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Hausse envisagée des frais
pour les étudiants en rédaction

Les étudiants portent la question devant l'Assemblée universitaire.


À l'instar des universités de Sherbrooke, Laval et McGill, l'Université de Montréal s'apprête à hausser les frais pour les étudiants en rédaction de mémoire ou de thèse.
Informés de la rumeur par leurs collègues de l'Université de Sherbrooke, les représentants des étudiants des cycles supérieurs à la FAECUM ont mobilisé près de 250 des leurs afin de venir protester contre cette intention à la séance de l'Assemblée universitaire de lundi dernier. Le recteur Robert Lacroix a accepté la rencontre impromptue avec les protestataires en répondant pendant une demi-heure à leurs questions dans le Hall d'honneur.

Dès l'ouverture de l'assemblée, Patrick Lebel, représentant étudiant et secrétaire général par intérim de la FAECUM, a inscrit le sujet à l'ordre du jour et la question a occupé toute la séance.

Fin du congé
"Sur une période de deux ans, l'Université envisage de ramener les frais exigés pour une année de rédaction au maximum permis par la réglementation", a indiqué le vice-recteur exécutif Michel Trahan. Actuellement, un étudiant de deuxième ou de troisième cycle en rédaction paie 67$ par trimestre, une année complète comptant trois trimestres. Dès le mois de mai prochain, les frais passeraient à 312$ par trimestre et à 556$ en mai de l'an 2000.

"Les coûts de formation des étudiants à la maîtrise et au doctorat sont plus élevés que les revenus perçus par l'Université pour ces étudiants, a déclaré M. Trahan. Ceci est dû à la politique de subvention gouvernementale inadéquate et au fait que les étudiants de ces cycles contribuent de façon proportionnellement moins importante que ceux de premier cycle au financement de leurs études. L'encadrement des étudiants en rédaction compte pour 20% de la charge professorale et ces étudiants sont de bons utilisateurs des bibliothèques et des ressources informatiques. La mesure envisagée n'est pas qu'une simple question d'opportunité; c'est aussi une question d'équité intercycle et une mesure incitative à la diplomation."

Pour le vice-recteur, il ne s'agit toutefois pas d'une hausse des frais d'études mais de la "fin du congé de cotisation pour les étudiants en rédaction".

Les étudiants soutiennent pour leur part que les frais de 918$ qu'ils ont à débourser par trimestre de cours incluent les frais associés aux crédits de rédaction. Ils craignent également que cette hausse entraîne une augmentation du décrochage, qui est de près de 30% aux cycles supérieurs.

Si la mesure était instaurée, l'Université irait ainsi chercher des revenus additionnels de 2 à 2,5 millions de dollars par année. Vingt-cinq pour cent de ces revenus seraient redistribués sous forme de bourses et le reste servirait à améliorer l'encadrement aux cycles supérieurs.

Selon le doyen de la Faculté des études supérieures, Louis Maheu, des frais encore plus élevés exigés par l'Université McGill depuis trois ans n'ont pas eu d'impacts négatifs ni sur le nombre d'étudiants inscrits aux cycles supérieurs, ni sur le taux de diplomation. On y a constaté une diminution de la durée des études.

Appel à la transparence
Certains membres de l'AU, dont Luc Granger, ont exprimé leur étonnement d'avoir appris l'intention de l'Université par le biais des journaux ou des étudiants. En fait, la nouvelle est sortie dans les journaux plus d'une semaine avant que le comité de régie ait pris position et enclenche le processus de consultation.

La plupart des membres qui sont intervenus se sont montrés sympathiques aux étudiants et ont exprimé leur inquiétude face aux conséquences de la mesure envisagée, qualifiée par certains d'"économiciste", de mal planifiée et même d'odieuse.

Gabriel Gagnon et Hélène David ont fait valoir chacun à leur façon que ce geste arrive "comme un cheveu sur la soupe" et que rien n'était prévu en ce sens dans le plan de relance du recteur. Ce dernier a reconnu que le plan de relance ne faisait pas spécifiquement état de hausse de frais de scolarité mais que la recherche de l'équilibre budgétaire l'obligeait à retenir cette avenue.

Pour Michel Bigras-Poulin, le geste est inopportun puisque le gouvernement s'apprête à réinjecter de l'argent dans les universités. "Notre culture ne favorise pas les études aux cycles supérieurs et il faut éviter de faire porter le poids de mauvaises politiques de financement sur le dos des étudiants." Même son de cloche de la part de Régine Pierre, qui craint que la mesure n'ait des effets catastrophiques sur le nombre d'étudiants de deuxième et de troisième cycle en sciences de l'éducation.

Michel Ducharme a rappelé pour sa part la demande de moratoire sur le dégel des frais de scolarité approuvée par l'AU il y a deux ans. "L'objectif de ce geste était de sensibiliser le public aux conséquences du sous-financement des universités et d'amener le gouvernement à réviser sa politique. Ce n'est pas le temps de baisser les bras", a-t-il lancé.

Claude Fabien, doyen de la Faculté de droit, a qualifié ce débat d'irréaliste au moment où l'Université accuse un déficit annuel de 15millions de dollars. "Le seul but de la mesure, a-t-il dit, est le bénéfice des étudiants." Son collègue Robert Goyer, de la Faculté de pharmacie, a exprimé sa perplexité mais sans pouvoir entrevoir d'autre solution.

Queue de poisson
Le débat s'est finalement terminé en queue de poisson lorsque les étudiants ont voulu présenter une proposition demandant à la direction de surseoir à son projet. Il était alors cinq heures, heure convenue de la levée de la séance afin de permettre au recteur de présider la cérémonie d'hommage aux femmes universitaires organisée dans le cadre du 8 mars.

La majorité des membres ont refusé de prolonger la séance alors que le recteur affirmait qu'il lui paraissait impossible de geler la procédure puisque le Comité du budget devait être fixé dans les plus brefs délais.

Dans la suite des choses, le projet de "fin de congé de cotisation" sera discuté cette semaine au Comité consultatif sur les mesures financières relatives aux étudiants, comité présidé par la vice-rectrice Claire McNicoll. La décision définitive devrait être prise dans les jours suivants par le comité exécutif. "Ces comités tiendront compte des opinions exprimées à l'Assemblée universitaire", a conclu le recteur Robert Lacroix.

Daniel Baril



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