L'humour est une excellente arme contre le stress et la
déprime.
Levez la main, ceux
et celles qui croient que l'humour est suffisamment utilisé
au travail», lance le conférencier de haut de l'estrade.
La salle est demeurée muette comme une mer étale.
Le conférencier est André Descheneaux, membre fondateur
de l'Association de l'humour appliqué. La salle, c'est
l'amphithéâtre Ernest-Cormier où étaient
rassemblés de nombreux employés de l'Université
participant à l'une des activités de sensibilisation
et d'information dans le cadre de la Semaine de santé et
de sécurité au travail.
À l'occasion de cet événement, qui s'est
déroulé du 21 au 25 octobre, les comités
mixtes de sécurité de l'établissement ont
jugé bon de parler d'humour en milieu de travail. Sujet
doublement sérieux.
D'abord, parce que le sens de l'humour est une arme formidable
contre le stress, la déprime et la dépression et
qu'il permet souvent de désamorcer une situation tendue.
Ensuite, parce qu'au travail l'humour doit être utilisé
avec tact et jugement.
Au bureau, dans les salles de classe, les ateliers, les laboratoires,
les corridors ou à la chaufferie, l'humour agressif et
sarcastique, celui qui prend un camarade, une race, un sexe, une
religion dans sa mire, n'a pas sa place.
«L'humour ne doit pas servir à faire mal»,
a rappelé André Descheneaux, qui a truffé
sa conférence de mille et un exemples drôles, question
de mieux faire passer son message, on l'aura compris.
Ceci étant dit, le bon humour est sous-utilisé au
travail. Situation qui n'est pas particulière à
l'Université de Montréal mais qui fait plutôt
dans l'universel.
«L'humour est un outil de communication extraordinaire.
La preuve, c'est qu'on ne l'utilise pas», a lancé
le conférencier au début de son intervention. A
suivi une litanie de caractéristiques appropriées
à la chose: l'humour comme moyen de défense, comme
outil de leadership et de créativité, comme réducteur
de stress, etc.
Le sujet est tellement sérieux qu'avant d'accorder un poste
cadre à une personne des entreprises américaines
telles que Ben and Jerrys et Pizza Donini demandent aux employés
de faire l'évaluation du sens de l'humour du candidat retenu.
«Avec une personne en situation d'autorité qui possède
le sens de l'humour, les barrières tombent, les gens ont
plus de facilité à se confier», a rappelé
le conférencier. Qui a effectivement envie de signaler
une gaffe à son supérieur, sachant que ce dernier
est du genre agressif, arrogant et sarcastique?
L'humour est un caractère universel chez l'être humain,
a aussi évoqué M. Descheneaux. Le bébé
ne rit-il pas et ne fait-il pas rire avant même d'avoir
accompli ses premiers pas ou prononcé ses premiers mots?
Après un peu plus d'une heure de ce rappel à rire,
l'homme a conclu: «Si vous êtes pour le sens de l'humour,
montrez-le.»
André Duchesne