.

Comme le rappelle Robert Boily, directeur de la publication, la décennie couverte par les éditions successives de L'année politique a fourni beaucoup de matière à réflexion. "La question qui demeure et qu'abordent les diverses analyses de ce livre est simple: d'une part, derrière les divers changements survenus au cours des 10 dernières années, quelles sont les différences réelles introduites par le personnel politique qui a exercé le pouvoir en matière de programmes, de choix gouvernementaux, de comportements à l'égard des diverses composantes de la société? D'autre part, quelles tendances les électeurs et l'opinion publique ont-ils manifestées? Bref, ces 10 années se caractérisent-elles par une continuité ou par des ruptures?"

Dans la présentation, M. Boily rend hommage à la ténacité de Denis Monière, qui a assumé la direction du collectif jusqu'en 1996, et aux collaborateurs du Département de science politique de l'Université de Montréal. Ceux-ci ont été les plus assidus avant que s'ajoutent les collègues d'autres universités.

Le secteur des publications électroniques des PUM a dû procéder à la postnumérisation des neuf ouvrages qui ont précédé l'édition courante, car leur version électronique avait été détruite. On prévient donc le lecteur de certaines erreurs de conversion qui auraient pu se glisser pendant l'opération de reconnaissance électronique de caractères.

M.-R.S.

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Solidarité et détermination

L'an 2000 marquera le cinquantième anniversaire de la Fraternité des policiers et policières de la Communauté urbaine de Montréal. Avec environ 4000 membres, c'est aujourd'hui un syndicat puissant qui réussit à défendre efficacement les intérêts de ses membres.

Pourtant, au cours des deux dernières décennies, certaines actions de la Fraternité lui ont valu des critiques. On lui a reproché notamment de détenir un pouvoir trop considérable et de s'en servir au détriment de l'intérêt public. Qu'en est-il vraiment?

C'est à cette question et à bien d'autres encore que les auteurs ont voulu répondre en se situant dans une perspective historique. Comment la Fraternité a-t-elle pu bâtir son pouvoir de négociation? Comment s'en est-elle servie? Comment a-t-elle pu concilier la défense de ses membres avec le travail essentiel de maintien de l'ordre? Quelle a été la réaction des pouvoirs publics?

Solidarité et détermination constitue une page importante à la fois de l'histoire syndicale et de l'histoire sociale du Québec.

Les auteurs sont historiens: Jacques Rouillard enseigne au Département d'histoire et est l'auteur d'une Histoire du syndicalisme québécois (Boréal, 1989); Henri Goulet travaille au service de l'information de la CSN.

Jacques Rouillard et Henri Goulet, Solidarité et détermination, Montréal, Boréal, 1999, 365 pages.

Le génome humain: patrimoine commun de l'humanité?

"Aujourd'hui, reconnaître la complexité du génome et des relations humaines et économiques tant au niveau local qu'international exige l'élaboration d'un nouveau contrat social, un contrat qui relègue aux oubliettes les idéologies qui nous empêchent (par leurs effets politiques) de construire, de faire accepter et d'intégrer un modèle international aussi complexe que la nature elle-même."

Juriste et professeure à la Faculté de droit, Bartha Maria Knoppers consacre sa carrière à l'éthique scientifique en génétique et en médecine.

Bartha Maria Knoppers, Le génome humain: patrimoine commun de l'Humanité?, Saint-Laurent/Québec, Éditions Fides/Musée de la civilisation, 1999, 48 pages, 5,95$.

Les brouillons du coeur

"Tu dois trouver mes lettres mal écrites, mais une lettre bien écrite est préparée, toute lettre préparée n'est pas le bavardage du coeur", écrit Honoré de Balzac à sa soeur Laure le 6 septembre 1819. Un autre jour, l'écrivain s'excuse de lui envoyer des lettres mal rédigées; c'est qu'il n'a pas le temps de s'appliquer à faire des brouillons avant de s'exécuter. "Fi donc, des brouillons. Est-ce que le coeur connaît les brouillons?"

