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Voir plus clair dans le glaucome

John Lovasik obtient le prix de l'American Optometric Foundation pour ses travaux sur le glaucome.

John Lovasik indique l'endroit où se coince le nerf optique lorsque la pression à l'intérieur du globe oculaire est trop élevée. Cette pression entraîne l'atrophie du nerf et la perte progressive de la vision.

Alors qu'on attribue généralement la cause du glaucome à une trop forte pression à l'intérieur du globe oculaire, les travaux de John Lovasik, professeur à l'École d'optométrie, montrent qu'un faible débit sanguin dans les vaisseaux alimentant les diverses parties de l'oeil peut être une cause tout aussi importante de cette maladie.

"Lorsque la pression oculaire est trop élevée, le nerf optique est coincé et finit par s'atrophier, explique le professeur. Ceci entraîne une perte graduelle de la vision périphérique qui peut aller jusqu'à la cécité complète si le problème n'est pas traité. C'est ce que nous appelons le glaucome. Mais il existe d'autres facteurs puisque l'oeil continue parfois de se détériorer même lorsque la pression oculaire est rétablie."

Le professeur Lovasik poursuit des recherches fondamentales et cliniques sur les système vasculaires et neuronaux de l'oeil depuis une vingtaine d'années. Dans ses travaux récents, il a cherché à comprendre pourquoi le glaucome continue sa progression même lorsque la pression est maintenue normale par des médicaments ou par une chirurgie.

Le débit sanguin
À l'aide d'un fluxmètre de type Doppler, le chercheur a mis au point une méthode non invasive qui permet de mesurer le débit sanguin à des endroits très précis des vaisseaux de l'oeil. Ses recherches sur des sujets animaux ont ainsi permis d'établir qu'une faible pression sanguine peut causer le glaucome. "Un débit sanguin trop faible ne permet pas de nourrir adéquatement les neurones de la rétine ou du nerf optique, qui finit par s'atrophier", soutient- il.

Une controverse a cours dans le milieu quant à savoir si ce ne serait pas plutôt la perte de cellules nerveuses qui entraînerait une diminution du débit sanguin, mais les travaux du professeur Lovasik indiquent un lien de causalité inverse.

Le chercheur a par ailleurs découvert deux facteurs pouvant entraîner un débit sanguin trop faible. Les personnes sujettes à une hypercontraction vasculaire, provoquée par le froid par exemple, souffrent d'hypoperfusion et sont ainsi plus à risque de souffrir de glaucome.

Le faible débit sanguin peut également être causé par le dérèglement d'un mécanisme de contrôle que le professeur Lovasik a été l'un des premiers à décrire. "Le système nerveux de l'oeil possède son propre mécanisme de vaisseau-contraction qui permet de maintenir un débit sanguin constant même lorsque nous nous penchons en avant, indique-t-il. Il arrive que ce mécanisme interprète mal le débit à maintenir et qu'il commande une baisse de pression pouvant entraîner le glaucome."

Ces connaissances ont des retombées cliniques très importantes puisque le seul test actuellement utilisé pour dépister le risque de glaucome est la mesure de la pression intraoculaire. Or, même si la pression est normale, il peut également y avoir un risque de glaucome si le débit sanguin est trop faible.

Les honneurs
L'ensemble de ces travaux a valu John Lovasik le prix Glenn A. Fry Lecture Award, que lui décernait l'American Optometric Foundation en décembre dernier. Ce prix prestigieux, mettant en compétition les 20 écoles universitaires d'optométrie d'Amérique du Nord, récompense des contributions majeures à la fois en recherche, en enseignement et en administration.

C'est en fait au professeur Lovasik qu'on doit le développement de la recherche à l'École d'optométrie de l'UdeM, un mandat qu'il a reçu lors de sa nomination comme directeur dès son entrée à l'École, en 1989. Le professeur se dit très heureux que l'honneur rejaillisse sur toute l'École puisque la plupart de ceux qui y enseignent aujourd'hui sont engagés dans des projets de recherche.

Présentement, M. Lovasik poursuit des recherches sur la mesure du niveau d'oxygène dans les vaisseaux rétiniens et du nerf optique. "Nous cherchons à établir une corrélation entre la coloration de la papille du nerf optique et la quantité d'oxygène présente dans ce tissu. Ceci nous permettrait de déterminer la quantité d'oxygène nécessaire au bon fonctionnement des tissus du globe oculaire."

Des travaux d'autres chercheurs ont montré qu'une diminution de la quantité d'oxygène n'avait pas de conséquences sur l'atrophie du nerf optique. John Lovasik veut confronter ces résultats, qui à première vue lui paraissent aberrants, avec les résultats de ses propres recherches.

Daniel Baril


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