Une bonne nouvelle qui
a l'effet d'un baume sur les cicatrices des compressions budgétaires:
le Réseau de calcul et de modélisation mathématique,
construit au fil des décennies par le Centre de recherches
mathématiques (CRM) et ses partenaires, vient de se voir
octroyer, par le Conseil de recherches en sciences naturelles
et en génie du Canada (CRSNG), une importante subvention
renouvelable de trois millions de dollars répartie sur
cinq ans.
Afin de consolider le Réseau, la subvention permettra d'ajouter
à son personnel quelque 44 chercheurs et étudiants
en plus d'offrir des bourses pour les stagiaires.
Les partenaires industriels y injecteront pour leur part près
de deux millions de dollars en espèces, en personnel et
en matériel.
«Nous récoltons ce que nous avons semé»,
déclarait Luc Vinet, directeur du CRM, visiblement heureux
de la nouvelle et confiant de répondre aux attentes. «C'est
une avancée significative qui permettra de développer
la formation des chercheurs et d'élargir les débouchés
pour les mathématiques industrielles.»
Le financement du CRSNG, qui provient d'un nouveau programme de
soutien aux réseaux de recherche, vise à consolider
le réseau existant afin de doter le Canada d'un outil puissant
en calcul et en modélisation mathématique pouvant
renforcer l'économie dans trois domaines: la gestion des
risques (en finances, en environnement et en assurance); le traitement
de l'information, l'imagerie et le calcul parallèle; la
gestion des transports et les télécommunications.
Le meilleur au monde
Le réseau déjà mis sur pied par le CRM regroupe
le Centre de recherche sur les transports (CRT), le Groupe d'études
et de recherche en analyse des décisions (GERAD), le Centre
de recherche en calcul appliqué (CERCA) et le Centre interuniversitaire
de recherche en analyse des organisations (CIRANO). Les chercheurs
rattachés à ces centres proviennent de sept établissements
universitaires: U de M, Polytechnique, HEC, McGill, UQAM, Concordia
et Laval.
À ceux-là s'ajoutent 18 partenaires industriels
et gouvernementaux, dont la Banque nationale, CP Rail, Environnement
Canada, Hydro-Québec, la Défense nationale, Silicon
Graphics, Urgences-Santé, Bell Mobilité et plusieurs
autres.
«On ne retrouve aucun regroupement semblable ailleurs, soutient
Luc Vinet. Les agents du CRSNG en ont d'ailleurs été
impressionnés et ont affirmé qu'il était
unique dans l'hémisphère, voire dans le monde. Ils
y ont vu le potentiel pour que nous puissions établir le
meilleur réseau de calcul et de modélisation mathématique
au monde.»
Le réseau montréalais est également en avance
sur ses concurrents de Toronto et de Vancouver dans le développement
de liens avec l'industrie. Cet aspect a également été
un facteur déterminant dans l'obtention de la subvention.
«L'ensemble du Réseau peut paraître disparate,
reprend M. Vinet, mais nous partageons des méthodes communes
qui peuvent s'appliquer tout autant au calcul parallèle
et aux équations de probabilité qu'aux réseaux
neuronaux d'apprentissage. Nous sommes en fait le supermarché
de la recherche mathématique où l'industriel peut
faire son épicerie en fonction de ses besoins particuliers.»
La plaque tournante
Le CRM a été l'instigateur de ce réseau et
en demeure la plaque tournante. Le rayonnement du Centre est d'envergure
nationale et il était déjà reconnu mondialement
comme l'un des principaux instituts de sciences mathématiques
appliquées aux finances, à l'ingénierie et
à l'informatique.
«Notre rôle et notre place nous disposaient à
mettre les chercheurs de différents domaines en interaction,
souligne le directeur. D'autant plus que chaque année nos
ateliers scientifiques, nos conférences internationales
et notre école d'été accueillent un millier
de spécialistes.»
La proximité physique favorisée par le déménagement
du CRM, du CRT et du GERAD dans le Pavillon André-Aisenstadt
a également contribué à consolider les liens
de collaboration existant entre ces groupes de recherche.
Fondé en 1969, le CRM est l'un des premiers centres de
recherche de l'Université de Montréal. Il regroupe
à lui seul une trentaine de chercheurs réguliers
liés à l'U de M, une douzaine de membres associés
provenant de cinq autres universités, autant de membres
visiteurs nommés dans le cadre de programmes de partenariat
avec d'autres établissements d'enseignement et une vingtaine
de boursiers postdoctoraux.
Luc Vinet ne se laisse pas arrêter par le succès
de l'obtention de la subvention du CRSNG. Il mise également
sur la Fondation canadienne pour l'innovation, annoncée
dans le budget fédéral de février dernier,
pour soutenir l'infrastructure informatique nécessaire
au bon fonctionnement du Réseau.
Le directeur espère aussi que le volet recherche du Réseau
pourra un jour être complété par un volet
enseignement offrant des programmes multifacultaires.
Daniel Baril