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Courrier

Contre la hausse des frais pour les étudiants en rédaction

Suggestion pour le renouvellement des ressources humaines


Contre la hausse des frais pour les étudiants en rédaction

Monsieur le Recteur,

Dans un récent article, signé par Paule des Rivières, dans Le Devoir, il est fait mention que, à la suite de la décision des universités Laval, McGill et de Sherbrooke, l'Université de Montréal réfléchirait à la possibilité d'augmenter les frais de scolarité pour les étudiants inscrits en rédaction de thèse. Pour la Faculté de médecine, qui compte près de 600 étudiants en rédaction, les frais de scolarité, qui passeraient de 200$ l'an à 1500$ ou 1800$ l'an, engendreraient un apport financier de près de un million de dollars par an. Nous imaginons déjà l'attrait pour les gestionnaires de notre université d'autant que M. Motulsky, présenté dans l'article comme le porte-parole de l'Université de Montréal, justifie cette option comme un moyen efficace pour diminuer le nombre d'avantages que nous aurions actuellement et qui, selon lui, empêcheraient une finalisation rapide de nos études. [...]

Nous nous sommes renseignés sur la charge réelle en services divers que représente un étudiant en rédaction de thèse. Les services bibliothécaires restent présents, soit. Mais, grossièrement, la confirmation de l'inscription pour trois sessions par une secrétaire se fait une fois par an et représente quelque cinq minutes de travail. Aucun cours n'étant plus suivi officiellement, il n'y a pas d'autres tâches administratives imputables au cursus de l'étudiant, mis à part la récolte des frais de scolarité. Par contre, contrairement à ce qu'indiquait M. Motulsky, les services du CEPSUM sont payants. [...]

Augmenter les frais de scolarité est une décision qui pourrait être lourde de conséquences. La situation financière de nos membres oscille entre 10 000$ l'an (prêts et bourses) et 15 000$ l'an (bourses d'excellence, bourses d'appoint ou participation du directeur quand il peut leur offrir ce minimum vital). De ces sommes, il faut retrancher les frais de scolarité actuels (200$), les impôts (de 1500$ à 3000$), les cotisations obligatoires diverses (500$), etc. Contrairement aux étudiants d'autres secteurs, la formation en recherche biomédicale nous empêche de concilier notre présence au laboratoire avec un travail d'appoint. D'une part, nous sommes au laboratoire près de six à sept jours par semaine, et ce, trois trimestres par an. D'autre part, nos bourses ou le financement par le biais des subventions de nos directeurs limitent, voire interdisent, le cumul avec un travail extérieur au laboratoire, excepté une charge de cours par session. Or, avec les compressions budgétaires, le nombre de charges de cours disponibles a subi une réduction draconienne... Autrement dit, la majorité de nos membres, étudiants en rédaction de thèse, vivent avec un revenu compris entre 8000$ et 11 000$ par an.

Augmenter les frais de scolarité, c'est une politique à court terme... En effet, les études de doctorat en recherche biomédicale, par exemple, prennent entre quatre et six ans. Cette durée, contrairement à ce que dit M. Motulsky, ne reflète pas le manque de motivation de l'étudiant mais la somme de connaissances à acquérir pour devenir autonome en recherche, but ultime de la formation doctorale. Les deux premières années sont occupées par les cours, l'examen prédoctoral et l'apprentissage des techniques de recherche. Par la suite commence vraiment le travail de stagiaire de recherche. [...] C'est le moment où nous pouvons exploiter la formation des deux premières années, pour notre propre formation, soit, mais aussi pour la renommée de notre directeur, de notre faculté et de l'Université. Puisque nos thèses sont de type "par articles", la rédaction de la thèse occupe seulement trois mois dans la vie de l'étudiant... Ainsi, pendant notre statut de "rédaction de thèse", nous collaborons activement à l'expansion du laboratoire qui nous a accueillis. Si nous ne pouvons plus nous consacrer à temps plein à ce travail dans les laboratoires, notre production diminuera, nos directeurs publieront moins et risquent de voir leurs subventions de recherche s'amenuiser, ce qui entachera la renommée de l'Université.

Nous pouvons comprendre les difficultés financières de l'Université et constater, avec regret, l'écart qui existe entre l'actif des universités anglophones, telles McGill et Toronto, et le nôtre. D'ailleurs, notre association siège à plusieurs comités, dont le Comité de développement et le Comité du projet Relève Médecine 2000, pour essayer de trouver des solutions efficaces afin d'augmenter la visibilité, la crédibilité et les moyens financiers de l'Université de Montréal à long terme. Cependant, il nous semble être face à un paradoxe qui nous rend perplexes: comment justifier des démarches pour augmenter les fonds d'aide aux étudiants afin d'améliorer leur qualité de vie et en même temps augmenter leurs frais de scolarité? Selon notre perception, cela équivaut à offrir de la main droite ce qu'on prend de la main gauche. [...]

