Bertrand Desjardins présente les 47 volumes du Répertoire des actes de baptême, mariage et sépulture du Québec ancien. Le tout est maintenant accessible sur Internet ou sur cédérom (à sa droite, sur la pile). |
Depuis le 1er mai, les généalogistes en herbe peuvent partir à la recherche de leurs racines sans bouger de chez eux. Le Programme de recherche en démographie historique (PRDH) permet en effet, pour 24,95$ par mois, la consultation sur Internet de sa plus célèbre base de données, le Répertoire des actes de baptême, mariage et sépulture du Québec ancien.
"La généalogie est un loisir extrêmement populaire partout dans le monde, dit Bertrand Desjardins, chercheur au PRDH et responsable de la base de données. On compte au Québec des milliers d'amateurs. Le site vient d'atteindre son million de visiteurs."
Récemment, le démographe Hubert Charbonneau a eu une autre preuve de cet engouement populaire lorsqu'il a donné une conférence à Trois-Pistoles. La salle était remplie à craquer. Tout cela n'est que la pointe de l'iceberg, car on trouve des passionnés de généalogie aux quatre coins du globe.
700 000 actes
Avec son collègue Jacques Légaré, M. Charbonneau
a élaboré cette base de données qui compte
quelque 700 000 actes de baptême, mariage et sépulture
répertoriés entre le début du peuplement
et 1799. Ils ont entrepris le travail de classement durant les
années 1960, bien avant le branchement en réseau
des premiers ordinateurs. Le Répertoire a immédiatement
connu du succès auprès des généalogistes
amateurs. Les 47 volumes de la première édition,
publiée aux Presses de l'Université de Montréal,
étaient destinés aux établissements; ce sont
les particuliers qui ont été les meilleurs clients.
Pourtant, le prix de la collection ferait frémir n'importe quel profane: 4500$. D'autant plus qu'une version sur cédérom, qui vient d'être lancée au coût de 2500$, compte près de deux fois plus de matière. Mais on se réjouit de ce succès puisque les profits sont une source de financement pour la recherche en démographie.
À l'origine, le Répertoire avait pour but de reconstituer la population du Québec. Mais par la suite, d'autres possibilités de recherche sont apparues. Elles ne concernaient plus seulement le Québec mais l'étude des populations humaines en général.
La "fécondité naturelle" en est un exemple. En l'absence de moyens de contraception, les femmes ont-elles tendance à avoir leurs enfants l'été ou l'hiver? À quel âge sont-elles plus fécondes? Combien d'enfants ont-elles? Combien de jumeaux? "Le Québec, rappelle Bertrand Desjardins, est un paradis terrestre pour la recherche en démographie. Nous possédons des registres précis dès les débuts de la colonisation; peu de gens sont sortis du territoire; la population a vécu de façon relativement fermée..."
Trois modes de consultation
L'informatique n'a pas servi qu'à sauver quelques épinettes
destinées à l'industrie papetière. Elle a
aussi permis de nouvelles possibilités d'exploitation de
la base de données. L'internaute trouvera trois modes de
consultation: le répertoire des actes d'état civil,
le dictionnaire généalogique et le répertoire
des unions et filiations.
Alors que les répertoires donnent accès aux données brutes, le dictionnaire généalogique permet de retracer la vie du pionnier. On y trouve la date et le lieu de chacun de ses mariages, le nom de chacun de ses enfants et tous les actes qui le concernent. On peut même cliquer sur un dictionnaire de standardisation des noms. Ainsi les nombreuses fautes d'orthographe commises par les curés de village peuvent être retrouvées. On peut voir un peu plus clair dans les "Le Bourdais" devenus Le Bordas, Lebourdois ou Lebourdet.
Il devient possible de savoir si Pierre Tremblay né telle année est le même que celui qui meurt chez sa fille 60 ans plus tard et qui s'est marié trois fois dans autant de paroisses différentes.
"C'est la joie pour n'importe quel généalogiste", laisse tomber Bertrand Desjardins, qui précise que ce genre de recherches peut nécessiter des heures et même des jours dans les centres de documentation des archives nationales.
De plus, à la différence des archives imprimées, cette banque de données n'est pas immuable. Constamment, des travaux viennent la modifier. Jacques Légaré a dû lui-même refaire une partie de son arbre généalogique quand il a appris qu'un de ses ancêtres n'était pas né en Nouvelle-France mais bien dans les vieux pays.
Penser à tout
Maintenant que tout est en place, les responsables se croisent
les doigts. Avant de diffuser une telle source d'information,
il fallait penser à tout.
Le tarif individuel a été fixé à 24,95$ par mois, mais on a dû imposer un maximum de 500 consultations. "C'est amplement suffisant pour mener des recherches personnelles", précise Bertrand Desjardins.
Le tarif institutionnel sera plus élevé mais permettra un plus grand nombre de consultations. Le PRDH invite les personnes intéressées à s'abonner pour une période prolongée de façon à bénéficier d'un rabais de lancement. L'adresse est la suivante: <http://www.genealogie.umontreal.ca>.
Mathieu-Robert Sauvé