Émouvant concert d'adieu de Nicole Paiement |
L'OUM prépare un grand concert avec la violoniste de 17 ans Judy Kang. |
Nicole Paiement |
La jeune soliste Christine Saint-Gelais en a mis plein la vue dès le premier mouvement de la Nelsonmesse, de Joseph Haydn. Son habile interprétation du Kyrie, où lui répondait le choeur de l'Ensemble vocal de l'Université de Montréal, n'était que l'entrée en matière d'un concert mémorable marquant le départ de la directrice de l'Ensemble, Nicole Paiement.
Mme Paiement, qui prenait l'avion dès le lendemain de ce concert afin de retrouver la direction de l'Orchestre de Santa Cruz qu'elle avait suspendue pendant les deux années de son expérience montréalaise, avait choisi un programme tout indiqué: la Nelsonmesse, de Haydn, et le célébrissime Requiem, de Mozart.
Comme l'indiquait la musicologue Marie-Noëlle Lavoie dans les notes du programme, Haydn et Mozart s'estimaient mutuellement, et ce dernier aurait été fier de voir son chant du cygne influencer son aîné dans une de ses plus célèbres messes. En écoutant successivement les deux oeuvres, on constate à quel point certaines mesures du grand Haydn semblent directement sorties de la main de Mozart. Pourtant, quand Haydn écrit sa messe en l'honneur de l'amiral Nelson, en 1798, Mozart est enterré depuis sept ans. Mais son Requiem lui survivra jusqu'à l'ère d'Internet, entouré de mythes et de mystères.
On doit à Mme Paiement d'avoir mis la main sur une partition surprenante de ce Requiem, qui serait plus proche de ce que Mozart aurait écrit. L'oeuvre est quasiment la même que la version bien connue, sauf que le Lacrymosa se transforme en un Pie Jesu inattendu suivi d'une courte fugue sur Amen.
Le concert, donné à la cathédrale Christ Church le 3 avril, aura permis de faire découvrir un ensemble vocal précis et tout en nuances. Parmi les révélations de la soirée, outre Mme Saint-Gelais, la magnifique basse Martin Auclair et la soprano Geneviève Charest.
Dans un autre ordre d'idées, l'Orchestre de l'Université de Montréal (OUM) donnera le 25 avril un concert mettant en vedette la jeune violoniste Judy Kang. Âgée de 17 ans, cette virtuose d'origine canadienne mais qui vit aux États-Unis a remporté l'an dernier le concours des jeunes interprètes de Radio-Canada, un concours de haut niveau. La jeune violoniste possède, selon le directeur artistique de l'OUM, Jean-François Rivest, "une grâce que seule une grande maîtrise de l'instrument peut apporter".
Donné à l'église Saint-Jean-Baptiste, ce concert annuel sous la direction de M. Rivest proposera la Symphonie numéro 8, d'Antonin Dvorak, et le Concerto pour violon, de Johannes Brahms. Fait inhabituel, ce concert (gratuit) est coproduit par la société Radio-Canada.
De par sa vocation pédagogique, l'OUM donne chaque année la chance à de jeunes interprètes de se faire valoir à l'intérieur d'un concours maison de solistes. L'an dernier, les violonistes Antoine Lefebvre et Ariane Lajoie ainsi que la pianiste Marrelie Pirzadeh avaient remporté les honneurs. La venue de la jeune violoniste Judy Kang ne s'inscrit pas dans cette tradition, mais permettra aux musiciens de l'Orchestre de travailler avec une soliste exceptionnelle.
Jean-François Rivest, qui vient de se voir confier la coordination des grands ensembles de la Faculté (comprenant l'OUM, la Chorale, l'Ensemble vocal, la Grande Fanfare classique et l'Atelier d'opéra), a plusieurs projets en tête. "Trop tôt pour en parler", dit-il, mais on peut s'attendre à une meilleure harmonisation de leurs activités.
Par ailleurs, ce musicien de plus en plus apprécié sur la scène québécoise a été honoré par le vice-rectorat à l'enseignement pour ses qualités de professeur puisqu'il est l'un des trois lauréats du Prix d'excellence en enseignement 1998.
Mathieu-Robert Sauvé