Comme le signale José Luis Diaz, de l'Université Paris VII-Denis Diderot, dans Penser par lettre, qui vient de paraître chez Fides, ces protestations "d'irrationalité et de désordre" ne sont pas rares chez les grands épistoliers. On les retrouve ici et là dans la correspondance de Stendhal ou de George Sand. "Cela faisait alors partie intégrante du code épistolaire tel qu'on le pratiquait et tel qu'on le transmettait - y compris par lettres - que d'écrire "au courant de la plume", sans trop réfléchir, en tournant le dos à l'apprêt inhibiteur de la pensée organisée."

Est-il "interdit de penser par lettre"? C'est ce que se demande le chercheur dans son texte, reprenant une idée dominante dans les manuels de correspondance et chez les critiques littéraires. Mais chose certaine, le style épistolaire suscite des recherches en études françaises. La lettre n'a pas d'âge, et il importait, pour les participants à un colloque sur ce thème en mai 1997, dont les textes sont ici revus et corrigés, de réfléchir sur cette forme d'écriture à travers les siècles et dans des espaces différents. Benoît Melançon, professeur au Département d'études françaises et spécialiste de Diderot, a dirigé la publication.

Les auteurs québécois et français prennent position. Qu'il s'agisse de s'interroger sur la société, de se trouver des interlocuteurs ou d'élaborer une réflexion à deux, la lettre permet de penser.

Benoît Melançon (dir.), Penser par lettre, Montréal, Fides, 1998, 384 pages, 29,95$.

Nouveautés dans la Bibliothèque du Nouveau Monde

Cette collection prestigieuse rassemble, en éditions critiques, les textes fondamentaux de la littérature québécoise depuis les débuts de la Nouvelle-France jusqu'à nos jours. Elle est issue d'un vaste projet de recherche - le Corpus d'éditions critiques - qui vise à assurer l'authenticité des oeuvres et leur lisibilité.

Les oeuvres publiées dans la Bibliothèque du Nouveau Monde correspondent aux genres pratiqués à diverses époques: la relation de voyage, le roman, la poésie, le journal, le conte, la nouvelle, l'essai, la correspondance, la satire, la polémique, le théâtre, la chronique.

Soigneusement établis d'après les sources manuscrites ou imprimées, les textes s'accompagnent de variantes, qui permettent d'en retracer la genèse, et de notes explicatives, qui puisent à tous les domaines de connaissances pour enrichir la lecture.

Contes de Jacques Ferron
Écrits sur une trentaine d'années, entre 1942 et 1975, sans souci apparent d'unité, les contes de Ferron sont marqués au coin d'une même vision du monde et d'une même vérité.

Des 71 contes que rassemble l'édition critique dans la Bibliothèque du Nouveau Monde, seulement 44 ont paru en recueils: les autres sont inédits ou proviennent de périodiques où l'auteur les a dispersés.

Professeur de littérature médiévale à l'Université Laval, essayiste, romancier, traducteur, Jean-

Marcel Paquette est l'auteur du premier ouvrage consacré à l'ensemble de l'oeuvre de Jacques Ferron (Jacques Ferron malgré lui, 1970; réédition, 1978); depuis, il n'a cessé de s'intéresser à cette oeuvre.

Jean-Marcel Paquette, Jacques Ferron, Contes, Les Presses de l'Université de Montréal, 388 pages, 40$.

Poèmes en prose de Marcel Dugas

On l'a surnommé "le Mallarmé et le Monet de la prose canadienne". Marcel Dugas a pratiqué la poésie, sous la forme du poème en prose, comme une vocation et la critique comme un devoir de l'amitié. Tout ensemble disert et secret, il multipliait les pseudonymes mais livrait son âme à nu dans chacun de ses textes. "Plus de cris grandiloquents, plus de patriotisme larmoyant", déclarait-il, la poésie doit "exprimer des vérités éternelles avec un rire de comédien tout prêt à jaillir".

Marc Pelletier, professeur au Collège de l'Outaouais, est l'auteur d'une thèse de doctorat sur le poème en prose en littérature québécoise. Il a publié des articles sur Roland Giguère et sur Gilles Archambault ainsi que de nombreux comptes rendus de recueils de poèmes.

Marc Pelletier, Poèmes en prose, Les Presses de l'Université de Montréal, 594 pages, 55$.