Une odeur de crème à barbe envahissait la place, se mêlant aux effluves de houblon. Des jets d'eau fusaient de toutes parts, au-dessus d'une foule de jeunes gens bizarrement vêtus, tenant un épi de maïs dans une main, un gobelet dans l'autre, alors que la musique faisait trembler les murs du savoir.
Nul doute, c'était la rentrée des étudiants. Comme dans chaque université digne de ce nom, la rentrée se déroule sous le signe de l'initiation, marquée à l'Université de Montréal par le défilé des bizuts suivi de la traditionnelle épluchette de blé d'Inde.
Cette année, les associations étudiantes ont mis l'accent sur le costume: vahinés, papillons, gladiateurs, combattants de la guerre des étoiles, tous affichant par ailleurs les couleurs de la brasserie Molson, omniprésente sur les lieux.
"Il s'agit d'un partenaire important qui fournit gratuitement quelque 200 tee-shirts à chaque association et qui nous permet d'offrir des produits à prix réduit", souligne Karine Gélinas, secrétaire générale de la FAECUM. Et il n'y a pas que les brasseries; il y a aussi les producteurs laitiers, Natrel, Pepsi...
"De plus, nous avons éliminé, cette année, les beer busters, ou le 'calage de bière'. Les associations se sont montrées réceptives et les brasseries en sont très satisfaites."
Quelques associations ont par ailleurs tenu à exprimer leur dissidence à l'égard du commentaire. Les étudiants en sciences économiques portaient les couleurs de la brasserie Labatt alors que ceux de sociologie affichaient l'ours polaire de la microbrasserie Boréal. Et nul n'y a échappé: les étudiants en histoire, qui dénonçaient l'année dernière l'envahissement de la pub sur le campus, avaient choisi la brasserie Sleeman.
Pour compléter la liste des commanditaires, mentionnons finalement que le tout se passait... place La Laurentienne. Et quand la pluie est venue arroser la place en fin d'après-midi, la fête n'était déjà plus très dry.
Daniel Baril