Michel Bidégaré, du Service des sports, est aux commandes d'une surfaceuse de marque Zamboni qui, selon les toxicologues, n'émet pas de gaz toxiques à des taux supérieurs aux normes. |
Les usagers de la patinoire du Centre d'éducation physique et des sports de l'Université de Montréal (CEPSUM) peuvent respirer. "L'air y est bon. Nous n'avons trouvé que 2 parties par million (ppm) de monoxyde de carbone en moyenne, alors que la norme est fixée à 20 ppm. Quant à l'oxyde d'azote, qui présente aussi des dangers, nous n'en avons trouvé aucune trace", signale le toxicologue Luc Lefebvre, de la Direction de la santé publique de Montréal.
Avec ses collègues Monique Beausoleil et Serge Gosselin, M. Lefebvre - diplômé de deuxième cycle de l'Université de Montréal et chargé de cours occasionnel à la Faculté de médecine - mène actuellement des recherches sur les émanations toxiques des surfaceuses dans 58 arénas de l'île de Montréal. L'an dernier, une étude similaire avait révélé que 70% des enceintes avaient des problèmes d'oxyde d'azote ou de monoxyde de carbone.
Les gaz traqués par les chercheurs sont produits par une surfaceuse mal entretenue et flottent au-dessus de la patinoire à cause d'une ventilation déficiente. Ils peuvent provoquer une intoxication légère ou aiguë des voies respiratoires qui se manifeste par des vomissements et des maux de tête. L'an dernier, à Québec, un tournoi de hockey Pee Wee a dû être suspendu et plusieurs joueurs ont été transportés d'urgence à l'hôpital à la suite d'une intoxication.
Ironiquement, les joueurs souffrent beaucoup plus de la mauvaise qualité de l'air que les spectateurs à cause des efforts qu'ils fournissent. Cela constitue un risque pour la santé, d'autant plus que plusieurs considèrent les malaises d'après-match comme des éléments positifs: la toux ou la migraine du joueur signifient qu'il a donné son "110%".
"Malgré nos campagnes de sensibilisation des dernières années, il semble que plusieurs arénas n'aient pas changé leurs méthodes d'entretien", déplore Luc Lefebvre, qui en est à mi-parcours de son échantillonnage. L'étude menée cette année, qui sera rendue publique d'ici la fin du mois de mars, risque de faire du bruit, car le nom des arénas sera précisé, à la différence de l'an dernier.
Le nombre d'arénas a été augmenté afin d'inclure les centres en milieu scolaire. Ainsi, les patinoires des universités Concordia, McGill et de Montréal ainsi que celle du collège McDonald ont reçu la visite des chercheurs.
La collecte des données a été effectuée le 25 janvier dernier durant les heures de plus grande affluence, soit entre 16 h 30 et 21 h 30. Mais une seconde visite, sans préavis celle-là, sera effectuée par l'équipe de toxicologues.
Prévenir les émanations toxiques dans une aréna se fait de trois façons: veiller à l'entretien de la surfaceuse, assurer une ventilation adéquate et effectuer des analyses de la qualité de l'air une fois par mois. Au CEPSUM, on a mis l'accent sur les deux premières mesures.
M.-R.S.