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Rêves et cauchemars

Le cerveau réagit plus fortement aux seconds qu'aux premiers.

Sur le moniteur du haut, Anne Germain peut observer tous les mouvements d'un sujet qui dort dans une chambre attenante au Laboratoire des rêves et des cauchemars. L'écran de l'ordinateur indique pour sa part les zones cérébrales activées lorsque le sujet entre en période de rêve ou de cauchemar.

Les zones cérébrales activées pendant nos rêves semblent avoir un rapport avec le contenu du rêve. C'est ce qu'a mis en évidence Anne Germain, étudiante au doctorat au Département de psychologie et qui poursuit ses travaux au Laboratoire des rêves et des cauchemars du Centre d'étude du sommeil de l'Hôpital du Sacré-Coeur.

En recourant à l'analyse spectrale de l'électroencéphalogramme, l'équipe de ce laboratoire a été la première à démontrer une association entre différents types de rêves et des zones d'activation cérébrale. Le professeur Toré Nielsen, directeur du Centre, et son collègue Antonio Zadra, du Département de psychologie, ont par exemple montré que l'intensité de l'activation cérébrale est différente selon qu'il s'agit d'un rêve ou d'un cauchemar.

Images hypnagogiques
Les photos tirées des analyses spectrales nous montrent que, lorsqu'on rêve, la partie centrale postérieure du cerveau est activée. "Quand il s'agit d'un cauchemar, explique Anne Germain, l'intensité de l'activation est plus forte et la zone activée s'élargit vers la partie occipitale du cerveau, là où est logé le centre de la vision."

Avec la même approche, l'étudiante a montré que des liens semblables peuvent aussi être observés dans le cas des images qui surgissent dès le début du sommeil et qui nous font souvent nous réveiller en sursaut. On parle ici d'"images hypnagogiques" plutôt que de rêve puisque le véritable rêve est plus long et ne survient que 90 minutes après l'endormissement.

"Lorsque ces images ont un contenu auditif, les régions temporales où l'on retrouve l'aire sensorielle s'activent, a-t-elle observé. Les images de mouvement et les images kinesthésiques provoquant des gestes réels du corps sont pour leur part en lien avec l'activation de l'aire centrale du cerveau associée au mouvement. Dans le cas des images hypnagogiques à contenu visuel, on observe une activation des régions frontales et centrales."

Cette dernière observation est contraire à ce qu'Anne Germain prévoyait puisque les images à contenu visuel devraient être associées à une plus haute activation des aires occipitales comme c'est le cas avec les cauchemars. Elle croit que c'est l'activation plus intense de cette partie du cerveau qui crée le cauchemar, ce type de rêve étant notamment caractérisé par des contenus visuels très intenses.

"Mais le sens de la relation causale n'est pas établi, tient-elle à préciser. Il se pourrait aussi que ce soit le cauchemar qui provoque une activation plus forte dans cette zone. La même problématique vaut pour les images hypnagogiques."

La question est d'ailleurs au coeur de ses travaux de doctorat et pour lesquels elle a besoin de sujets qui accepteraient de se livrer à l'observation de leurs rêves, notamment des gens portés à faire des cauchemars (voir l'encadré).

Ses travaux sur les images hypnagogiques ont en outre contribué à mettre en évidence que la période d'endormissement constitue une zone frontière tenant à la fois du sommeil et de l'état de veille.

"Lorsque nous réveillons les gens à ce moment, ils ont l'impression qu'ils dormaient et qu'ils rêvaient. Mais l'électroencéphalogramme montre et des ondes rapides caractéristiques du sommeil paradoxal et des ondes lentes caractéristiques de l'éveil."

Hommes et femmes
Plusieurs travaux effectués au Centre d'étude du sommeil tendent d'ailleurs à démontrer qu'on ne rêve pas seulement lors de ces périodes de sommeil paradoxal, caractérisé par des mouvements rapides des yeux. "Le sommeil paradoxal est en fait précédé et suivi de rêves, précise Mme Germain. Ces rêves ont un contenu mental identifiable, mais ils sont moins vifs et moins complexes que ceux du sommeil paradoxal, qu'on retient plus facilement."

Les études sur le sommeil et les rêves montrent aussi qu'il n'y a pas de différence entre les hommes et les femmes quant à la fréquence des rêves. Cette observation vaut également pour les rêves érotiques, contrairement à ce que certaines études ont déjà mis en évidence.

"Les différences observées étaient probablement liées à des facteurs culturels alors qu'il était tabou pour une femme de reconnaître qu'elle faisait des rêves érotiques, croit Anne Germain. Les études d'aujourd'hui ne montrent plus ces différences."

Daniel Baril


Sujets à cauchemars recherchés

Si vos séjours au pays des rêves sont assombris par des visions cauchemardesques, vous pouvez toujours en tirer quelque chose en faisant progresser la science et en joignant le désagréable à l'utile.

Le Centre d'étude du sommeil est en effet à la recherche de personnes désireuses de participer à des recherches sur le rêve et les cauchemars. "Nous voulons comparer les rêves avec les cauchemars et analyser plus particulièrement les cauchemars que font les gens ayant subi des traumatismes physiques ou psychologiques", indique Anne Germain.

Il semble que tout le monde fasse des cauchemars un jour ou l'autre, mais certaines recherches montrent que les gens plus sensibles, plus extravertis et plus perméables à leur environnement seront davantage portés à en faire que les autres.

Les personnes intéressées par une participation à ces recherches s'engagent à dormir au moins deux nuits consécutives au laboratoire du centre de recherche. En échange, elles recevront une compensation financière et un traitement qui permettra de réduire ou d'éliminer leurs mauvais rêves.

On peut joindre Anne Germain au 338-2222, poste 2783.


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