FORUM - 14 FÉVRIER 2000

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L'auteure de La zébresse se révèle

Linda Longpré écrit sur les nouvelles technologies et... l'érotisme!

Linda Longpré est rédactrice à la Direction des infrastructures technologiques d'enseignement et de recherche depuis neuf ans.

Installée à une table de la Brûlerie Saint-Denis, l'auteure de La zébresse porte un manteau tacheté. On dirait une femme léopard. D'ailleurs, elle a la grâce des félins et des yeux de chat. Son nom: Linda Longpré, rédactrice à la Direction des infrastructures technologiques d'enseignement et de recherche (DITER).

Lorsque Linda Longpré apprend que la journaliste de Forum la trouve féline, elle éclate de rire. Un rire sonore et franc. "C'est la preuve que vous avez lu mon livre", dit-elle.

La nouvelle éponyme du recueil La zébresse a obtenu le premier prix du concours Stop/Belle gueule 1993. On trouve dans ce recueil une douzaine d'histoires brûlantes dans lesquelles les personnages reviennent en changeant de lieu et de visage. La soumission de la femme zèbre en est le fil conducteur. Cette "zébresse" est en fait une femme à quatre pattes sur laquelle la lumière du jour reproduit les rayures des persiennes.

D'où lui est venue l'idée de cette nouvelle? "J'ai rêvé qu'il surviendrait dans ma vie un événement que je considérerais comme génial et qui serait lié à une forme de création. Quelques jours plus tard, j'ai écrit la nouvelle de La zébresse. Je ne m'attendais pas à produire un texte aussi particulier", raconte l'auteure, dont c'est le premier livre.

Et elle n'a pas eu besoin d'aller manger une salade de pommes de terre chez Lipp, comme Hemingway, pour relancer la machine. La nouvelle éponyme du recueil a été rédigée d'un trait, en une journée, sans même que l'auteure ait eu à participer à des fêtes fétichistes (pour s'inspirer, bien sûr). "Certains éléments de la réalité sont intervenus au cours du processus d'écriture, mais il s'agit d'histoires fictives, notez bien. D'ailleurs, je ne savais même pas au début que j'allais écrire un texte érotique."

La rédactrice n'a pas voulu signer de son nom cet ouvrage. Son pseudonyme: Jeanne Le Roy. "Pourquoi un nom de plume? Je crois que j'ai été intimidée par la nature de mes écrits et le jugement des autres, explique Linda Longpré. J'ai alors voulu établir une distinction entre la rédaction dans le cadre de mon travail et l'écriture littéraire. En même temps, le pseudonyme ne me sert pas à dissimuler mon identité. C'est devenu un petit plaisir réservé à mes activités de presse." Toujours est-il que Forum est la première publication à révéler la véritable identité de Jeanne Le Roy.

La musique des mots
Dans son numéro de février, le magazine Corps et âme classe l'ouvrage en quatrième position parmi les 10 titres les plus chauds de la décennie. Étonnée de l'apprendre, la rédactrice estime que son oeuvre met en scène une forme d'abandon amoureux qui n'est, somme toute, qu'un total don de soi. "Dans la réalité, il y a des limites, mais l'amour n'en a pas", lance la rédactrice de la DITER. Elle conçoit aisément que ce genre de littérature ne soit pas pour tout le monde.

Mme Longpré se dit d'ailleurs elle-même peu intéressée par la littérature érotique. Dans sa bibliothèque, on retrouve toutefois trois classiques: Histoire d'ô, de Pauline Réage, Opus Pistorum, de Henry Miller, et La femme de papier, de François Rey. "Je n'ai même pas lu Sade!" clame-t-elle.

Selon elle, écrire, c'est faire de la musique avec des mots. Linda Longpré a étudié la guitare au Conservatoire de musique avant de se lancer en littérature. En tout cas, elle parvient à rendre crédible la soumission de certaines femmes qui, par amour pour leur maître, s'entrelacent et se meurtrissent à coups de godemiché.

"Écrire, c'est pour moi l'expression d'une liberté. Cela me permet de sortir de mes contraintes quotidiennes", signale-t-elle. Comme une bonne partie des familles nord-américaines, celle de Mme Longpré est reconstituée. Son conjoint a eu deux enfants d'une union précédente. "Deux beaux garçons intelligents, matures et charmants", souligne celle qui ne perçoit pas négativement ce modèle familial. En 1996, un nouveau membre s'est joint à la famille: Linda Longpré a accouché d'une petite fille qui a été nommée... Emmanuelle!

Nulle en informatique et employée de la DITER?
C'est sur le ton de la confidence que Linda Longpré raconte ses premières tentatives ("ratées", selon ses propres mots) dans le domaine de la littérature. "Lorsque j'étais en France, j'ai voulu faire un diplôme d'études avancées (D.E.A.) en création littéraire, indique-t-elle, mais ma directrice me l'a fortement déconseillé: elle avait jugé trop médiocre le mémoire de maîtrise en création que j'avais produit l'année précédente."

C'était en 1986. Linda Longpré poursuivait alors ses études à l'Université d'Aix-en-Provence. Après avoir terminé son D.E.A. (une étude consacrée à l'analyse de l'oeuvre de Gertrude Stein), elle entreprend à Paris un doctorat en création dont elle viendra soutenir la thèse à l'Université Laval, à Québec. Le 7 janvier 1991, elle entre à la DITER.

"Je ne connais pourtant rien à l'informatique, avoue-t-elle, même après neuf ans!" Et elle mentionne à la blague qu'on dit même: "Si Linda comprend, tout le monde va comprendre!" Son travail à la DITER consiste surtout à vulgariser l'information des spécialistes pour la rendre accessible aux communs des mortels. "L'informatique, c'est plein de termes techniques et ça évolue rapidement; mon défi est de faire en sorte que l'information soit bien organisée et facile à comprendre pour la clientèle."

Dominique Nancy


Jeanne Le Roy, La zébresse, Montréal, Les Herbes rouges, 1994, 130 pages.


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