FORUM - 3 AVRIL 2000Le dernier chevalier cuivré
Selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), il y a 30 000 espèces de poissons réparties dans les eaux du globe. L'une de ces espèces, le Moxostoma hubbsi, a été découverte en 1865 dans le bassin de la rivière Richelieu. Il a fallu attendre 1942 pour que ce poisson soit scientifiquement documenté par un professeur de biologie de l'Université de Montréal, Vianney Legendre. M. Legendre, qui était aussi biologiste au ministère de la Chasse et de la Pêche du gouvernement du Québec, a légué ses archives à l'Université de Montréal. Cela nous permet de retracer les premières observations sur ce poisson aujourd'hui classé comme la première espèce menacée au Québec en vertu de la Loi québécoise sur les espèces menacées ou vulnérables. Disons tout d'abord que le Moxostoma hubbsi est mieux connu en français sous le nom de "suceur cuivré". Mais récemment, ce poisson a été rebaptisé "chevalier cuivré" par deux biologistes de l'Université du Québec à Montréal en raison de "ses grandes écailles rappelant l'armure des chevaliers tant par leurs reflets métalliques que par leur rôle de protection". Ce poisson a un territoire limité essentiellement au secteur du canal de Chambly. Dans le but d'assurer sa survie, certains tronçons des rivières Richelieu, Yamaska et des Milles-Îles sont surveillés de près. En 1993, on a abandonné un projet de barrage hydroélectrique près du canal de Chambly afin de protéger la frayère. Les deux biologistes qui ont rebaptisé le poisson, Alain Branchaud et Andrée Gendron, travaillent depuis 1990 à préserver les milieux naturels du chevalier cuivré. En 1998, dans le but d'amasser des fonds pour poursuivre des recherches sur la situation des espèces menacées, dont le chevalier cuivré, le microbrasseur Cheval blanc a créé une bière, La rescousse. Quel beau conte du Moyen Âge: un cheval blanc vient à la rescousse de son chevalier cuivré. Imaginons la suite: le chevalier blessé est soigné par sa belle, qui se trouve également être la favorite du roi. Libre à tous de trouver une belle fin à cette histoire... romantique. L'industrialisation, la présence des navires marchands ou des bateaux de plaisance, la pollution de l'eau, la surpêche, la méconnaissance des processus de conservation de la ressource sont autant de facteurs qui font que la protection des espèces de poissons connaît actuellement des heures difficiles. Mieux connue que notre chevalier, la morue est également une espèce en déclin qui nécessite des mesures de protection. Que s'est-il donc passé depuis que le roi de France, Louis XIV, a dit qu'il fallait "greyer et appareiller des vaisseaux" pour conquérir les mers? En attendant de trouver une réponse à cette question, cher Moxostoma hubbsi, le mieux que nous puissions faire dans les circonstances, pour venir à ta "rescousse", c'est d'en prendre une bonne à ta santé! Notre chronique précédente portait sur les femmes à l'Université de Montréal, et la juge Alice Desjardins, de la Cour fédérale du Canada, nous a signalé que nos sources ne mentionnaient pas l'identité de la première professeure de l'histoire de l'UdeM. "Je souhaite que vous soyez en mesure de lancer un concours auprès de vos lecteurs afin que l'identité de cette personne soit connue", écrit-elle. Bonne idée! Mme Desjardins est elle-même la première femme à avoir enseigné dans une faculté de droit au Canada. C'était en 1961 à la Faculté de droit de l'Université de Montréal. Denis Plante Comment mesurer son poisson"Dans un manuel qu'il vient de publier, Clef des poissons de pêche sportive et commerciale de la province de Québec (Société canadienne d'écologie, Université de Montréal, éditeur), M. Vianney Legendre, qui est également professeur à l'Institut de biologie de l'Université de Montréal, consacre plus de sept pages aux différentes méthodes de mesurer (sic) le poisson", dit un communiqué conservé dans le fonds qui porte le nom du biologiste. Pour mettre fin aux histoires de pêche, M. Legendre précise qu'un poisson peut être mesuré de quatre façons. Il y a la longueur standard, la longueur du corps, la longueur à la fourche ou la longueur totale. La préférée des biologistes mais que le pêcheur vaniteux évite est la longueur standard, qui va de l'extrémité du museau jusqu'à la ligne de flexion du corps. "Les trucs tels que la photographie à bout de bras, en avant-plan, où la lentille peut à loisir magnifier la prise [...] ne sont pas compris dans les méthodes exposées par M. Legendre", précise le communiqué. D.P. Sources: Alain Branchaud et Andrée Gendron, "Vive le chevalier cuivré!", La Presse, 1er février 1999, p. B3. Association touristique de la Gaspésie, 1999. FAO, La situation des pêches et de l'agriculture, 1998. Université de Montréal, Division des archives, fonds Vianney-Legendre (P271). |