Une rentrée qui marque un tournant

2500 personnes dansent et chantent avec les Colocs dans la cour d'honneur.

La tour du Pavillon principal a résisté aux décibels des Colocs.

"Vous êtes sur le plus beau campus de Montréal, du Québec, du Canada. Vous êtes dans la meilleure université puisque vous l'avez choisie."

C'est ainsi que le recteur Robert Lacroix a ouvert le premier spectacle en plein air de l'histoire des Colocs, le 1er septembre dernier. Quelque 2500 personnes s'étaient massées sous la grande tour de l'Université de Montréal alors que le soleil se couchait à l'horizon. La foule bigarrée - plusieurs étudiants portaient encore leur costume d'initiation - a d'abord accueilli poliment le groupe de musique rock aux accents worldbeat. Puis, elle s'est laissé emporter. À 21 h, elle dansait et chantait dans la cour d'honneur, les bras au ciel, créant un impressionnant mouvement de vague. Les musiciens n'ont pas été chiches puisque le spectacle, qui devait initialement se terminer à 21 h, s'est prolongé jusqu'à 22 h 15.

"J'ai déjà étudié ici, a lancé entre deux chansons le leader du groupe, Dédé Fortin. C'était un cours de philo langage. J'ai tout compris les deux premiers cours. Pis là, on est rentrés dans Locke. J'en suis jamais sorti. Bonne rentrée, 'stie!"

Les Colocs en concert dans la cour d'honneur

Découverts par CISM
Parmi les spectateurs, certains connaissaient si bien les paroles des chansons qu'ils les fredonnaient en sautillant. L'effervescent Dédé Fortin, branché sur le 100 000 volts, en a mis plein la vue et les oreilles, entonnant la plupart des grands succès du groupe, dont Belzébuth, Mon chum, La rue principale, Le répondeur, Passe-moé la puck et Maudit qu'le monde est beau.

"Comme universitaires, vous avez tous connu la colocation", avait dit le maître de cérémonie pour justifier le choix de la formation musicale. Ce n'était pas nécessaire. Même si les Colocs sont aujourd'hui un des groupes les plus populaires de l'heure, on imagine sans peine ces jeunes s'entasser dans un 7 1/2 non chauffé en rêvant de tourner un jour à la radio. Après des années de vains efforts, c'est la station de radio des étudiants de l'Université de Montréal, CISM, qui "découvre" les Colocs. "Les Colocs ne donnent jamais de spectacle en plein air, a expliqué à Forum Lise Fecteau, adjointe à la vice-rectrice aux études de premier cycle et à la formation continue. Ils ont accepté de faire une exception, car ils estiment avoir une dette envers CISM."

Pour le secrétaire général de la Fédération des associations étudiantes du campus de l'Université de Montréal (FAECUM), Patrick Lebel, cet événement marque un tournant dans l'évolution de l'Université. "Je crois que l'image de l'établissement va beaucoup en bénéficier, dit-il. En permettant ce spectacle en plein air dans la cour d'honneur, il affirme sa volonté de se rapprocher des gens."

Point culminant
Bien que la participation ait été beaucoup moins nombreuse que prévu (on attendait trois fois plus de spectateurs), le concert a constitué le point culminant des activités de la rentrée, organisées conjointement par le rectorat et par les étudiants à la suite de discussions autour de la Table de concertation sur la vie étudiante. Mise sur pied l'an dernier par la vice-rectrice aux études de premier cycle et à la formation continue, Claire McNicoll, cette table réunit une fois par mois des représentants de la FAECUM et de l'Association générale des étudiants et étudiantes de la Faculté de l'éducation permanente (AGEEFEP) ainsi que la directrice des Services aux étudiants, Lise Duffy.

"Autour de cette table, nous discutons de tout ce qui touche les étudiants, des activités d'encadrement aux programmes d'études. Pour la rentrée, nous avons convenu de mettre tout en oeuvre pour rendre l'accueil chaleureux", a signalé la vice-rectrice peu avant le spectacle. Tout en convenant que l'événement était inhabituel (certains affirment que c'était le premier spectacle en plein air de cette envergure sur un campus québécois), Mme McNicoll rapporte que, selon le rectorat, c'était une belle façon de souhaiter la bienvenue aux étudiants.

"Le temps qu'on passe à l'université n'est pas du temps où la vie s'arrête. Nous ne faisons pas que suivre des cours et bûcher sur des examens. C'est une période d'apprentissage importante dans la vie et elle doit être vécue avec un sentiment d'accomplissement, dit M. Lebel. C'est pourquoi, à la FAECUM, nous mettons beaucoup d'énergie sur la qualité de la vie à l'Université de Montréal."

Le spectacle s'est déroulé dans la bonne humeur et aucun incident majeur n'a été signalé. Il faut dire qu'une trentaine d'agents de sécurité de la firme Best, ainsi qu'une dizaine d'employés du Service de sûreté de l'UdeM, ont veillé au respect des consignes.

L'événement a été financé par la FAECUM, l'Université de Montréal, l'Alliance pour la santé étudiante du Québec et la brasserie Molson.

Mathieu-Robert Sauvé