Il y a quelque temps, le professeur Tartempion a reçu dans son courrier une liste de noms de professeurs candidats pour le représenter à l'Assemblée universitaire et au conseil de sa faculté.
Tartempion, qui connaît beaucoup de monde, mais pas tout le monde, s'est trouvé bien embarrassé au moment de faire un choix. En effet, plusieurs noms sur cette liste lui étaient inconnus; alors, pour qui voter? Il s'est alors informé auprès de ses collègues: le premier n'en savait pas plus que lui, le deuxième lui a dit qu'il allait voter selon les recommandations envoyées par le syndicat des professeurs (pas plus informatives que les documents envoyés par le secrétariat de l'Université), le troisième lui a répondu qu'il préférait, en ces circonstances, ne pas voter du tout. Tartempion s'est découragé: il n'avait pas le temps d'entreprendre une tournée des départements pour rencontrer les collègues candidats, il ne voulait pas déranger le secrétaire de l'Université pour obtenir de l'information, alors il a fermé les yeux et a voté au pif en pensant "Advienne que pourra".
Je suis un Tartempion, mon collègue est un Tartempion, nous sommes tous un peu des Tartempion. L'Université de Montréal a récemment démocratisé son processus de nomination du recteur ou de la rectrice en organisant des débats, en diffusant de l'information sur les candidats et leurs programmes. Ne serait-il pas possible qu'il en aille de même pour toute procédure de nomination, à tous les échelons? Ne serait-il pas possible que les bulletins de vote soient accompagnés, minimalement, d'un bref curriculum vitae des candidats plutôt que de la seule mention du département d'attache des candidats?
Fabienne Pironet, professeure,
Département de philosophie