FORUM - 6 MARS 2000 

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Un vétérinaire vole au secours des oiseaux de proie

Guy Fitzgerald forme les intervenants de première ligne.

Guy Fitzgerald tient sur son bras une buse à queue rousse, soignée à la Clinique des oiseaux de proie de la Faculté de médecine vétérinaire, à Saint-Hyacinthe. Depuis 13 ans, le vétérinaire se consacre à la réhabilitation des oiseaux de proie. La clinique qu'il a fondée relâche une centaine d'oiseaux par année.

Le printemps dernier, à Havre-Saint-Pierre, un déversement pétrolier a causé la mort d'un grand nombre d'oiseaux englués dans les hydrocarbures. Guy Fitzgerald, connu pour ses efforts de réhabilitation des oiseaux de proie blessés, est l'un des experts québécois appelés d'urgence dans ce genre d'accidents. "Nous avons récupéré 1078 oiseaux, dont près de la moitié étaient déjà morts. Des 600 vivants, nous en avons relâché 75 après les avoir soignés."

Avec un taux de survie bien inférieur à 1%, n'est-ce pas un peu démoralisant de jouer ainsi les sauveteurs? "Les Français ont eu un taux de succès bien pire à la suite du naufrage de l'Érica sur les côtes de la Bretagne", répond le vétérinaire.

Avec Geneviève Plourde et Marie-Claude Duval, deux autres vétérinaires de la Clinique des oiseaux de proie, le Dr Fitzgerald animera, le 18 mars prochain, une journée de formation en réhabilitation des oiseaux sauvages où l'on attend une cinquantaine de personnes de partout au Québec. Agents de conservation, biologistes, vétérinaires et ornithologues convergeront vers la Faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Montréal pour savoir comment agir lorsqu'on trouve un oiseau blessé.

Le "plan d'intervention d'urgence lors d'un déversement d'hydrocarbures" n'est qu'un des aspects qui seront abordés par les spécialistes durant cette journée de formation annuelle, qui en est à sa quatrième édition. Des ateliers porteront sur la réglementation québécoise, la fluidothérapie et l'alimentation forcée, les premiers soins, la contention et le traitement des plaies, etc.

Un pionnier
Défenseur de la faune ailée et fondateur, il y a 13 ans, de l'Union québécoise pour la réhabilitation des oiseaux de proie (UQROP), Guy Fitzgerald est un pionnier dans son domaine au Québec. Originaire de l'Abitibi, le jeune homme a voulu consacrer sa carrière à la protection des oiseaux sauvages dès qu'il a entrepris sa formation de vétérinaire. Le doyen de la Faculté, Raymond Roy, lui a alors prêté une oreille attentive. Ainsi est née la Clinique des oiseaux de proie, qui reçoit de 350 à 400 oiseaux par année. Une centaine de "patients" ne sont pas des oiseaux de proie, mais les vétérinaires les acheminent alors aux endroits appropriés après leur avoir prodigué les premiers soins.

Les cas les plus spectaculaires? Un pélican blanc d'Amérique, qui s'était perdu durant sa migration, a été soigné à la Clinique. Il a été relâché en Alberta après avoir obtenu son congé. L'arrivée d'un pygargue à tête blanche, symbole aviaire des États-Unis, est toujours un événement. Mais l'individu qui a été attrapé à Saint-Pierre-et-Miquelon a laissé un souvenir particulier. "Trouvé sur le territoire de la République française, l'oiseau a fait connaissance avec la bureaucratie. Il a dû attendre quatre mois avant d'obtenir toutes les autorisations pour être rapatrié."

50% de survie
Environ un oiseau sur deux est relâché dans la nature. Certains individus décèdent, mais d'autres, considérés comme trop domestiqués, ne survivraient pas en pleine nature. Ils sont donc voués à l'éducation populaire. Au Biodôme de Montréal, l'an dernier, des milliers de visiteurs ont pu voir l'exposition Chasseurs du ciel, agrémentée d'une présentation avec de vrais oiseaux: effraie des clochers, crécerelle d'Amérique, grand duc. Cette exposition a tellement plu qu'elle s'est transformée en exposition itinérante et elle partira sous peu au Mexique.

À la suite de l'intérêt suscité par son ouverture, la Clinique des oiseaux de proie a connu une poussée de croissance en 1996 et a été agrandie. Une immense volière a été construite à Saint-Jude, près de Saint-Hyacinthe, au coût de 450 000$. On y reçoit des visiteurs à l'année (information: uqrop.qc.ca).

Malgré le soutien de la Faculté, malgré la collaboration des lignes aériennes régionales qui transportent sans frais les oiseaux blessés, la survie de l'UQROP et de la Clinique n'est jamais assurée. "Nous n'avons aucune subvention récurrente de la part des gouvernements, signale le fondateur. Nous parvenons à maintenir notre budget grâce à la vente de produits dérivés, des conférences et des dons de particuliers et de fondations privées."

Mais ce qui préoccupe encore plus Guy Fitzgerald, c'est que le braconnage soit encore la cause d'un grand nombre de blessures chez ces rapaces, alors qu'il est interdit de chasser les 27 espèces d'oiseaux de proie du Québec. "On voit encore des blessures par balle. Difficile à dire si le phénomène est en croissance ou en régression, mais ça existe. Et puis, nous ne voyons que les cas de blessures. Les décès, on ne les voit pas."

La Clinique des oiseaux de proie est située à la Faculté de médecine vétérinaire, 1425, rue des Vétérinaires, à Saint-Hyacinthe. Information: (514) 345-8521, poste 8427.

Mathieu-Robert Sauvé


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