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Auxiliaires d'enseignement: fin de la période de vaches maigres

Une hausse substantielle du budget alloué au personnel enseignant à temps partiel est prévue pour 1998-1999.

Michel Trahan

Mireille Mathieu

Gilbert Rodrigue

Le budget dévolu aux auxiliaires d'enseignement à l'Université de Montréal a subi une diminution de 16,6% au cours des trois dernières années, passant de 3,4 millions à 2,8 millions de dollars entre 1994 et 1997. Mais selon le vice-rectorat aux ressources humaines, les sommes versées à ces travailleurs de l'ombre seront revues à la hausse dès cette année.

"Le budget du personnel enseignant à temps partiel, d'où proviennent les fonds pour les auxiliaires d'enseignement, sera augmenté cette année. Le GREPI prévoyait en effet des compensations pour le personnel enseignant à temps partiel parallèlement à la réduction des effectifs professoraux. Cette hausse apparaîtra de façon substantielle en 1998-1999", assure le vice-recteur aux ressources humaines, Michel Trahan.

Le budget des auxiliaires d'enseignement compte pour 20% de celui des enseignants à temps partiel, qui avoisine les 15 millions de dollars. La plus grande partie de ce budget est octroyée à la Faculté des arts et des sciences, où l'on dépense pour leurs services quelque 2 millions de dollars. "Les auxiliaires d'enseignement sont très importants pour nous, explique la doyenne Mireille Mathieu. Ils aident les professeurs dans leurs tâches, animent les groupes de discussion, supervisent les stages, etc. Ce faisant, ils acquièrent de l'expérience. Effectuer des compressions dans leur budget, ça ne faisait pas du tout notre affaire."

Pour le vice-recteur Trahan, cette perspective d'une hausse de ce poste budgétaire est une excellente nouvelle, car ces emplois constituent un facteur de rétention des étudiants et stimule le recrutement. "Nous préférons garder nos étudiants sur le campus plutôt que de les voir aller travailler chez McDonald's, signale M. Trahan. D'autant plus que l'expérience acquise comme auxiliaire d'enseignement est très précieuse sur le plan de la formation." Lui-même a eu recours durant plusieurs années aux services d'étudiants diplômés lorsqu'il enseignait à la Faculté des sciences de l'éducation.

M. Trahan se dit incapable de chiffrer la hausse qui apparaîtra dans le prochain budget de l'Université de Montréal, car les différentes unités administratives dépensent à leur choix l'enveloppe consacrée au personnel enseignant à temps partiel. Certaines embaucheront un plus grand nombre de chargés de cours, d'autres augmenteront le nombre d'auxiliaires d'enseignement ou le nombre d'heures de chacun.

 

Sondage éloquent

Gilbert Rodrigue, coordonnateur aux affaires académiques pour les cycles supérieurs à la Fédération des associations étudiantes du campus de l'Université de Montréal (FAECUM), accueille la nouvelle avec satisfaction. Il signale cependant que les auxiliaires d'enseignement constituent un groupe totalement dépourvu de pouvoir de négociation.

Un sondage mené auprès d'un millier d'étudiants aux cycles supérieurs a révélé le printemps dernier que le tiers d'entre eux ont déjà accepté d'effectuer l'une des 12 fonctions réunies sous l'appellation d'auxiliaire d'enseignement (surveillant d'examen, documentaliste, correcteur, moniteur, animateur, superviseur de laboratoire, etc.). Plus de 70% de ces derniers reconnaissaient qu'ils n'avaient pas suffisamment de contact entre eux.

"Nous avons suggéré de tenir des rencontres trimestrielles sans spécifier la nature de ces rencontres, explique M. Rodrigue. Il ne s'agit pas nécessairement d'un syndicat. Mais il faut reconnaître que les auxiliaires d'enseignement sont très disséminés actuellement et qu'ils doivent subir sans dire un mot les mesures énoncées par d'autres."

La perspective d'une syndicalisation est encore très lointaine, même si les auxiliaires d'enseignement de l'Université McGill, un milieu où le syndicalisme n'a jamais été très florissant, ont obtenu récemment une accréditation.

 

Favoritisme?

À court terme, là n'est pas le principal enjeu des négociations que la FAECUM entend mener avec l'administration universitaire. Le sondage de l'an dernier révélait que le quart des étudiants qui n'avait pas obtenu de contrats d'auxiliaires d'enseignement n'avait jamais entendu parler de ce type d'emplois. C'est le bouche à oreille qui semble primer.

Dans un texte qu'il a fait paraître le 3 février dernier dans le Quartier libre, M. Rodrigue se demandait si les auxiliaires d'enseignement sont victimes de favoritisme. Citant le Guide administratif, il dénonçait la timide directive concernant l'affichage des postes. "Il serait souhaitable dans l'intérêt de tous les étudiants [...], indique le Guide, que les emplois d'auxiliaires d'enseignement disponibles soient portés à la connaissance de tous les étudiants."

En l'absence d'une politique claire et uniforme, les professeurs ont tendance à favoriser des étudiants de leur connaissance qui ne sont peut-être pas toujours les mieux qualifiés pour accomplir les tâches. On voudrait donc établir des critères objectifs, quitte à mettre sur pied un jury de sélection des candidats.

"Si l'affichage des emplois demeure un voeu pieux laissé à la discrétion des unités, une forme d'injustice est créée, écrivait M. Rodrigue. Certaines unités telles que le Département d'histoire affichent les postes sur des babillards réservés aux cycles supérieurs. D'autres, comme le Département de physique, envoient un courrier électronique à tous les étudiants aux cycles supérieurs. Néanmoins, le règlement laisse une grande liberté de moyens, ce qui entraîne un manque de rigueur dans l'application de la politique."

Évidemment, tempère Gilbert Rodrigue en entrevue à Forum, il ne s'agit pas de s'interposer entre le professeur et l'étudiant qui possède les compétences requises pour occuper sa fonction. Mais un peu plus de transparence serait appréciée. "Ce que nous disons, c'est que l'affichage doit être obligatoire, insiste le représentant étudiant. Je ne connais pas la solution idéale. L'affichage au Centre universitaire de l'emploi pourrait être une bonne idée. Ou encore, imposer l'envoi d'une notice par courrier électronique de façon que tous soient au courant des postes disponibles."

Loin de rejeter cette idée, le vice-recteur Trahan se dit parfaitement disposé à s'asseoir avec les représentants de la FAECUM pour en discuter. Même ouverture d'esprit du côté de Mme Mathieu, qui estime qu'il faut "donner sa chance à tout le monde".

Mathieu-Robert Sauvé

 L'Université de Sherbrooke adopte une politique claire

"Les charges d'auxiliaires d'enseignement sont attribuées par le conseil départemental en fonction des compétences des candidats", peut-on lire dans un document adopté le 14 avril dernier par l'Université de Sherbrooke.

Sans nécessairement constituer un précédent, ce mode d'attribution des charges est semblable à celui que la FAECUM aimerait voir adopté à l'Université de Montréal. On y précise que "la liste d'attribution des charges d'auxiliaires d'enseignement doit être affichée publiquement, au sens de la convention collective des chargés de cours". Cet affichage doit précéder d'au moins 15 jours le début du trimestre.

Suivent une liste des critères de compétence recherchés, des modes d'application de la politique et d'autres détails. Rappelons qu'à l'Université de Montréal le Guide administratif signale simplement qu'il "serait souhaitable" que les charges disponibles soient connues de tous.

M.-R.S.




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