[page U de M][Accueil Forum][En bref][Calendrier][Vient de paraitre][Etudiants]


Mémoire au ministre de l'Éducation

L'UdeM a besoin de 180 M$
de plus par année

Ainsi pourra-t-elle continuer de servir la société québécoise dans un contexte de mondialisation.

Le recteur
Robert Lacroix

Tel est le message qui se dégage du mémoire que l'Université de Montréal vient de faire parvenir au ministre de l'Éducation, François Legault, et qui s'intitule "Pour un complexe universitaire de calibre mondial".

En juin, le ministre avait demandé à chacun des recteurs de lui soumettre à la mi-septembre un mémoire qui ferait le point sur le sous-financement de son université, en la comparant avec des établissements canadiens et américains de même calibre, et qui indiquerait en quoi un apport supplémentaire de fonds la rendrait plus apte à répondre aux besoins de la société québécoise. Il demandait également aux recteurs de faire des propositions en vue d'une révision de la formule de financement. À partir de ces éléments, le ministre compte élaborer une politique des universités et arrêter un plan de réinvestissement.

Cependant, au moment où le gouvernement négocie avec ses employés, où le système de santé éprouve des difficultés et où les pressions pour baisser les impôts se font de plus en plus fortes, la somme de 180 M$ apparaît considérable. Le recteur Robert Lacroix en convient.

"Mais quel que soit l'angle sous lequel on regarde le problème, il manque de 600 à 800 M$ par année pour que la situation de nos universités soit semblable à celle des universités canadiennes comparables."

Contexte nord-américain
Si l'écart est de cet ordre, c'est à cause de l'action combinée des compressions budgétaires, qui ont été plus importantes au Québec que dans d'autres régions du pays, et du gel des droits de scolarité, qui ont augmenté ailleurs au Canada.

"Il ne faut donc pas se surprendre, constate M. Lacroix, d'arriver à de tels chiffres et surtout il nous faut réaliser que, si l'on ne se réveille pas rapidement, le retard deviendra irrécupérable."

Pour répondre aux questions posées par le ministre, on a d'abord analysé le contexte nord-américain, où la tendance est désormais à la diversification des universités et à la concentration des ressources dans un nombre limité d'établissements. Il est essentiel de faire cet exercice, signale le recteur, parce que l'Université de Montréal forme des personnes qui travailleront dans des entreprises qui exportent aux États-Unis ou qui sont en concurrence avec des sociétés d'Amérique ou d'ailleurs. Il en est de même en recherche et en innovation, où il faut faire face à la compétition sur les scènes nord-américaine et internationale.

"Mais commençons par le Canada, poursuit-il. Nous assistons également à une concentration des ressources dans un nombre restreint de grandes universités de recherche, du moins en ce qui concerne les grands secteurs de formation et de recherche. Or, au Canada, l'Université de Toronto émerge comme la grande université de calibre international. Au Québec, la seule université qui ait la configuration, les caractéristiques et les réalisations passées pour remplir une telle mission, c'est l'Université de Montréal avec ses écoles affiliées, l'École des Hautes Études Commerciales et l'École Polytechnique. Nous somme le deuxième complexe universitaire canadien et le seul, francophone, à l'est de l'Ontario qui puisse concurrencer les grandes universités publiques de recherche américaines."

Préalables
Avant de "pouvoir s'inscrire dans la courte liste des universités du monde qui exercent un rôle déterminant dans la transmission et le développement des savoirs, dans le maintien et l'enrichissement des arts, des lettres et de la culture universelle, et dans l'innovation sociale, culturelle et technologique", écrit-on dans le mémoire, l'Université de Montréal doit, entre autres:

Après avoir comparé le niveau de dépenses par étudiant de l'Université de Montréal et de ses écoles affiliées avec celui de l'Université de Toronto pour l'année 1997-1998, les auteurs du mémoire arrivent à la conclusion que la première aurait eu besoin d'une injection additionnelle de fonds de 166 M$ pour atteindre un seuil de dépenses analogue à celui de l'université de la Ville reine. Aujourd'hui, ce manque à gagner atteindrait 243 M$ ou 182 M$ seulement pour l'Université de Montréal.

"C'est ce qu'il nous faut en somme pour que les étudiants de l'Université de Montréal profitent de la même qualité de services que ceux de l'Université de Toronto et nos chercheurs, d'un environnement de recherche semblable", observe M. Lacroix.

Formule de financement
À cet égard, l'Université demande que la formule de subvention gouvernementale soit révisée pour augmenter de 15% à 50% la couverture des frais indirects de la recherche, pour mieux tenir compte des variations de clientèles étudiantes et enfin pour intégrer des indicateurs de performance au calcul des subventions aux universités.

"Soutenue dans ses objectifs de développement et adéquatement financée, l'Université de Montréal continuera de servir les intérêts de la société québécoise en assumant les défis de la concurrence nord-

américaine et internationale, écrit-on en guise de conclusion. Le statu quo signifierait la régression de l'Université et, en raison de l'importance stratégique de l'institution incluant ses écoles affiliées, une marginalisation accélérée de l'ensemble du système universitaire québécois. À très court terme, l'hypothèque sur l'avenir qui en résulterait pour le Québec se révélerait insurmontable. Le plan de refinancement que l'Université de Montréal soumet au gouvernement vise donc à répondre aux aspirations de la société québécoise dans un contexte de repositionnement des universités et de différenciation de leurs rôles respectifs."

Françoise Lachance



[page U de M][Accueil Forum][En bref][Calendrier][Vient de paraitre][Etudiants]