L'Atelier d'opéra de la Faculté de musique présente La flûte enchantée, de Wolfgang Amadeus Mozart, du 18 au 21 mars. Quarante chanteurs et autant de musiciens de l'Orchestre de l'Université de Montréal (OUM) donneront leur interprétation "contemporaine" de l'opéra initiatique par excellence sous la direction de Jean-François Rivest.
"C'est un opéra qui est souvent présenté avec légèreté mais, à mes yeux, La flûte enchantée est une oeuvre dramatique", dit Nathalie Deschamps, qui assure la mise en scène. À son avis, les dialogues et les chants sont très difficiles à interpréter dans leur sens profond. Tamino, le protagoniste, est un adolescent qui devient adulte sous les yeux des spectateurs, alors que son amoureuse, Pamina, s'affranchit difficilement d'une mère cruelle. L'argument est traversé par la présence d'un personnage fantaisiste, Papageno, un oiseleur hédoniste et peureux qui est prêt à tout pour sauver sa peau.
Des livres complets ont été écrits sur le symbolisme de La flûte enchantée. Malgré tout, Mozart est probablement mort avec plusieurs de ses clés. Mais la force de ce grand classique du répertoire demeure son accessibilité auprès de tous les publics. On ne pouvait mieux choisir pour relancer l'Atelier d'opéra, qui collabore pour la première fois avec l'OUM. Les plus exigeants y trouveront leur compte, autant que les profanes en route vers leur première immersion dans l'art total.
Privilégiant l'accessibilité, la traduction française des dialogues a été préférée à la version allemande. Les chants demeurent dans leur version originale.
Une étoile montante
En répétition, Nathalie Deschamps ne ménage
pas les interprètes de Pamina et Papageno. "Ça
ne peut pas marcher comme ça, lance-t-elle. Votre façon
de dire le texte ressemble plus à un commentaire. On reprend."
La carrière de la jeune femme âgée de 30 ans est en pleine ascension. Ses mises en scène la font vivre depuis déjà quatre ans. C'est notamment à elle que l'Opéra de Montréal a demandé de monter Carmen en janvier dernier.
À l'Atelier d'opéra de l'Université de Montréal, on n'a que des éloges à formuler à son endroit. "Pas facile de trouver quelqu'un capable de travailler dans des conditions difficiles, affirme Rosemarie Landry, responsable du secteur chant à la Faculté de musique. Nathalie réussit beaucoup avec rien du tout."
L'Atelier d'opéra dispose en effet d'un budget de 15 000$ pour couvrir les frais de La flûte enchantée et de deux autres productions données simultanément: Hänsel und Gretel, d'Engelbert Humperdinck, et L'étoile, d'Emmanuel Chabrier.
C'est peu. Mais Nathalie Deschamps ne se plaint pas. Elle concède cependant que la distribution de jeunes chanteurs a des inconvénients (l'inexpérience, une certaine maladresse sur scène...), mais cela donne aussi beaucoup d'enthousiasme et de dynamisme à une oeuvre qui s'en alimente.
Pour Louise-Andrée Baril, professeure à la Faculté de musique, cette renaissance de l'Atelier d'opéra est de bon augure. "L'Atelier existe depuis longtemps, dit-elle. Nous avons connu cette année la conjonction de plusieurs facteurs pour lui donner une nouvelle visibilité."
Comme il s'agit d'une expérience sans précédent, des problèmes techniques surgissent. Par exemple, la salle Claude-Champagne ne dispose pas de fosse d'orchestre. On devra donc sacrifier une centaine de chaises au parterre pour installer les musiciens.
Mais tout sera en place pour la grande première, le 18 mars. Cette soirée a d'ailleurs été retenue par le recteur Robert Lacroix, qui a décidé d'y inviter les plus généreux donateurs individuels de même que les collaborateurs actifs du Fonds de développement. Plus de 800 invitations ont été postées. Cette initiative du recteur réjouit les porte-parole de la Faculté, qui y voient une forme d'encouragement des activités musicales de la communauté universitaire.
Mathieu-Robert Sauvé
La flûte enchantée, de
Mozart, les 18, 19, 20 et 21 mars à 20 h, à la salle
Claude-Champagne, 220, avenue Vincent-d'Indy. Prix d'entrée:
12$ (étudiants: 8$). Billetterie: (514) 844-2172. Il y
aura une rediffusion dans le cadre du radiothon de CISM.