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L'oeuf ou la poule?

L'un et l'autre seront à l'étude à la nouvelle chaire en recherche avicole.

Ce poulet que tient Martine Boulianne est âgé de trois semaines et aura atteint le poids requis pour le marché, soit 1,5 kilo, en seulement 42 jours. Contrairement à la croyance populaire, cette croissance rapide n'est pas due à l'usage d'hormones mais à la sélection génétique du poulet de chair.

Bien peu de gens le savent, mais les poules ont elles aussi un problème de cellulite. Ce problème constitue même la principale cause de pertes chez les producteurs de volailles.

Même si seulement 0,7% des poulets de chair (destinés à la consommation) en sont affectés, les pertes sont considérables puisque nous produisons au Québec pas moins de 120 millions de poulets par année. De quoi donner la chair de poule! Et l'essentiel de cette production est destiné à la consommation québécoise. La chair de volaille (poulet et dinde) représente maintenant 35% de notre consommation de viande, soit 26 kilos par année par habitant.

Malgré le problème de cellulite, l'état de santé de ce cheptel serait très bon. C'est du moins l'avis de Martine Boulianne, professeure et chercheuse à la Faculté de médecine vétérinaire. "Il n'y a pas d'épidémie et l'environnement est contrôlé, souligne-t-elle. Les pertes liées aux diverses maladies sont de l'ordre de 1% à 1,5% par année, ce qui est une proportion considérée comme normale."

Martine Boulianne vient d'être nommée titulaire de la nouvelle chaire en recherche avicole créée à la Faculté de médecine vétérinaire en partenariat avec les producteurs de volailles et d'oeufs du Québec. L'objectif de la chaire est d'accentuer les recherches sur les problèmes de santé affectant le cheptel de poulets et pouvant avoir des incidences sur la santé humaine et l'économie de l'élevage.

La cellulite du poulet
Pour Martine Boulianne, en poste à la Faculté depuis 1992, les recherches déjà effectuées sur la cellulite du poulet "constituent notre success story", affirme-t-elle. Un membre de la chaire, Serge Messier, a été l'un des premiers chercheurs à décrire cette affection découverte en 1986 et qui a connu une croissance phénoménale depuis.

Le problème de la cellulite chez le poulet n'est pas relié à l'esthétique comme chez les humains. Chez la volaille, la dermite, ou inflammation du tissu conjonctif, s'accompagne d'une accumulation de pus produit par un colibacille et pouvant infecter la viande. L'infection n'est décelable qu'à l'abattoir.

Les travaux de Serge Messier ont montré que les mâles sont deux fois plus nombreux que les femelles à en être atteints et que la cause pourrait être une insuffisance de leur plumage. "Le colibacille provient des litières et contamine le poulet par des égratignures produites par les griffes, explique Martine Boulianne. Comme les mâles on moins de plumes, ils sont moins protégés."

Un facteur génétique serait également à la source du problème. La race de poulet sélectionnée pour la consommation est caractérisée par un développement plus lent du plumage. La chaire poursuivra des recherches à la fois du côté de la génétique et du côté de la lutte microbienne.

"Même si le colibacille en question n'est pas le même que celui qui affecte les humains, ces poulets sont retirés de la chaîne", précise la vétérinaire.

Le colibacille est également lié à une autre infection chez le poulet, soit celle des sacs aériens. Sans être des poumons, ces sacs maximisent l'utilisation de l'air respiré par l'oiseau. Leur infection provoque un ralentissement de la croissance et parfois la mort. John Fairbrother, spécialiste du colibacille, poursuivra des recherches sur les facteurs de virulence de cette bactérie.

La cyanose et le transport
Une certaine proportion de nos poulets d'élevage souffrent également de cyanose, un problème non infectieux qui se manifeste par une coloration rougeâtre de la peau et de la chair.

Les causes de la cyanose sont mal connues. "Elle pourrait être due à un manque d'oxygène pendant le transport vers l'abattoir résultant de problèmes cardiovasculaires liés à la croissance rapide du poulet", explique Martine Boulianne.

Par ailleurs, le nombre de cas de cyanose est beaucoup plus élevé en hiver qu'en été. Encore là, les conditions de transport pourraient être en cause. "Durant le transport d'hiver, le poulet frissonne et utilise son glycogène comme source d'énergie, ce qui peut foncer la chair."

La cyanose nuirait peu à la qualité de la viande, si ce n'est une dégradation plus rapide de la chair, mais les poulets qui en montrent des signes sont mis à l'écart. Il s'agit de la troisième cause de confiscation pour le poulet de chair et de la deuxième pour la dinde.

Un autre axe de recherche portera sur la maladie de Gumboro, une maladie immunosuppressive qui est toutefois sans danger pour les humains. "La maladie est apparue en 1990 et pourrait provenir de moulées de poisson contaminées ou de piqûres d'insectes, indique Martine Boulianne, mais rien n'a encore été démontré."

Les recherches dans ce domaine seront menées par Amer Silim, qui verra à désigner les diverses variantes de la maladie. Le professeur Silim poursuivra également des recherches sur la bronchite infectieuse du poulet.

Le doyen de la Faculté, Raymond Roy, complète l'équipe de recherche. Sa contribution portera sur une méthode de reconnaissance d'un mycoplasme responsable de l'arthrite chez le poulet.

Les partenaires de la Faculté de médecine vétérinaire au sein de la chaire en recherche avicole sont la Fédération des producteurs de volailles du Québec, la Fédération des producteurs d'oeufs de consommation du Québec, l'Association des couvoiriers du Québec, l'Association des abattoirs avicoles du Québec et le Syndicat des producteurs d'oeufs d'incubation du Québec.

Daniel Baril


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