L'Université de Montréal entend faire valoir auprès
du gouvernement du Québec que les réductions d'effectifs
réalisées entre le 31 mai 1996 et le 1er juin 1998
répondent aux exigences de la loi 104, qui oblige les universités,
comme les autres organismes publics, à réduire leurs
coûts de main-d'oeuvre de 6 %.
«Cette réduction des coûts de main-d'oeuvre
peut être atteinte de plusieurs façons et il n'est
pas dans l'intention de l'Université de réduire
les salaires de ses employés aux fins de l'application
de la loi», a fait savoir le recteur René Simard.
«Les réductions d'effectifs du personnel régulier,
enseignant et non enseignant atteignent des proportions supérieures
à celles prévues par la loi et la direction a fermement
l'intention de faire valoir que ces mesures constituent des économies
équivalentes.»
Il est pour le moins étonnant de constater que le gouvernement
a inclu les universités dans les organismes visés
par la loi 104 puisque, selon ce que nous livrait le vice-recteur
à l'administration Patrick Molinari, une mesure équivalente
a été explicitement imposée dans les compressions
de la subvention gouvernementale pour l'année 1997-1998.
«Le gouvernement se livre à une opération
d'ordre politique pour montrer que tous sont visés»,
nous a-t-il déclaré.
Sans renoncer à réclamer le retrait des universités
de l'application de la loi 104, comme le suggérait Michel
Ducharme à l'Assemblée universitaire, la direction
de l'Université a pour l'instant choisi de faire la démonstration
que les mesures de réduction de personnel répondent
«pour la majorité des groupes» aux exigences
de la loi. «Nous voulons montrer par cette opération
que ces mesures sont équitables pour tous», explique
le vice-recteur.
La direction a donc entrepris de rencontrer à cette fin
les représentants des différents syndicats et associations
professionnelles dans le but de faire le point.
Les chargés de cours et les auxiliaires d'enseignement
posent par ailleurs un problème particulier. Leur nombre
a été augmenté pour faire face à la
réduction du nombre de professeurs réguliers et
la diminution de la masse salariale ne peut pas être atteinte
par des congés compensatoires puisque leurs journées
de travail sont fixées par le nombre de jours d'enseignement,
lui-même fixé par la loi.
Réduire le nombre de chargés de cours signifierait
réduire l'offre de cours ainsi que le nombre d'inscriptions,
ce qui se traduirait par une nouvelle diminution de la subvention.
L'U de M et la CREPUQ ont donc demandé au gouvernement
d'exclure ces catégories d'employés de l'application
de la loi 104.
Compressions de 205 millions
À la suite d'une rencontre des «très hautes
administrations universitaires» avec les «très
hauts fonctionnaires du ministère de l'Éducation»,
Patrick Molinari a également dévoilé à
l'Assemblée universitaire les chiffres des compressions
budgétaires auxquelles il faudra faire face au cours des
trois prochains exercices financiers.
Pour l'ensemble du réseau universitaire, les compressions
seront d'un minimum de 205 millions de dollars.
Pour le seul exercice financier de 1997-1998, le gouvernement
du Québec réduira sa contribution de 98,6 millions
de dollars, montant dont il faut soustraire 17 millions provenant
de la hausse des droits de scolarité des étudiants
non québécois.
Pour le même exercice à l'U de M, la compression
sera de 19,6 millions, soit la moitié de ce qui était
prévu. Mais ce n'est pas en soi une bonne nouvelle. Le
gouvernement n'a fait que répartir sa compression sur un
échéancier plus long. La diminution totale, au départ
établie à 200 millions, devait se répartir
sur les deux prochains exercices en tranches respectives de 130
et de 70 millions pour l'ensemble du réseau. Elle s'étend
maintenant jusqu'à l'exercice 1999-2000.
«L'effort global reste le même et cela ne change rien
à notre démarche, explique M. Molinari. La situation
ne sera pas moins difficile, si ce n'est un déficit inférieur
à ce qui était prévu, soit 4 millions au
lieu de 11,5. Il n'y a pas lieu de se réjouir ni de se
suicider.»
Pour l'exercice 1998-1999, les universités devront donc
opérer avec une réduction de 80 millions de dollars.
À ceci s'ajoutera une contribution au financement de la
dette sur les immobilisations des universités qui se situera
entre 6,5 et 25 millions de dollars.
Nouvelle compression de 25 millions en 1999-2000 et nouvelle contribution
(non chiffrée) au paiement de la dette. Le total se situera
entre 205 et 230 millions de dollars, ce qui représente
des réductions récurrentes de l'ordre de 30 % par
rapport à l'exercice financier de 1994-1995.
Attrition chez les profs
Le vice-recteur aux ressources humaines, Michel Trahan, a pour
sa part livré les résultats du programme de départ
volontaire proposé à 474 professeurs âgés
de 55 ans et plus. En date du 1er avril, 285 professeurs, soit
60 % de la clientèle visée, s'étaient prévalus
de l'offre et ont conclu des ententes de départ.
De ce nombre, 162 auront quitté l'établissement
au 1er juin 1998, dont une centaine au 1er juin prochain.
«De façon globale, la cible est atteinte»,
a déclaré M. Trahan, tout en signalant que le nombre
de départs était inférieur à ce qui
était visé dans certaines unités alors qu'il
dépasse l'objectif dans d'autres.
Daniel Baril