Le Département de médecine du travail et d'hygiène du milieu de la Faculté de médecine lançait, le 11 mars dernier, sa nouvelle Chaire en analyse des risques toxicologiques pour la santé humaine.
Selon son titulaire, le Dr Gaétan Carrier, la raison d'être de la Chaire est l'amélioration des connaissances sur les effets que l'environnement peut avoir sur la santé humaine ainsi que la formation de chercheurs et d'analystes. Les chercheurs de la Chaire travailleront donc à la mise au point d'outils permettant de fixer sur des bases solides les normes, les critères sanitaires et les programmes de lutte contre la pollution et de les évaluer.
Les principaux partenaires financiers du Département dans cette chaire sont la Société d'électrolyse et de chimie Alcan, Noranda, la Régie régionale de la santé et des services sociaux de Montréal-Centre (Direction de la santé publique) et l'Institut de recherche en santé et en sécurité du travail, dont les contributions respectives varient de 100 000$ à 500 000$. S'y ajoutent la Direction générale de la santé publique du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec ainsi que le Conseil international sur les métaux et l'environnement. Tous ces organismes participeront aux activités de la Chaire, qui peut déjà compter sur des engagements totalisant 1 015 000$.
Assurer la crédibilité
Mais cette liste n'est pas limitative puisque la porte reste ouverte
à d'autres partenaires éventuels, souligne Claude
Viau, directeur du Département de médecine du travail
et d'hygiène du milieu, qui a lancé l'idée
de cet ambitieux projet il y a environ cinq ans. "Mais à
l'époque, nous étions dans le plus fort des compressions
budgétaires, autant dans les entreprises que dans les universités
et les organismes gouvernementaux." En outre, les éventuels
partenaires industriels de la Chaire ne pouvaient espérer
des retombées financières comme c'est le cas lorsqu'on
met au point un médicament, une pile ou tout autre produit
commercialisable. Au contraire, le Département voulait
que ses chercheurs gardent une totale autonomie sur le plan scientifique.
"On parle ici d'un domaine de santé publique qui touche les risques liés à l'exposition de la population à toutes sortes d'agents physiques et chimiques, précise Claude Viau. Il fallait donc s'assurer d'être crédible à tout moment, et ce, au bénéfice de tout le monde, y compris des entreprises." Pour y parvenir, on a donc imaginé une table de concertation qui servira de lieu d'échanges entre tous les partenaires.
"Il est remarquable, ajoute le directeur de département, que tous les partenaires aient accepté, dans un esprit d'ouverture, de participer au soutien d'une chaire qui vise essentiellement à améliorer l'état de la science de l'analyse des risques toxicologiques par des développements méthodologiques appelés à servir à tous ceux que ces questions préoccupent. Pour ce faire, tous ont accepté l'idée que le travail réalisé dans ce contexte ne touchera pas nécessairement les contaminants avec lesquels ils sont aux prises dans l'immédiat."
Manque de spécialistes
Si Alcan a décidé de participer à cette chaire,
c'est essentiellement parce que la société a besoin
de spécialistes en la matière. "Tout comme
les autres partenaires, nous voulons pouvoir compter sur des chercheurs
de qualité dont la mission est l'amélioration continue
des connaissances", a déclaré à Forum
Richard Lapointe, responsable du service de toxicologie chez Alcan,
à Jonquière.
"Il n'y a pas suffisamment d'universitaires formés à la recherche en analyse du risque. Il y a beaucoup de consultants spécialisés dans l'analyse des risques pour les sols contaminés mais très peu en ce qui concerne la santé humaine, surtout en rapport avec les émissions atmosphériques", a ajouté M. Lapointe, qui siège justement au comité de concertation de la Chaire.
"Cette chaire s'inscrit tout à fait dans les grandes orientations que nous nous sommes données et qui reposent notamment sur l'ouverture aux problèmes majeurs de notre société dans une approche multidisciplinaire", a déclaré le recteur Robert Lacroix en remerciant les partenaires pour leur contribution.
L'équipe en place travaille déjà sur quelques projets qui auront tous une influence sur la santé. Ils concernent notamment les effets des dioxines et des furannes, le mercure dans la chaîne alimentaire, les insecticides utilisés en agriculture et le méthanol employé comme combustible pour le chauffage et comme carburant pour les véhicules automobiles.
F.L.