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Médicaments et grossesse: 300 appels par mois

La ligne Info-médicament, allaitement et grossesse sonne de plus en plus souvent.

De gauche à droite, la responsable du centre IMAGE, Lise Gauthier, le titulaire de la chaire, Jean-Louis Brazier, et la responsable du volet soins pharmaceutiques, Ema Ferreira.

Une femme enceinte qui souffre d'allergies met-elle le développement de son foetus en péril si elle consomme des antihistaminiques? Comment celui-ci réagit-il aux antidépresseurs que sa mère absorbe? Après l'accouchement, les médicaments se retrouvent-ils dans le lait maternel?

Ces questions, et bien d'autres, affluent quotidiennement au centre Info-médicament, allaitement et grossesse (IMAGE) de l'hôpital Sainte-Justine (514-345-2333). Relié à la chaire Famille-Louis-Boivin en médicament et grossesse, qui fêtait récemment son premier anniversaire, ce centre répond aux questions des professionnels de la santé du lundi au vendredi, de 9 h à 16 h. Inspiré de Mother Risk, un centre semblable situé à Toronto, IMAGE vient combler un besoin souvent exprimé dans le domaine pharmaceutique.

Comme les femmes, et à plus forte raison les femmes enceintes, ne font pas partie des échantillons traditionnels des recherches visant à tester des médicaments, les praticiens doivent pouvoir accéder rapidement à une expertise particulière. Avec un volet recherche et un volet documentation, la chaire est là pour eux.

Après avoir été pendant six mois la seule voix du centre IMAGE, la pharmacienne Lise Gauthier peut maintenant compter sur l'aide de ses collègues Ariane Maloin et Annie Pellerin. "De mai à septembre 1997, nous recevions moins de 50 appels par mois, a expliqué la porte-parole au cours d'une présentation publique des activités de la chaire. Nous en recevons aujourd'hui environ 300, et la croissance continue."

La moitié des utilisateurs de ce service sont des pharmaciens. Les médecins (25% à 30%) et les infirmières (15%) sont aussi des utilisateurs réguliers tandis que les autres spécialistes du domaine de la santé (physiothérapeutes, dentistes, etc.) composent le numéro de téléphone de façon sporadique. "Nous recevons également quelques appels de mères et nous répondons à leurs questions, mais notre intervention est résolument tournée vers les professionnels", signale Mme Gauthier.

Selon un premier bilan, les demandes concernent en majeure partie les antidépresseurs et antipsychotiques, les antibiotiques et les analgésiques. Mais cette liste n'est pas exhaustive.

Mme Gauthier signale qu'IMAGE reçoit occasionnellement des demandes d'information venant... du père. "On ne sait jamais, avant de décrocher le téléphone, à quelle question nous ferons face", signale la responsable. Pendant la crise du verglas, les pharmaciennes ont même dû se renseigner sur l'absorption du monoxyde de carbone durant la grossesse. Ces jours-ci, les questions peuvent porter sur la toxicité de la crème solaire ou de la lotion antimoustiques.

Plusieurs projets de recherche

Le titulaire de la chaire, Jean-Louis Brazier, qui fut professeur à l'Université Lyon I durant 27 ans, a rassemblé autour de lui une équipe de chercheurs pour élaborer de nouveaux tests non invasifs visant à déterminer le métabolisme des médicaments chez les femmes enceintes.

En octobre 1997, il expliquait à Forum avoir mis au point une méthode permettant de marquer un médicament avec un isotope stable (le carbone 13 ou l'azote 15) afin de suivre son évolution à l'intérieur de l'organisme.

La traditionnelle technique diagnostique pour l'ulcère de l'estomac, par exemple, consiste en une biopsie au moyen d'une sonde. Cela nécessite une anesthésie et provoque des lésions mineures. En 1990, le chercheur a mis au point un test respiratoire - le patient n'a qu'à souffler dans un tube - afin de détecter la présence de la bactérie responsable de l'ulcère grâce à la présence de CO2 marqué au carbone 13 dans son haleine.

Même si le chercheur utilise un spectromètre de masse, il ne s'agit pas de marquage radioactif parce que l'isotope marqueur est stable et sa présence est infinitésimale. Outre sa formation de pharmacien, le titulaire de la chaire possède évidemment de solides connaissances en physique. Il peut désormais compter sur un tout nouveau spectromètre de masse, installé au cinquième étage de l'hôpital Sainte-Justine.

Durant les prochains mois, les priorités de M. Brazier et de son équipe porteront sur le développement et la validation de tests respiratoires. Trois axes de recherche sont définis: la pharmacocinétique des médicaments, l'étude des passages placentaires et les impacts de la médication dans le lait maternel.

"Sur le plan de la recherche, a dit le Dr Robert Gauthier, directeur du département d'obstétrique-gynécologie de l'hôpital Sainte-Justine, le dynamisme de la chaire nous impressionne beaucoup. Elle est bel et bien lancée. À nous de la suivre."

Mathieu-Robert Sauvé


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