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L'UdeM gagne le concours Laskin

L'équipe de la Faculté de droit remporte la palme pour la deuxième fois en trois ans.

L'équipe gagnante du concours de plaidoirie Laskin 1998: de gauche à droite, les étudiants Geneviève Gagnon, Vincent Basile (à l'arrière-plan), Véronyque Roy et Catherine Mateu et leur "entraîneur", Luc Huppé.

Le droit de vote des handicapés physiques est-il brimé par le fait qu'un certain nombre de bureaux de scrutin (1,7% pour être précis), au Canada, n'ont pas la rampe d'accès appropriée? Ce problème typiquement canadien est à l'ordre du jour de la Cour fédérale, où l'on a interjeté appel à la suite de la décision de première instance. Face aux trois juges, les avocats font valoir leurs meilleurs arguments.

Dans l'immeuble de la Cour fédérale, ce matin du 20 février, les plaideurs connaissent bien leur dossier. Sara Leclerc et Michael Vathilakis, qui représentent le plaignant, font valoir que le droit de vote est "totalement restreint" pour les personnes handicapées; Catherine Mateu et Geneviève Gagnon, pour l'intimé, estiment que la loi prévoit des circonstances exceptionnelles permettant d'ouvrir des bureaux de scrutin sans accès de plain-pied. L'appel doit être rejeté, croient ces dernières.

Les trois juges interrompent les procureurs, leur demandent des précisions, exigent des éclaircissements. La situation est d'autant plus sérieuse que nous sommes en appel et que la juge de première instance, elle-même handicapée, a déjà fait partie d'une association qui faisait la promotion des rampes d'accès.

Même si tous prennent leur rôle au sérieux, la décision d'aujourd'hui ne fera pas jurisprudence. Et la présence ici d'un juge du plus haut tribunal du pays, Charles Gonthier, n'y changera rien. Les échanges ont lieu dans le cadre du concours Laskin, le plus important concours de plaidoirie au pays. Une vingtaine d'universités canadiennes qui enseignent le droit ont envoyé leurs quatre meilleurs représentants pour défendre l'honneur. Mais les débats, comme le fait remarquer un juge, sont de haut niveau. En fait, la seule différence avec une journée normale, ce sont les sacs à dos sous les tables.

 

Première place à l'UdeM

À l'issue des rondes éliminatoires, ce sont les quatre étudiants de la Faculté de droit de l'Université de Montréal qui sont couronnés meilleurs plaideurs: Catherine Mateu, Geneviève Gagnon, Véronyque Roy et Vincent Basile. Ce dernier, conformément à la règle, s'exprimait en anglais. On exige en effet qu'au moins un plaideur s'exprime dans l'autre langue officielle du Canada.

"Je suis manifestement fier d'eux, dit Me Luc Huppé, chargé du cours 'Activité dirigée', qui les a conduits jusque-là. Ils ont travaillé des centaines d'heures pour préparer ce concours. Ils ont étudié la jurisprudence, rédigé des mémoires, fait des répétitions, etc."

Le fait que l'Université de Montréal était pour la première fois l'organisatrice officielle de l'événement n'a rien à voir avec le résultat final, car les juges ignoraient à quel établissement étaient reliés les apprentis avocats qui leur faisaient face. Même entre eux, la confidentialité était de rigueur, l'université d'origine étant représentée par un numéro.

C'est la deuxième fois en trois ans que l'Université de Montréal remporte le titre. Une bonne moyenne pour Me Huppé, qui s'occupe de ce cours depuis trois ans justement.

Plus de 160 personnes d'un océan à l'autre se déplacent à l'occasion de cette rencontre au sommet. Parmi elles, on trouve les représentants étudiants accompagnés de leurs professeurs, plus les juges. Pendant les deux jours de débats, les magistrats sont présents à titre bénévole et sont aidés par quelques professeurs ou avocats spécialisés. Ce sont eux qui déterminent les gagnants selon des critères relativement précis.

Le concours en était à sa treizième édition. Le problème discuté par toutes les équipes relève toujours du droit administratif ou constitutionnel et est connu dès la rentrée d'automne. Les étudiants reçoivent six crédits s'ils se rendent jusqu'au concours et trois s'ils ne sont pas sélectionnés après le premier trimestre.

Le concours de plaidoirie leur donne une expérience pertinente pour l'exercice de leur profession. Ils sont très motivés tout en sachant qu'ils doivent travailler beaucoup plus que pour un cours ordinaire.

"Même si tous les avocats ne plaident pas, il me semble que la plaidoirie est la quintessence du métier d'avocat, conclut Luc Huppé. Je ne sous-estime pas le travail des avocats qui tentent de régler des causes avant la comparution en cour, mais ultimement, c'est au tribunal que les litiges se règlent. C'est là que le métier a son sens le plus noble."

Mathieu-Robert Sauvé


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