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Courrier

De l'utilité du latin pour l'apprentissage du français


Le nouveau CHUM ou la magie du béton

Huit ans après le coup de force avorté du ministre Marc-Yvan Côté, le gouvernement québécois récidive. La ministre de la Santé et des Services sociaux annonçait, mardi dernier, la construction du nouveau Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM), une dépense estimée à quelque 700 millions de dollars. Après des années difficiles, l'annonce d'un réinvestissement dans le réseau de la santé pourrait réjouir ceux qui ont fait les frais de compressions sauvages, réalisées par ceux-là mêmes qui tentent maintenant de redresser la situation. Mais les Montréalais seront-ils véritablement mieux servis par ce nouvel hôpital? Rien n'est moins sûr. Rappelons que le ministère de la Santé et des Services sociaux n'ajoute pas de lits à Montréal dans cette opération. Il ne fait que déplacer les lits actuellement disponibles sur les trois campus vers un nouveau bâtiment, plus moderne il est vrai. La facture grimpera, sans pour autant que les services s'améliorent. Qui y trouvera son compte?

Les bâtiments actuels des trois campus du CHUM ne sont peut-être pas ceux que les patients et le personnel souhaiteraient. Mais ils ne sont pas non plus la cause des problèmes que l'on connaît depuis fort longtemps dans la région de Montréal. Il y a donc fort à parier qu'en 2007, lorsque le nouvel hôpital ouvrira ses portes, les patients devront être encore plus patients: les urgences déborderont toujours et les listes d'attente se seront allongées. À moins que le gouvernement n'investisse dans la santé, plutôt que dans le béton. De ce point de vue, n'est-il pas inquiétant de constater que le ministère a choisi de construire un nouvel hôpital sur un nouvel emplacement, alors que la pertinence d'un tel projet n'a jamais été démontrée? Pourtant les Montréalais ne désirent que de bons soins...

Pourquoi un nouvel hôpital? Tout simplement parce que le ministère est aux prises avec un problème devenu insoluble: l'incapacité de réaliser la fusion qu'il a décrétée il y a quelques années. Après de nombreuses tentatives infructueuses d'intégrer les activités des trois campus, la construction d'un nouvel hôpital est soudainement apparue comme la seule solution pour achever une fusion mal conçue, mal reçue et mal gérée. La nécessité de cette fusion n'a jamais été démontrée, pas plus que ne l'a été la pertinence d'un CHUM sur un seul campus. Et encore moins à la station de métro Rosemont.

On pourra invoquer que le nouveau campus sera situé au centre géographique de la ville, comme l'a fait la ministre de la Santé et des Services sociaux. Mais l'hôpital le plus important de Montréal ne sera plus au centre-ville qui, quoi qu'en dise la ministre, demeure le lieu le plus accessible pour l'ensemble de l'agglomération. Le ministère a choisi de relocaliser un équipement aussi structurant pour l'avenir du centre-ville sans débats, sans qu'on s'interroge sur l'impact d'une telle décision, comme si le centre-ville n'était qu'un espace banal, une localisation comme une autre, et comme s'il n'y avait pas de conséquences à le vider peu à peu de ce qui fait justement un centre-ville: une variété d'activités capables de rayonner sur l'ensemble de l'agglomération montréalaise. Or, avec le projet du centre hospitalier de McGill, ce sont pas moins de sept établissements hospitaliers qui seraient vidés au cours de la prochaine décennie. La ministre s'est bien gardée de le rappeler. Mais il est vrai que la santé du coeur de la ville-région ne relève pas de la mission du ministère de Mme Marois.

On ne s'étonnera donc pas que l'étude commandée par le ministère ne considère que les impacts du point de vue du fonctionnement de l'hôpital. Les enjeux urbains de toute nature n'ont aucunement été considérés, même si ce sont des urbanistes qui ont réalisé l'étude. Sans doute ne jugeaient-ils pas qu'il était utile de le faire. Mais il y a d'autres raisons de rejeter les conclusions auxquelles les auteurs sont arrivés. Non seulement les paramètres du projet condamnaient-ils d'emblée et sans autre forme de procès les autres emplacements, mais ni le coût des reconversions ni les coûts d'entretien d'un parc immobilier augmenté n'ont été comptabilisés. Or, en faisant grimper la facture, ces coûts cachés invalideraient les résultats de l'étude. De ce point de vue, cette dernière est aussi irrecevable que celles dont la Ville de Montréal se satisfait dans les dossiers d'implantation des autres "grandes surfaces".

Qui osera prétendre que le centre-ville ne se ressentira pas de cette décision précipitée? Non seulement on en aura fermé pratiquement tous les hôpitaux d'ici quelques années, les francophones tout autant que les anglophones, mais rien ne nous assure qu'on trouvera des fonctions de remplacement équivalentes pour ce qui est du dynamisme et de la synergie. Or, de ce point de vue, le vague des propos de la ministre n'est guère rassurant.

Mais le plus préoccupant dans la décision du ministère de la Santé et des Services sociaux n'est-il pas qu'on choisisse de construire un nouvel hôpital, dont la pertinence est loin d'être démontrée, sans que les décisions sectorielles prises au gouvernement du Québec puissent être préalablement discutées sur la place publique? Aucune perspective globale, aucune vision d'ensemble du développement de l'agglomération montréalaise ne sous-tendent ce projet. En ce sens, le silence de la ministre des Affaires municipales et de la Métropole en dit long sur la compréhension qu'on a, à Québec, de la réalité montréalaise et sur la priorité qu'on accorde, au gouvernement du Québec, à l'avenir de la métropole. C'est Pierre Bourque qui doit s'en réjouir.

Paul Lewis et Gérard Beaudet
Professeurs à l'Institut d'urbanisme


De l'utilité du latin
pour l'apprentissage du français

Pour rectifier des perceptions qui reposent davantage sur le sens commun que sur des données scientifiques, je me permets quelques mots sur un de ces mythes qui ont la vie dure et qui circulent même dans nos murs: non, il n'existe aucune étude qui montrerait de près ou de loin que l'apprentissage du latin favorise l'apprentissage du français, du moins pas plus que le fait d'apprendre une langue quelconque ne favorise l'apprentissage d'une autre langue (on croit en effet que la connaissance d'une langue favorise l'acquisition d'une nouvelle langue) et même peut-être moins puisque le latin est rarement utilisé comme langue vivante. Au contraire, d'après leur structure, le latin et le français appartiennent à deux groupes de langues de types très différents.

À propos du vocabulaire, l'aide que pourrait apporter la connaissance de l'étymologie est des plus douteuses parce que, dans la plupart des cas, l'évolution sémantique faisant son oeuvre, la parenté n'est pas transparente et elle est même trompeuse. Sur le simple plan de la rentabilité, mieux vaut certainement apprendre directement le français. Quant à l'intérêt culturel que représentent le latin ou le grec ancien, quand on commence à les maîtriser suffisamment pour aborder les oeuvres, nul doute qu'il est important, mais c'est une autre question.

Marie-Christine Paret
Didacticienne et linguiste


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