Les projets Hémisphères exposés au public

Un scaphandre, une remorque et un véhicule électrique sont nés des projets d'étudiants en design industriel et en génie.

Alain Dardenne, professeur à l'École de design industriel, a mis sur pied les projets Hémisphères en 1993.

Pour payer ses études de génie à l'Université de Sherbrooke, Maxime Dugré-Sasseville est scaphandrier professionnel pendant l'été. Depuis qu'il exerce ce métier, la lourdeur du casque du scaphandre et son champ de vision limité l'ennuient. "Si je pouvais mettre au point un casque plus performant..." se dit-il.

Il y a 18 mois, il a entrepris un "programme d'ingénierie simultanée" avec deux apprentis designers de l'Université de Montréal, Patrice Guillemin et Patrick Bégin. Ensemble, ils ont mis au point le casque de scaphandre de l'avenir: le Deep Space. Il pourrait conquérir le marché nord-américain d'ici quelques années. Les trois jeunes hommes se montrent, en tout cas, fort enthousiastes.

"Ce casque pèse environ la moitié du poids de celui de notre plus proche concurrent, dit le scaphandrier qui a lancé une entreprise pour commercialiser ce produit. Nous avons également amélioré la fiabilité des appareils de communication et élargi le champ de vision de l'utilisateur."

D'une valeur de 7000 à 8000$CA, le modèle final pourrait convenir à une cinquantaine d'entreprises au Canada, là où les conditions de plongée sont parmi les plus difficiles au monde. Ensuite, le Deep Space partira à la conquête du marché international.

L'occasion de mettre au point un premier prototype du Deep Space a été offerte au scaphandrier-ingénieur grâce aux projets Hémisphères, qui lie l'université montérégienne et l'École de design industriel de l'Université de Montréal depuis 1993. Ce programme veut unir les objectifs des futurs ingénieurs à ceux des futurs designers. "Les étudiants en génie sont très forts en technique et ont besoin de l'expertise des designers, qui ont des préoccupations esthétiques, ergonomiques et fonctionnelles", explique Alain Dardenne, professeur à l'École de design industriel et responsable de ce cours.

Patrice Guillemin, Maxime Dugré-Sasseville et Patrick Bégin ont mis au point un casque de scaphandrier révolutionnaire: le Deep Space.

Les deux hémisphères unis
Le 14 décembre dernier, les prototypes faisaient l'objet d'une présentation publique fort courue par les étudiants de la Faculté de l'aménagement. Le rez-de-chaussée du pavillon s'était transformé pour l'occasion en une salle de montre où les visiteurs pouvaient admirer les objets et poser des questions. Certains s'informaient sur les logiciels de conception assistée par ordinateur, d'autres sur les étapes de la construction du prototype.

La remorque Remora est un autre exemple des projets Hémisphères. Pour construire cette remorque de véhicules récréatifs (motoneige, motomarine, voilier, etc.), les six ingénieurs et trois designers ont pensé aux baby-boomers qui migrent vers les Laurentides et l'Estrie le vendredi soir jusqu'au dimanche. "Un modèle comme celui-là se vendrait autour de 5000$, explique Yolaine Chankane, qui formait l'équipe de l'Université de Montréal avec Julie Leblanc et Dominic Ouellette. Il est donc destiné aux gens qui ont les moyens."

C'était la première expérience de l'étudiante dans le domaine des véhicules. Mais elle a beaucoup apprécié. À son avis, les designers apportent aux ingénieurs des notions essentielles à la mise en marché. "On ne vend rien, de nos jours, sans une belle image", dit-elle.

Le troisième projet, travail de Mathieu Leclerc et Galin Alexandre, ne s'est pas rendu à l'étape de la réalisation du prototype. Seule une maquette à l'échelle du Mantis était présentée au public de même qu'une animation en trois dimensions.

Destiné lui aussi aux individus fortunés, le véhicule à traction intégrale est à usage multiple. L'été, on l'utilise pour tondre la pelouse; l'hiver, pour souffler la neige. Son moteur électrique permet aux jardiniers d'y brancher des appareils. De plus, pour la plus grande joie des voisins, il est peu bruyant.

Alain Dardenne souligne que quatre autres projets sont actuellement en cours. Compte tenu du temps requis pour la réalisation de ces travaux et de la somme de travail qu'ils exigent, les étudiants qui se lancent dans les projets Hémisphères ont beaucoup de mérite. "Ils sont exceptionnels", clame le professeur.

L'École de design industriel de la Faculté de l'aménagement compte environ 250 étudiants. Plus de 95% des diplômés se trouvent du travail à la sortie de l'Université.

Bien qu'aucun projet, à ce jour, n'ait encore franchi l'étape de la commercialisation, les travaux doivent toujours être réalisés dans cette optique. L'un des beaux prototypes des dernières années, la motoneige Exocet, est exposé en permanence au musée J. Armand Bombardier, à Valcourt.

M.-R.S.