Guy Rocher reçoit le prix Molson

Le sociologue Guy Rocher, également chercheur au Centre de recherche en droit public, est le lauréat du prix Molson en sciences humaines pour l'année 1997. Le Conseil des arts du Canada décerne tous les ans deux prix Molson d'une valeur de 50000$ à des personnalités canadiennes du monde des arts et des sciences humaines dont il reconnaît ainsi la longue et exceptionnelle contribution à la vie culturelle et intellectuelle du Canada.

Établis en 1964, les prix Molson du Conseil des arts du Canada sont financés par une dotation de la fondation Molson, actuellement évaluée à 2,3 millions de dollars.

"Guy Rocher a été à la fois un savant, un pédagogue, un visionnaire et un bâtisseur", a déclaré le jury présidé par Donna Scott, qui est également présidente du Conseil des arts.

"Comme savant, il a été un pionnier de la sociologie de l'éducation, du droit et de l'éthique médicale sur les plans national et international. Sa production scientifique extraordinaire continue de croître avec les années. Comme pédagogue, il a formé à la sociologie des dizaines de milliers d'étudiants au Canada et dans le monde par un enseignement et des ouvrages d'une lucidité et d'une clarté exemplaires. Comme visionnaire et bâtisseur, il a été un artisan de la modernisation éducative, sociale et culturelle du Québec contemporain."

Guy Rocher, qui est diplômé de l'Université Harvard, a commencé sa carrière d'enseignant à l'Université Laval en 1952. En 1960, il devient professeur titulaire de sociologie à l'Université de Montréal, poste qu'il occupe toujours. Il a été directeur du Département de sociologie (1960-1965), vice-doyen de la Faculté des sciences sociales (1962-1967) et, depuis 1979, il est chercheur au Centre de recherche en droit public de la Faculté de droit.

Entre 1977 et 1983, Guy Rocher fait deux parenthèses dans sa carrière universitaire pour travailler au sein du gouvernement du Québec, d'abord comme secrétaire général associé au Conseil exécutif et sous-ministre du Développement culturel (1977-1979), puis comme secrétaire général associé au Comité exécutif et sous-ministre du Développement social (1981-1983).

Pionnier des sciences sociales au Québec, Guy Rocher a étudié, entre autres, les rapports entre l'Église et l'État, la mobilité intergénérationnelle et l'enseignement. Il se distingue par une démarche scientifique qui transcende les frontières culturelles et par une exigence de recherche qui relie réflexion théorique et analyse empirique. Pour Guy Rocher, la pratique des sciences sociales s'inscrit dans la tradition du projet humaniste d'une science qui, éclairée par la conscience, peut informer l'action.

Au Centre de recherche en droit public, Guy Rocher a démontré qu'il était possible d'implanter une véritable analyse sociologique dans un contexte juridique et de créer un authentique dialogue entre deux disciplines profondément différentes.

Son Introduction à la sociologie, publiée en 1968, a fait le tour du monde grâce à des rééditions périodiques soigneusement mises à jour. Traduit en six langues, cet ouvrage continue à figurer parmi les principaux traités que les sociologues conseillent à leurs étudiants non seulement au Québec, mais également en Europe, en Amérique du Sud et en Afrique.

Au cours de sa carrière, Guy Rocher a participé à plusieurs commissions et comités d'enquête ou d'études québécois et canadiens. Il a été vice-président du Conseil des arts du Canada de 1969 à 1974 et a siégé au conseil de direction de plusieurs revues scientifiques. Il a été fait compagnon de l'Ordre du Canada (1971), élu membre étranger de l'American Academy of Arts and Sciences (1973) et membre de la Société royale du Canada (1974); il a également reçu le prix Léon-Gérin (1995) et s'est vu décerner deux doctorats honorifiques, l'un en droit, par l'Université Laval (1996), et l'autre en sociologie, par l'Université de Moncton (1997).