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La CUP lance un cri d'alarme

"Notre mandat n'était pas de faire de l'élagage", indique Michel Gervais.

Parvenue aux deux tiers de la réalisation de ses travaux, la Commission des universités sur les programmes (CUP) présentait, le 24 août dernier, un bilan provisoire du travail accompli jusqu'à maintenant.

Compte tenu des objectifs poursuivis et quoi qu'en disent les critiques, le président de la CUP, Michel Gervais, considère que la marchandise a été livrée et le mandat, rempli. Après avoir analysé la situation prévalant dans 14 des 23 champs disciplinaires retenus, la CUP "croit pouvoir affirmer qu'en général l'offre des programmes respecte les objectifs énoncés par la ministre [Marois] en 1996".

"Ces objectifs, a précisé Michel Gervais en conférence de presse, étaient que l'offre des programmes serve mieux nos impératifs communs de qualité, d'efficacité, d'accessibilité et d'équité régionale." À partir de cette orientation générale, la CUP a défini son mandat: examiner "la pertinence et la complémentarité" des divers programmes d'études.

Le "grand ménage"
Plusieurs critiques, entendues tant dans les médias que dans le milieu universitaire, ont reproché aux rapports publiés jusqu'à présent d'être trop timides et de ne pas procéder au "grand ménage". Même le premier ministre, Lucien Bouchard, a manifesté son scepticisme à l'égard du peu de dédoublements de programmes révélés par les rapports.

"La perception sur laquelle se fonde le souhait d'un grand ménage ne correspond tout simplement pas à la réalité, rétorque Michel Gervais. Selon cette perception, il faudrait mettre de l'ordre dans les universités, sabrer des programmes, forcer les établissements à se spécialiser et se livrer à une vaste entreprise d'élagage, sinon de démolition. Le mandat de la Commission ne l'orientait pas du tout dans ce sens-là."

Selon la CUP, il serait erroné de croire que les programmes universitaires se sont développés de façon incohérente et irrationnelle, guidés par la seule course aux clientèles. Le réseau universitaire est soumis à de nombreux mécanismes de régulation, indique le rapport d'étape, et les établissements, confrontés à de sévères compressions budgétaires, ont déjà fait d'immenses efforts de rationalisation.

Michel Gervais reconnaît que les recommandations des 14 premiers rapports n'entraîneront pas d'économies massives. "Les recteurs ont déjà fait savoir au premier ministre que les compressions ont déjà été faites", a-t-il mentionné.

Cri d'alarme
À quelques mois de l'échéance de ses travaux, la CUP tient d'ailleurs à alerter le gouvernement quant aux effets néfastes de ces compressions sur la qualité de la formation.

"La Commission se voit contrainte de lancer un cri d'alarme, écrivent ses membres. Les compressions budgétaires importantes des dernières années ont mis en péril la capacité collective des universités québécoises d'offrir une programmation universitaire de qualité en raison, principalement, de la réduction draconienne des effectifs professoraux et de l'incapacité dans laquelle se trouvent la plupart des établissements de renouveler leur corps professoral."

Non seulement la Commission observe-t-elle qu'il n'y a plus d'économies à faire, mais elle constate qu'il y a eu trop de compressions. Le président n'est toutefois pas en mesure d'indiquer, à cette étape, où il faudrait réinvestir. L'idée du ministre Legault de cibler certains secteurs en particulier ne l'emballe guère.

La CUP reconnaît en outre qu'il y a effectivement des "duplications" de programmes. Tout en apportant plusieurs précisions sur la question, elle souligne que ce problème ne lui semble pas inquiétant. "La duplication qu'on décrie aujourd'hui a souvent été voulue et recherchée comme quelque chose de souhaitable", rappelle la Commission. Cette situation découle des principes d'accessibilité et de régionalisation ayant guidé le développement du système universitaire québécois et que le mandat de la CUP demande de respecter.

Vision rajustée
On pourrait penser qu'une recherche de rationalisation dans une telle perspective confine au statu quo ou équivaut à rechercher la quadrature du cercle. Mais la CUP n'en considère pas moins avoir "engendré des changements importants" en appliquant "un concept de rationalisation de la programmation dans une perspective de respect de l'économie d'un système qui a fait ses preuves".

"Nous avons avancé une vision rajustée d'une mission qui n'a pas été révisée depuis 30 ans, précise Louise Dusseault-Letocha, secrétaire générale de la Commission. Cette vision est centrée sur la complémentarité et sur la spécialisation des établissements." On devrait un peu mieux cerner cette nouvelle vision des choses dans le rapport final, prévu pour janvier prochain.

Quoi qu'il en soit, la CUP estime que sa contribution la plus importante aura été de fournir des données comparatives fiables sur les clientèles étudiantes, le taux de diplomation, la qualification du corps professoral, les performances en recherche ou encore le placement des diplômés afin d'éclairer les choix à venir.

Les 14 rapports déposés jusqu'à aujourd'hui sont accessibles sur le site Internet de la Commission (www.cup.qc.ca).

Daniel Baril


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