Nous croyons que nous aurions intérêt, vous comme nous, à nous rencontrer pour explorer des solutions plus efficaces qu'une augmentation draconienne des frais de scolarité. Nous nous tenons, d'ailleurs, à votre disposition pour vous donner toute information complémentaire sur la situation réelle de nos membres. Nous avons l'espoir que vous ne prendrez pas de décision semblable à celle de vos confrères des autres universités québécoises. D'autant plus que vous pourriez accueillir des étudiants qui, à qualité académique égale, se seraient dirigés vers Laval ou Sherbrooke. Vous montreriez à coup sûr vos qualités de gestionnaire humain tout en augmentant le nombre d'étudiants aux cycles supérieurs à l'Université. Est-ce qu'en vous mettant en porte-à-faux par rapport à vos confrères vous n'insuffleriez pas un effet plus bénéfique à terme pour l'Université?

En espérant que vous renoncerez au projet d'augmenter les frais de scolarité pour les étudiants en rédaction de thèse, nous vous prions d'agréer, Monsieur le Recteur, l'expression de nos sentiments distingués.

Joël Monzée, président Hélène Girouard, déléguée aux affaires externes
Association des étudiants des grades supérieurs
Faculté de médecine


Suggestion pour le renouvellement des ressources humaines

Le vieillissement du personnel de l'Université, combiné avec le sous-financement quasi chronique et qui s'accentue au fil des années, est l'un des principaux problèmes auxquels l'Université fait face actuellement: professeurs, professionnels, employés, etc., prendront leur retraite sous peu. L'âge moyen du personnel se situe autour de la cinquantaine; plusieurs voudraient prendre leur retraite avant l'âge de 60 ans; on peut facilement imaginer les dommages pour un établissement comme l'Université, lorsqu'un grand nombre d'employés se désengage en même temps sans que la relève soit assurée.

Sous le titre "63 lauréats lancent un SOS", Forum (22 février 1999, p.3) publiait une lettre adressée au premier ministre, Lucien Bouchard, dans laquelle 63 universitaires et créateurs québécois expriment leurs inquiétudes devant "la situation critique" des universités: le non-remplacement des professeurs "[...] rend difficile et même impossible l'injection essentielle de sang nouveau [...] et mène à la destruction d'équipes de recherche et d'enseignement dont la mise en place avait demandé des dizaines d'années d'efforts", peut-on lire. La présente lettre fait écho à ces cris d'alarme; nous sommes conscient aussi que la situation inquiète les décideurs et autres responsables de la communauté universitaire; il n'y a pas de solutions miracles, quand le financement est déficient on a recours à des mesures qui règlent des problèmes à court terme: préretraite, retraite anticipée, coupures de postes, etc. On règle ainsi quelques problèmes, mais on en crée d'autres plus importants, comme l'appauvrissement des ressources humaines. Le programme de retraite volontaire à 55 ans pro-posé au personnel de l'Université en 1997 exigeait justement le non-remplacement des employés qui bénéficiaient de cette mesure; si l'on avait les ressources nécessaires, on aurait probablement engagé des remplaçants, a priori des jeunes, mais tel n'est pas le cas.

Dans cette lettre, nous allons proposer une mesure qui, sans prétendre régler le problème du vieillissement, contribuerait néanmoins à en atténuer les conséquences; elle requiert le concours des principaux intervenants: décideurs, syndicats et employés. "Injecter du sang nouveau" sans que cela occasionne beaucoup de dépenses tout en permettant à l'Université de faire des économies d'échelle, c'est possible et tel est le sens de notre projet. Voilà les deux volets de la proposition:

1. Que l'Université offre à chaque employé qui aura le droit de prendre sa retraite (entre 55 et 60 ans) la possibilité de prendre une semi-retraite pendant 2 à 3 ans avant la retraite complète, sans pénalités; cela encouragerait beaucoup d'employés à considérer cette possibilité. Immédiatement après l'accord avec l'employé en question, l'Université devrait engager un jeune homologue à titre de remplaçant permanent à plein temps (5 jours par semaine ou selon le cas) qui travaillerait avec lui pendant la période qui lui reste à travailler avant de prendre la pleine retraite. Pendant ce temps, il assurerait la formation du jeune employé, ce qui permettrait la transmission du savoir, des techniques et des méthodes de travail ainsi qu'une transition sans douleur.

2. L'aspect le plus intéressant réside dans la méthode de son financement; en effet, l'employé bénéficiant d'une semi-retraite serait rémunéré de deux façons: premièrement, 50% de son salaire, comprenant les avantages et les obligations de chaque employé (cotisations syndicales, assurance, etc.), serait payé par l'Université puisqu'il continuerait à travailler la moitié de son temps jusqu'à la retraite complète; deuxièmement, 50% serait versé par le fonds de pension des employés (moitié du temps de travail), calculé comme s'il bénéficiait d'une retraite complète, ou selon certaines modalités à négocier avec le syndicat ou l'employé lui-même.

Les économies réalisées sur le salaire du semi-retraité couvriraient la rémunération du nouvel employé; l'Université pourrait même faire des économies d'échelle puisque le nouveau salarié n'arriverait en haut de l'échelle que plusieurs années plus tard, alors que celui qui s'en va est déjà au sommet de l'échelle.

Cette proposition mérite d'être considérée parce que nous croyons qu'elle peut contribuer à régler un problème qui risque, s'il n'est pas traité de façon appropriée, de créer des dommages irréparables au développement à long terme de notre université.

Jihad Farhat Bibliothécaire à la BLSH




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