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Mangez mieux et vivez 120 ans

Quand deux biochimistes font du Montignac...

Cornelius Bulik (à droite) a rencontré le professeur Réjean Daigneault durant un congrès à Monaco. De leur collaboration est né Encore jeune à 100 ans.

Un peu plus de légumes et de fruits, beaucoup moins de sucre et quelques suppléments vitaminiques, au besoin, assureront aux lecteurs de Encore jeune à 100 ans, qui vient de paraître chez Guérin, une espérance de vie de 120, voire de 150 ans.

"Non, ce n'est pas un canular, explique Cornelius Bulik, étudiant au deuxième cycle au Département de pathologie et biologie cellulaire de la Faculté de médecine. Le vieillissement est un mécanisme biochimique qu'on peut contrôler jusqu'à un certain point. Il est régi en partie par le télomère, l'extrémité des chromosomes de nos cellules. Celui-ci s'érode avec le temps. Ce phénomène est facilement observable au microscope."

Ce télomère est sensiblement différent chez une jeune personne et chez un vieillard. Les chercheurs de l'Université de Montréal estiment qu'on peut retarder son usure. Comment? En réduisant les dommages d'une part et en augmentant les capacités de protection et de réparation des cellules d'autre part.

Si des facteurs comme la pollution de l'eau et de l'air échappent au contrôle du commun des mortels, la qualité de l'alimentation, en revanche, dépend de la volonté de chacun. Et elle jouerait un rôle dans la longévité. Les humains mangent trop et, surtout, mal. "Nous creusons notre tombe avec nos dents", lance Réjean Daigneault, cosignataire de l'ouvrage. Pour ce professeur au Département de biochimie, il ne fait pas de doute que nous pourrions couper de 40% les calories absorbées chaque jour sans créer de carences. À condition de choisir les bons aliments.

"Au lieu des frites, du hamburger et du cola du repas de midi, il faut préférer des légumes, des fruits et peut-être un morceau de viande, souligne le professeur Daigneault. Ce menu est beaucoup moins nocif."

Diminuer les quantités de nourriture pendant les repas favorisera la préservation de la santé. Mais il est encore plus "rentable" d'améliorer la qualité de ces aliments, souligne M. Bulik. "Première règle, la plus importante: éliminer les sucres. Ils sont un véritable poison pour notre ADN. Mais ce n'est pas tout. Les pommes de terre, le pain blanc, tout cela est dramatique pour l'organisme", mentionne le chercheur.

En fait, les auteurs ne prétendent pas réinventer la roue. Les aliments à haute teneur glycémique sont connus depuis les premières expériences nutritionnelles d'envergure, menées en France durant les années 1940 et 1950. "Montignac s'est inspiré des travaux d'Atkins qui, lui-même, s'appuyait sur des expériences connues."

Mais au fait... est-ce bien nécessaire de vivre 120 ans? Non, répond sans hésiter M. Bulik. Ce qui compte, c'est d'éviter la dégénérescence et la déchéance, qui sont trop souvent associées aux outrages du temps. Encore jeune à 100 ans vise précisément cet objectif. Comme il est indiqué sur la couverture arrière, il faut "d'abord améliorer notre survie moyenne en prévenant les maladies les plus dévastatrices, ensuite apprendre à ralentir notre vieillissement afin qu'en plus d'échapper à la maladie nous ne vieillissions pas plus rapidement."

Évidemment, l'espérance de vie plus que centenaire exclut les accidents. Pour Réjean Daigneault, qui a lui-même été victime d'un grave accident de la route en 1985, cette donnée ne saurait être ignorée.

 

 

 

 

Encore jeune à 100 ans n'est pas sans défauts. Ce livre compte des chapitres écrits dans un style pour biochimistes avertis, alors que d'autres relèvent plutôt de la psychologie populaire. On y trouve d'abondantes références scientifiques mais également des citations de Confucius, Nietzsche, Goethe, qui ne sont pas renommés pour leurs connaissances en nutrition.

M.-R.S.


Cornelius Bulik et Réjean Daigneault, Encore jeune à 100 ans, Montréal, Guérin, 1999, 418 pages.


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