Le bogue de l'an 2000 a déjà coûté 5 M$

Un inventaire du matériel est en cours et la collaboration de tous est vivement souhaitée.

Pour Michel Vanier, coordonnateur des opérations antibogue, deux attitudes sont à éviter: celle de croire qu'il n'y a aucun problème et celle de croire que l'on court à la catastrophe.

La direction de l'UdeM suit de près la situation prévalant dans le domaine de l'informatique afin de s'assurer que l'Université passe sans encombre la date fatidique du 31 décembre 1999.

Un comité de supervision, présidé par le vice-recteur à la recherche François Duchesneau, a été créé avec le mandat de sensibiliser les administrateurs au problème, de dresser un inventaire des systèmes et des appareils recourant à des circuits informatiques, d'évaluer les enjeux légaux et de décider des mesures à prendre.

La création de ce comité a été rendue nécessaire afin de répondre aux exigences du ministère de l'Éducation, qui demande des comptes aux universités sur l'état de leurs systèmes informatiques, ce qui inclut les grands systèmes de gestion, le matériel d'enseignement et de recherche ainsi que les systèmes spécialisés comme ceux contrôlant le chauffage et la climatisation.

En février 1998, le directeur de la division du développement à la DITER, Michel Vanier, qui agit comme coordonnateur des opérations de certification, estimait que les travaux sur les grands systèmes stratégiques relevant de la DITER - comme la téléphonie, les systèmes de gestion financière, de gestion du personnel ou des dossiers étudiants- allaient être terminés au cours de l'été.

"De ce côté, tout est réglé", affirme-t-il. Une opération de rodage a d'ailleurs été effectuée pendant la période des Fêtes, ce qui a permis de découvrir et de régler certains pépins relatifs à l'émission des chèques de paye et à la gestion des dossiers étudiants.

Des difficultés subsistent du côté des progiciels acquis sur le marché. On attend la mise à jour du gestionnaire Prophecy que doit fournir le producteur alors que le Service des sports est aussi en attente d'un nouveau système de gestion de réservation de plateaux. À la Faculté de médecine dentaire, un nouveau système de gestion de clinique acquis récemment ne serait pas tout à fait au point.

Appel à tous
La situation est un peu plus obscure du côté du matériel d'enseignement et de recherche. Qu'en est-il de l'impact du bogue sur des appareils comme les microscopes électroniques, les séquenceurs, les appareils médicaux?

"L'Université ne dispose d'aucun inventaire de ce matériel, indique Michel Vanier. La DITER n'a pas non plus d'expertise concernant son fonctionnement. Les personnes les mieux placées pour faire le point sont les chercheurs qui l'utilisent. Nous ne nous attendons pas à ce qu'il y ait de gros problèmes, mais comme nous ignorons l'ampleur de l'impact possible, il faut évaluer la situation dans chaque cas et pour cela dresser un inventaire."

Le coordonnateur compte ici sur la collaboration de tous. La démarche que tous les responsables devraient suivre comporte cinq étapes: l'établissement d'un inventaire des appareils comportant des composantes électroniques; la vérification de la conformité de l'équipement auprès du fabricant ou du fournisseur; l'évaluation de l'impact pour les travaux ou la sécurité; les mesures à prendre, allant du statu quo si l'impact est nul jusqu'au remplacement de l'appareil si la mise à jour n'est pas possible; et l'adoption d'un plan d'urgence.

Toute l'information nécessaire est d'ailleurs accessible sur le site Web de la DITER (voir l'encadré).

Les plans d'urgence concernent évidemment les grandes unités comme la Direction des immeubles ou le Service du personnel, qui doivent être en mesure de faire face à toute éventualité au cas où un système névralgique ne fonctionnerait plus.

Le comité de supervision a en effet réalisé que l'Université n'était pas à l'abri de catastrophes. "Les appareils de contrôle des systèmes de chauffage et de refroidissement des pavillons reliés en réseau ne passeront pas l'an 2000", affirme Michel Vanier. Une perte de contrôle de ces systèmes pourrait être dramatique; mais cet équipement sera remplacé pour la rentrée de septembre prochain.

Même situation du côté des systèmes d'accès aux locaux par carte magnétique ou de l'appareil à estampiller le courrier, qu'il a fallu remplacer au coût de 50 000$. Et c'est sans parler des 5000 micro-ordinateurs du campus.

Depuis le début de l'alerte au bogue de l'an 2000, c'est pas moins de cinq millions de dollars que l'Université a dû investir dans diverses opérations de remplacement de matériel ou de reconfiguration de systèmes informatiques. La moitié de cette somme provient du budget de développement de la DITER. "Toutefois, précise Michel Vanier, plusieurs de ces appareils devaient de toute façon être remplacés."

L'incertitude
Le coordonnateur des opérations demeure par ailleurs confiant que le cap fatidique sera passé sans trop de problème. "L'inquiétude, dit-il, ce n'est pas de savoir qu'un système est inadéquat puisqu'on peut le remplacer ou prévoir les conséquences de son mauvais fonctionnement. La véritable inquiétude est de ne pas savoir si l'on a vraiment fait le tour de tout et si rien ne nous a échappé. Ici, la sensibilisation ne suffit pas; il faut demander des comptes précis à tous parce que l'informatique n'est pas que le problème de la DITER."

Daniel Baril

Tout ce qu'il faut savoir pour faire face au bogue

Votre micro-ordinateur et votre gestionnaire de courrier électronique peuvent-ils faire face au bogue de l'an 2000? Si vous n'en êtes pas certain, consultez sans tarder le site de la DITER (www.diter.umontreal.ca/an_2000/), où vous trouverez non seulement toute l'information sur la problématique de ce bogue, mais également toutes les ressources nécessaires pour faire face à la situation.

Le site présente une liste du matériel considéré comme périmé et qui ne passera pas le cap de l'an 2000. Quant aux appareils pouvant être modifiés, vous trouverez la liste complète des fabricants d'ordinateurs et de logiciels avec leurs adresses Internet où l'on vous dira comment procéder, parfois en téléchargeant de nouveaux logiciels. Près de 75 sites d'information et de ressources sont ainsi répertoriés.

Mais avant de procéder, prenez connaissance de l'importante mise en garde puisqu'une telle opération est déconseillée si vous n'êtes pas féru d'informatique.

La démarche de validation des appareils et des systèmes de l'Université élaborée par la DITER est également présentée avec la liste des responsables pour chaque unité.

Le site connaîtra de nouvelles mises à jour au fur et à mesure que progressera l'inventaire du matériel d'enseignement et de recherche actuellement en cours.