Pour 60 $ l'heure (excluant
les frais de communication s'ils s'appliquent), les membres de
la communauté universitaire peuvent utiliser la salle de
vidéoconférences des Services audiovisuels et échanger
«sons et images» avec des collègues de l'autre
bout de la ville ou de l'autre bout du monde. «Pas besoin
d'être un crack en audiovisuel pour utiliser ce système.
Il est très convivial, explique Jean Roberge, technicien
en électronique et responsable de la salle. Une console
contrôle le mouvement de la caméra, et le technicien
s'occupe du reste.»
Il s'agit de la seconde salle de vidéoconférences
sur le campus, la Faculté de l'éducation permanente
(FEP) ayant inauguré la sienne l'an dernier en collaboration
avec l'École Polytechnique dans un local de celle-ci. Mais
ce qui est particulier avec la nouvelle salle, c'est que son matériel
est mobile: il peut être transporté à différents
endroits sur le campus et convenir à des groupes comptant
jusqu'à 1200 personnes. C'est grâce à un prêt
de matériel évalué à 50 000 $ de la
firme Concept audiovisuel que cette salle a pu voir le jour.
«Je dirais que les deux salles se complètent, dit
Jean Roberge. La salle FEP-Polytechnique a une vocation pédagogique
et convient aux groupes d'une trentaine d'étudiants alors
que nous pouvons répondre aux besoins des petits ou des
grands groupes sans qu'ils se déplacent.»
Actuellement, le K-500, le M-415, le D-225 et le P-213 du Pavillon
principal de même que l'amphithéâtre B-2285
du Pavillon 3150 Lionel-Groulx possèdent les lignes téléphoniques
nécessaires à l'installation du matériel.
Des tests concluants y ont été menés, notamment
avec la Suisse, la France, la Finlande et d'autres villes au pays.
Et bientôt une quinzaine de locaux pourront accueillir Jean
Roberge et son studio ambulant.
Une technologie en développement
La vidéoconférence existe depuis les années
1960, mais connaît un essor considérable depuis 10
ans. La compagnie Bell publie par exemple un annuaire où
l'on retrouve les coordonnées des salles de vidéoconférences
et de leurs responsables dans un bon nombre de pays. Comme avec
les communications téléphoniques interurbaines,
c'est celui qui appelle qui paie la transmission.
L'information visuelle est transmise par les lignes téléphoniques:
plus on utilise de lignes, plus l'image est précise. Avec
deux lignes, les images parviennent aux interlocuteurs d'une façon
saccadée, et avec six (le maximum avec ce système),
l'image est continue. Les systèmes les plus perfectionnés
comptent jusqu'à 24 lignes; la transmission est alors impeccable.
Avec cette précision, un radiologiste de Montréal
peut diagnostiquer un cancer sur une radiographie faite à
Gaspé.
Les appareils des Services audiovisuels sont mobiles, mais ils
peuvent également être utilisés sur place,
dans un studio confortable comptant une dizaine de places. On
y accède par le R-218.
À Bordeaux sans le vin
En mars dernier, trois chercheurs du Centre de recherche en droit
public s'y sont rendus afin de participer à un colloque
tenu à Bordeaux durant la Semaine de la justice. Le ministre
français Alain Toubon avait insisté pour entendre
les chercheurs de l'Université de Montréal sur le
thème du colloque - la «cyberjustice» -, car
ils lui apparaissaient «en avance» sur leurs contemporains,
selon ses propos.
«Si l'on fait exception du fait que c'était pour
nous le matin et pour eux l'après-midi - nous étions
donc un peu moins dans l'atmosphère qu'eux -, tout a bien
fonctionné, relate Pierre Trudel, un des conférenciers.
Après nos conférences respectives, il y a eu des
périodes de questions, comme si nous avions été
sur place.»
En vient-on à oublier la quincaillerie pour se concentrer
à cent pour cent sur son sujet? «Pas complètement,
dit M. Trudel. La vidéoconférence ne remplacera
jamais la présence physique, mais je suis content de pouvoir
profiter de cet outil à l'Université de Montréal.
Je me souviens d'un colloque où un invité important
de la Nouvelle-Zélande ne pouvait pas être parmi
nous. La vidéoconférence a sauvé la situation.»
Durant la conférence de Bordeaux, pas de pépins
techniques à signaler. Sinon que les conférenciers
ont manqué de temps, «comme d'habitude»...
On s'est même payé une originalité: la caméra
fixe avait été remplacée par deux caméras
dans la salle montréalaise, et Jean Roberge assurait la
régie. Il était en contact téléphonique
avec le réalisateur, en France. «Faire un aiguillage
en direct par téléphone est assez inusité.
Je crois que c'était la première fois qu'on faisait
ça ici. Mais c'est le genre d'expérience possible
avec notre expertise.»
Jean Roberge invite les personnes intéressées à
l'appeler pour une démonstration au 343-5314. Le studio
mobile permet des conférences interurbaines, mais aussi
des soutenances de thèse, des séminaires, des cérémonies
protocolaires, des réunions internationales, etc.
Mathieu-Robert Sauvé