L'enseignement à distance: beaucoup plus que des cours télévisés

Parmi les nouveautés, un cours qui intègre les avantages d'Internet et un certificat offert entièrement à distance.

Bernard Morin

À l'Université de Montréal, pas moins de 32 cours sont maintenant offerts par enseignement à distance, ce qui représente pour l'établissement quelque 6000 inscriptions annuelles pour un total de 18000 crédits. Depuis cinq ans, ces inscriptions connaissent une croissance de 20% par année.

"Il y a donc un avenir intéressant dans ce type de formation", estime Bernard Morin, coordonnateur de la formation à distance à la Faculté de l'éducation permanente, où est géré l'ensemble des cours proposés par l'Université dans ce secteur.

Mais qu'est-ce que l'enseignement à distance? Le concept est souvent confondu avec l'enseignement télévisé, mais il y a plus que cela. Essentiellement, le concept recouvre toute formule pédagogique permettant d'acquérir des connaissances sans avoir à se déplacer vers une salle de classe et sans la présence physique d'un professeur. Un colloque aura d'ailleurs lieu les 8 et 9 octobre, sous les auspices de l'Association canadienne d'éducation des adultes des universités de langue française, où l'on fera le point sur la problématique de cette formation.

Sur les 32 cours offerts à l'Université de Montréal, 17 seulement sont des cours télévisés. Les autres cours incluent diverses formes de matériel pédagogique que l'étudiant peut consulter à son rythme. Selon les besoins du cours, ce matériel peut être constitué de notes de cours, de cahiers d'exercices, de recueils de textes, de cassettes audio ou de vidéocassettes.

Nouvelle approche
C'est maintenant sous cette forme de cours que se fait principalement le développement de la formation à distance. "Au début, on demandait au professeur de présenter son cours et la caméra enregistrait le tout, reprend Bernard Morin. Le document pédagogique n'était qu'un complément de la présentation télévisée. Le concept s'est modifié: maintenant, nous accordons une plus grande importance à la qualité et au contenu du manuel pédagogique, qui constitue le document de base du cours. Au fil de la rédaction, nous évaluons si d'autres documents audio ou vidéo sont nécessaires pour compléter le manuel."

L'avantage de ce type de cours est qu'il offre beaucoup plus de souplesse à la fois aux étudiants et aux universités, qui ne sont plus dépendants d'un horaire de diffusion rigide. "Théoriquement, on pourrait même arriver à proposer un tel cours n'importe quand durant l'année", souligne le coordonnateur.

Et la qualité y est. "Tous les professeurs ou concepteurs vous diront qu'ils ont acquis beaucoup d'habiletés en s'imposant l'exercice de mettre leur cours par écrit et de le rendre accessible aux étudiants sous cette forme. La plupart affirment même que leur contenu est ainsi plus complet."

L'étudiant a par ailleurs toujours accès à une personne-ressource, parfois le concepteur ou le professeur lui-même, avec qui il peut entrer en contact téléphonique. Et ceux qui seraient portés à croire que ces cours sont plus faciles que les cours traditionnels auront une mauvaise surprise: le niveau d'exigence et le travail à fournir sont les mêmes que ceux d'un cours sur le campus. Les examens, tant pour les cours télévisés que pour les cours avec manuel, n'ont pas lieu à domicile mais dans des centres de formation comme des écoles, des hôpitaux ou autres établissements, sous la supervision d'un responsable.

Internet
Chaque année, la liste de cours ainsi donnés s'allonge. Pour la première fois, un certificat est maintenant offert complètement à distance, soit le certificat de gérontologie.

Mais pour assurer son avenir, la formation à distance doit se maintenir à la fine pointe des technologies de la communication. C'est dans cet esprit que la Faculté de l'éducation permanente tente cette année une expérience en intégrant un babillard électronique dans un nouveau cours en rédaction et communications publiques.

"Il s'agit d'un cours avec manuel pédagogique et cassette audio offrant aux étudiants des possibilités d'échanges entre eux par le biais d'un babillard accessible par Internet, explique Bernard Morin. Ce branchement est facultatif et nécessite un mot de passe. Nous voulons voir combien d'étudiants vont recourir à un tel outil et en évaluer les forces et les faiblesses."

Pour le coordonnateur, il faut avancer avec prudence dans le domaine du multimédia. "Internet offre des possibilités incroyables mais dans la mesure où la clientèle étudiante a accès à cet outil. Il faut y aller de façon systématique et savoir choisir les médias qui touchent les étudiants." Des propos qui rejoignent en partie ceux que tenait le recteur Robert Lacroix dans un récent colloque sur le multimédia (voir l'article ci-dessus).

Bernard Morin voit l'avenir de la formation à distance - et de la formation universitaire tout court - dans la mixité des formes d'enseignement. "La formation à distance pourrait se jumeler à une présence sur le campus pour des cours nécessitant des laboratoires par exemple. Des universités pourraient aussi rendre accessibles leurs équipements en partenariat avec d'autres universités."

Le coordonnateur rêve du jour où "on ne parlera que de formation universitaire recourant à tous les médias pouvant être exploités pour l'apprentissage, sans éliminer la relation professeur-étudiant."

Daniel Baril