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Thérapies pour couples en difficulté

Le Service de psychologie est la troisième plus grosse clinique du genre en Amérique du Nord.

Selon Statistique Canada, près des deux tiers des enfants issus d'unions libres ont connu la séparation de leurs parents avant de fêter leur dixième anniversaire. Mariages ou pas, 20% des enfants nés en 1987 ont vu leurs parents se séparer au cours de leurs cinq premières années de vie.

Selon le psychologue John Wright, qui intervient depuis 30 ans auprès des couples en difficulté, un certain nombre de ces séparations pourraient être évitées si les services de consultation psychologique offerts à la population étaient encore capables de répondre à la demande. «Il y a eu tant de compressions dans les services sociaux que les professionnels ne reçoivent que les cas les plus lourds. Il n'y a alors presque plus d'espoir de sauver le couple.»

Souvent, dans de tels cas, les dysfonctions sexuelles, la toxicomanie et la violence conjugale s'ajoutent aux difficultés inhérentes à la vie à deux. «Pourtant, reprend le spécialiste, l'origine de l'incompatibilité conjugale est parfois un simple malentendu ou un problème de communication.»

Au Département de psychologie de l'Université de Montréal, on a acquis une expertise dans le domaine de la thérapie de couple. Au point où le Service de psychologie ouvre désormais ses portes aux couples en difficulté désireux de rencontrer un professionnel.

Pour la psychologue Doris Hannigan, responsable de cette clinique (à ne pas confondre avec le Service d'orientation et de consultation psychologique, le SOCP, des Services aux étudiants), la thérapie de couple apportera une nouvelle dimension à la gamme de services offerts.

«Comme dans une clinique médicale, les psychologues sont en quelque sorte nos "omnipraticiens". Ils renvoient au besoin les cas aux spécialistes en neuropsychologie ou en thérapie de couple. Nous développerons éventuellement d'autres volets: toxicomanie, médiation familiale», explique-t-elle.

Au troisième rang en Amérique du Nord

Au Service de psychologie, chaque année, de 200 à 400 clients sont rencontrés individuellement dans le cadre de thérapies menées par une centaine de professeurs et d'étudiants. Selon l'Association of Directors of Psychology Training Clinics, qui publie un répertoire des 150 centres similaires en Amérique du Nord, le Département de psychologie de l'Université de Montréal arrive au troisième rang quant au nombre de professeurs, d'étudiants et de clients.

Les couples seront d'abord accueillis par un psychologue chargé de faire une évaluation de l'aide qu'ils pourront recevoir. Les cas trop lourds seront immédiatement renvoyés à des spécialistes extérieurs. Dans les autres cas, les couples rencontreront l'un des quatre étudiants au doctorat reliés au Service. La thérapie proprement dite se fera sous la supervision de John Wright ou de Lise Bourgeois, cette dernière possédant une quinzaine d'années d'expérience en thérapie conjugale.

Pour Mme Hannigan, l'accessibilité des coûts est une question essentielle. Les clients paieront un total de 25$ pour une séance de 90 minutes. Par comparaison, un professionnel en cabinet privé facture de 4$ à 95$ l'heure pour une entrevue individuelle. De plus, les délais seront réduits au minimum de façon à répondre rapidement à la demande. «En une semaine, précise Mme Hannigan, la plupart des gens auront eu leur entrevue d'accueil.»

Il faut préciser que la thérapie conjugale, comme les thérapies individuelles du Service de psychologie, comprennent un volet pédagogique. Elles peuvent donc être enregistrées sur bande vidéo pour l'évaluation de la démarche des thérapeutes.

«Mariage encounter» haut de gamme?

À ceux qui trouvent que la thérapie de groupe, en particulier la thérapie conjugale, a mauvaise presse depuis quelque temps, John Wright répond que la balle est dans le camp des professionnels. «Le public a le droit d'être sceptique, dit-il. C'est aux spécialistes de démontrer leur efficacité. Environ 20% à 25% de ma clientèle est composée de couples. Selon mon expérience, les clients s'en rendent compte quand ils reçoivent une aide appropriée. C'est pour eux comme une transfusion sanguine.»

Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de charlatans, poursuit le psychologue. N'importe qui peut se présenter comme consultant en thérapie conjugale et exploiter ce créneau; les «Mariage encounter», nés aux États-Unis, ont eu le vent dans les voiles il y a quelques années. «Il y en aurait long à dire à leur sujet, soupire John Wright. Sans entrer dans le détail, disons que ce genre d'organisation bafoue plusieurs postulats de base en thérapie conjugale. Par exemple, il ne sert à rien de provoquer un "brassage émotif" chez les clients. Puis, le consultant ne doit surtout pas chercher à "vendre" sa vision des choses. Au contraire, une bonne thérapie commence par une mise au point des objectifs. Certains couples souhaitent carrément une séparation réussie...»

Cela dit, les pseudo-spécialistes peuvent avoir du succès auprès de couples qui traversent une crise légère. Il en va autrement des couples éprouvés par des deuils, des accidents ou des maladies. Ou encore pour ceux qui sont engagés dans la spirale des agressions physiques et sexuelles. Dans ces cas, mieux vaut consulter un spécialiste...

Les membres de la communauté universitaire intéressés par une thérapie individuelle sont invités à communiquer avec le SOCP. Cependant, la thérapie de couple ne se donnera qu'au Service du Département de psychologie, et tous sont les bienvenus.

Information: 343-7725.

Mathieu-Robert Sauvé


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