La question du financement des universités devrait faire elle aussi l'objet de discussions au cours de l'automne, et ce, jusqu'au prochain budget provincial. C'est ce qui ressort d'une présentation qu'a faite le recteur Robert Lacroix à la première séance de l'Assemblée universitaire de l'année 1999-2000.
Le 16 juin dernier, le ministre de l'Éducation François Legault a convié les recteurs à Québec pour discuter de la politique des universités, du plan de réinvestissement et de la formule de financement. Mais la préoccupation première des recteurs était vraiment le deuxième point, a observé M. Lacroix, à qui la Conférence des recteurs avait confié le soin de présenter la situation d'ensemble des universités québécoises. Il en ressort que celles-ci termineront la présente année avec un déficit de fonctionnement de 82 M$ et un déficit accumulé de 200 M$.
"Quel que soit l'angle sous lequel on regarde le problème, il faudrait entre 600 et 700 M$ de plus par année pour que la situation de nos universités soit équivalente à celle des universités canadiennes comparables", a déclaré M. Lacroix.
À l'issue de cette rencontre, M. Legault a donc demandé à chacune des universités de présenter à la mi-septembre un document pour exposer ses besoins en se comparant à des établissements canadiens de même calibre. Un comité formé par le ministre examinera les documents et soumettra à la fin d'octobre un plan de réinvestissement ainsi qu'une formule de financement. Les universités seront invitées à formuler des commentaires en novembre afin que le gouvernement puisse arrêter ses décisions en décembre. C'est en effet à ce moment-là que devraient se préciser les grandes orientations pour le prochain budget. Quant au projet de politique des universités, il devrait être présenté prochainement.
Une question de crédibilité
La Direction de la planification et le Bureau de recherche institutionnelle
ont donc été mis à contribution au cours
de l'été pour évaluer avec le plus de précision
possible l'état de sous-financement de l'Université
de Montréal par rapport à ses semblables canadiennes,
à savoir l'Université de Toronto et, à un
degré moindre, l'Université de la Colombie-Britannique,
et même par rapport à des universités publiques
américaines de même stature.
"Notre préoccupation majeure est de faire en sorte que notre document soit d'une très grande crédibilité", a déclaré le recteur.
En ce qui concerne la formule de financement, selon M. Lacroix, il n'y a pas beaucoup à gagner pour l'Université de Montréal d'un nouveau partage du même "gâteau".
"Cependant, ajoute-t-il, une fois que le quantum du réinvestissement sera établi, nous devrons faire en sorte que la formule de financement favorise l'Université de Montréal". Pour que ce soit le cas, la formule doit prévoir "une pondération plus explicite" en ce qui concerne 4 secteurs disciplinaires (au lieu de 11 actuellement) et les cycles d'études ainsi qu'une augmentation du financement des coûts indirects de la recherche de 15 à 40%.
Technologie aéronautique
Le recteur a aussi annoncé que la prochaine campagne de
financement serait lancée le 14 novembre prochain à
l'interne et en février 2000 à l'externe. Les fonds
ainsi recueillis seront utilisés pour mettre en oeuvre
les grandes orientations du plan de relance, "pour investir
massivement dans le corps professoral et dans le personnel de
soutien, pour améliorer nos moyens de transfert de connaissances
- où nous affichons un retard considérable - et
pour améliorer notre accès aux diverses sources
de documentation disponibles dans le monde".
Avec l'École Polytechnique, l'Université de Montréal essaie d'obtenir que le Conseil national de la recherche scientifique installe sur le campus le nouveau centre de recherche en technologie aéronautique qu'il projette d'établir dans la région métropolitaine, a ajouté M. Lacroix. Pour y parvenir, Poly et l'UdeM ont cherché des appuis auprès de la Ville de Montréal, de la Communauté urbaine de Montréal, d'autres universités et même de grandes entreprises du secteur. Le futur centre bénéficierait d'un budget de 40 M$ et regrouperait 90 chercheurs. De plus, il correspondrait à l'un des axes de développement de la technopole.
Procédure de nomination
Enfin, l'Assemblée a reçu, sans toutefois avoir
le temps d'en discuter, le rapport du Comité de consultation
pour la nomination du recteur ou de la rectrice. Ce rapport, dont
les principes avaient été exposés en février
1999, recommande de conserver l'actuelle procédure de nomination,
mais y apporte toutefois quelques modifications pour la rendre
plus démocratique et plus transparente. Certaines modifications
ont aussi pour objectif d'arriver le plus rapidement possible
à une liste courte de candidats. Régine Pierre,
professeure de didactique à la Faculté des sciences
de l'éducation, a présenté les principaux
changements.
Ce rapport du Comité de consultation, qui est inscrit à l'ordre du jour depuis près d'un an, y figurera sans doute encore un bon moment, plusieurs membres souhaitant visiblement s'exprimer sur le sujet.
Françoise Lachance